Un « moment DeepSeek » ?

DeepSeek, érigé comme un champion de l’IA chinoise, présente une amélioration significative sans pour autant révolutionner le domaine. Cependant, des doutes subsistent quant à la véracité des chiffres avancés par la start-up, appelant à nuancer l’engouement médiatique autour d’un éventuel rattrapage technologique chinois. Cette dynamique souligne néanmoins la nécessité de repenser un modèle économique axé uniquement sur la puissance de calcul. Dans ce contexte, l’Europe pourrait se démarquer en misant sur l’innovation ouverte.

La sortie du modèle d’Intelligence artificielle (IA) générative DeepSeek-R le 20 janvier dernier a créé un vent de panique plus ou moins sincère à travers la Silicon Valley. Affichant des performances supérieures à ChatGPT4 d’OpenAI, la petite start-up chinoise d’alors 143 employés venait confirmer ses capacités, entre-aperçues un mois auparavant avec la publication de DeepSeek v3 fin 2024. Créée et dirigée depuis 2023 par Liang Wenfeng, à la tête du fonds spéculatif High-Flyer dont DeepSeek est une filiale, l’entreprise a ainsi pu bénéficier de solides financements de départ, lui ayant permis de concentrer ses efforts initiaux dans la recherche plutôt que dans la quête de rentabilité. Ses liens avec les autorités chinoises demeurent mal connus et son émergence pourrait avoir été une bonne surprise pour Pékin, qui l’a érigée en champion national dans sa compétition technologique avec Washington.
Mais plutôt qu’un « moment Spoutnik », c’est bien un « moment DeepSeek » auquel font face les leaders américains d’un secteur en pleine recomposition, à l’heure où les modèles dits « de raisonnement » constituent une évolution substantielle des grands modèles de langage (LLM). DeepSeek-R1, inspiré de ses concurrents, serait également symptomatique de la popularisation des techniques de distillation, processus permettant d’extraire les capacités et les « connaissances » d’un autre modèle d’IA en s’entraînant à partir de ses réponses – et donc d’en proposer une déclinaison crédible. Librement accessible, le modèle traduit le positionnement stratégique de la Chine dans l’IA ouverte (open source) et questionne la place de l’Europe dans un jeu qui apparaît plus ouvert que figé.
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