Pékin dans la course à la technologie
Cet entretien analyse les progrès de la Chine dans les sciences et technologies et les objectifs de ses politiques technologiques, notamment dans des secteurs comme l'intelligence artificielle (IA) ou les semi-conducteurs. Pékin dispose d'importants atouts pour mener à bien son aspiration au leadership et à l'autonomie technologiques, mais fait aussi face à un nombre croissant d'obstacles, liés en particulier aux restrictions américaines.
Un think tank australien, l'Australian strategic policy institute (ASPI), a publié récemment une étude comparative sur la maîtrise des technologies critiques par les grandes puissances et le constat est sans appel : la Chine arrive en tête dans une grande majorité des secteurs technologiques considérés comme stratégiques (1). Ce think tank ajoute que « la Chine a jeté les bases qui lui permettent de se positionner comme la première superpuissance scientifique et technologique mondiale ». Comment expliquer cela ?
Ce rapport de l'ASPI, qui se concentre sur la recherche dans les technologies critiques, démontre en effet que la Chine arrive en tête dans 37 sur 44 secteurs technologiques (voir tableau). Si aucune méthodologie de mesure n'est parfaite, ce rapport rejoint néanmoins les conclusions d'autres études qui soulignent les immenses progrès réalisés par la Chine en matière de recherche, science et technologie. Ces progrès s'expliquent par un important investissement politique et financier de Pékin dans ces domaines qui constituent une priorité du Parti communiste chinois (PCC) depuis plusieurs décennies.
En effet, dès l'arrivée de Deng Xiaoping au pouvoir en 1978, les sciences et technologies faisaient déjà partie des « quatre modernisations » prônées par les autorités. Puis, dans les décennies suivantes, le plan 863, établi en mars 1986, puis le plan 973, établi en mars 1997, ont alloué d'importants financements à la recherche et au développement (R&D) du secteur des technologies civiles, militaires et duales. [...]
Selon certains observateurs, si la Chine, adepte de l'autarcie technologique, souhaite devenir pleinement une économie d’innovation, il lui faudra nécessairement s’ouvrir davantage au monde. Qu'en pensez-vous ?
Cette idée fait écho à la conception dominante des années 2000 sur le fait que l'intégration de la Chine dans le système international devait nécessairement se traduire par une inévitable ouverture au monde et une libéralisation politique. Or, cette conception a nettement été remise en question depuis plusieurs années. La Chine n’est cependant pas du tout en « autarcie technologique » aujourd’hui. [...]
Si les États-Unis investissent massivement dans l'intelligence artificielle (IA) depuis longtemps, la Chine a, pour sa part, publié en 2017 un « plan de développement national de l’IA », à travers lequel elle a affiché son ambition de devenir le leader mondial en la matière à l’horizon 2025-2030. Est-ce réaliste ? Quels sont les enjeux ?
Cette stratégie a établi toutes sortes d'objectifs pour divers aspects, qu'ils soient économiques, gouvernementaux ou militaires, en termes d'exploitation du potentiel offert par l'IA. Ce plan a fixé une série de jalons pour égaler la pointe de l'industrie mondiale dans l'IA puis, à échéance 2030, en devenir le leader.
Cinq ans se sont écoulés depuis la mise en place de cette stratégie et la Chine a essentiellement atteint son premier objectif, à savoir égaler ce qui se fait de mieux dans cette industrie. En revanche, il n'est pas simple, ni vraiment pertinent, de déterminer qui « gagne » ou « perd » cette « course à l'IA » comme si c’était un jeu à somme nulle. D'autant que dans ce domaine, l'essentiel de la recherche est encore (pour l'instant ?) très internationale.
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Lire l'entretien dans son intégralité dans la revue Les grands dossiers de Diplomatie, n°73.
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