Concilier sécurité et ouverture dans les technologies critiques. Enjeux pour la recherche française et européenne

Si la sécurité de la recherche et l’enjeu des partenariats internationaux dans les domaines critiques sont loin d’être des questions nouvelles, celles-ci apparaissent depuis le tournant de la décennie 2020 comme de plus en plus centrales aux yeux des gouvernements, des institutions de recherche et de l’industrie.

Les technologies critiques recoupent des enjeux sécuritaires et de compétitivité économique, et concernent par définition des champs scientifiques et technologiques en perpétuelle évolution. Elles soulèvent, tant pour les États que pour l’industrie, des interrogations concernant leur capacité à anticiper et à gérer les éventuelles répercussions découlant de l’exploitation des résultats de recherche. Ainsi, la recherche dans les technologies critiques se trouve au cœur d’un dilemme, entre un champ de la recherche intrinsèquement ouvert, caractérisé par l’internationalisation et la coopération, et un agenda de sécurité nationale et de quête de compétitivité, qui nécessite de placer des limites à l’ouverture.
La sécurité de la recherche et les choix de partenariats internationaux ont été mis à l’agenda à l’Union européenne (UE), en France, et dans les autres États-membres, comme aux États-Unis, suite à l’identification de risques économiques et géopolitiques accrus. Ces risques concernent notamment les liens de recherche avec la Chine et la Russie. Par conséquent, on constate depuis trois ans environ un renforcement des dispositifs de sécurisation de la recherche, pour lutter contre les ingérences étrangères et les transferts non désirés de connaissance, dans les domaines jugés critiques.
La diplomatie scientifique et technologique est également repensée, tant au niveau de l’UE que de ses États-membres. Les coopérations internationales dans la recherche sont de plus en plus vues comme participant au renforcement de liens politiques dans une logique d’influence et de partenariats stratégiques avec des pays affinitaires. Les technologies critiques et émergentes, au premier rang desquelles l’intelligence artificielle (IA) et le quantique, sont au cœur de ces nouveaux partenariats.
Enfin, les écosystèmes de recherche dans les technologies critiques eux-mêmes évoluent, l’étude a rappelé que les entreprises jouent un rôle de plus en plus central dans la recherche dans l’IA et les technologies quantiques. Cet état de fait limite la portée de l’action de l’État en matière de sécurité de la recherche, comme dans les choix de partenariats internationaux dans la recherche dans les domaines critiques.
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