Promesses artificielles ou régulation réelle ? Inventer la gouvernance mondiale de l’IA

Face aux risques qui découlent de l'utilisation non régulée de l'intelligence artificielle, technologie clé et vecteur de transformation profonde de la société, l’urgence d’un encadrement harmonisé à l’échelle internationale s’impose plus que jamais. Le « Sommet pour l'Action sur l'Intelligence Artificielle » qui se tiendra à la mi-février pourrait être l'occasion de construire une gouvernance mondiale de l'IA au service du bien commun.

Fruit des ambitions politiques et économiques d’une pluralité d’acteurs aux intérêts souvent divergents, l’encadrement international de l’Intelligence artificielle (IA) reflète avec acuité les tensions géopolitiques contemporaines. Les risques inhérents au développement et à l’adoption massive de l’IA, technologie clé et vecteur de transformations profondes au sein des sociétés, pour la santé, l’éducation, l’emploi ou l’environnement, soulignent l’urgence d’harmoniser les efforts de gouvernance à l’échelle internationale.
La gouvernance mondiale de l’IA repose sur la capacité des acteurs étatiques et non étatiques à établir des normes communes sur les risques technologiques, les limites à établir, ainsi que les principes à garantir. Ces efforts visent à promouvoir un développement sécurisé de l’IA, universel, adapté aux diversités culturelles, exempt de biais, et respectueux des valeurs démocratiques ainsi que des droits et libertés fondamentaux.
Cependant, des défis politiques, économiques et juridiques résiduels exacerbés par les limites des cadres réglementaires existants – face à une balkanisation croissante des approches de gouvernance et à la fragmentation de la communauté internationale – complexifient considérablement la mise en œuvre d’une telle initiative.
Par ailleurs, compte tenu de la nature intrinsèquement évolutive de l’IA, il est indispensable que soit élaboré un cadre de gouvernance adaptable et flexible, « future-proof », à même d’anticiper les avancées techniques et de s’y ajuster.
La tenue du Sommet pour l’action sur l’Intelligence Artificielle à Paris, début février, est une opportunité sans précédent de s’accorder sur une vision partagée de la gouvernance de l’IA, durable et inclusive. Pour les décideurs, c’est l’opportunité de mieux saisir l’évolution des pratiques, des insuffisances réglementaires, des intérêts qui influencent les accords en construction, et des compromis nécessaires pour encadrer l’IA à l’échelle mondiale dans les années à venir.
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