Le Conseil de Coopération du Golfe au Maghreb : échange et stratégies d'investissement
Cette étude se focalise premièrement sur la présence économique des pays du Golfe au Maghreb arabe. Une analyse des principaux investissements et projets établis ou projetés dans les pays de la région est effectuée.
La deuxième partie présente la stratégie et la présence économique des pays du Golfe au Maroc. Ce cas peut être considéré comme un baromètre qui permet de conforter ou de nuancer les traits stratégiques des pays du CCG (Conseil de coopération du Golfe) au Maghreb, préalablement identifiés dans la première partie de ce document.
Le Conseil de Coopération des pays du Golfe (CCG) est une organisation régionale, créée en 1981 et regroupant six pays arabes de la région : l'Arabie Saoudite, le Koweït, Bahreïn, Oman, Qatar et les Emirats Arabes Unis (EAU). Les pays du CCG ont connu depuis quelques années un important essor économique, grâce à la hausse continue de leurs revenus pétroliers depuis 2002, rompant ainsi avec l'essoufflement des années 1990. L'année 2002 a été l'année de départ d'une spirale haussière des prix du pétrole ayant eu pour conséquence la hausse des revenus et l'augmentation des actifs étrangers. Cette tendance connaît sa fin en 2008 avec l'éclatement de la bulle spéculative liée aux ressources naturelles et la crise financière déclenchée par les subprimes et plongeant l'économie mondiale dans une profonde récession. Celle-ci affecte la sphère réelle, influe sur le niveau des revenus pétroliers et remet en question les stratégies de recyclage et les comportements des véhicules de gestion des pays du Golfe.
Avec le déclenchement de la crise financière, on a pu penser que les placements en « pétrodollars » pouvaient désormais permettre d’accéder à des actifs culturellement considérés comme l’apanage de la souveraineté de très grandes nations. Dubaï Ports World illustre cela aux États-Unis après la présentation de son offre de rachat sur le Britannique P&O, qui contrôle plusieurs ports majeurs américains. Sony, Standard Chartered Bank, General Motors et McLaren ont été aussi parmi les cibles des investisseurs « pétrodollars » ainsi que Citigroup et Merrill Lynch, pour lesquels ces derniers ont satisfait des besoins rapides de recapitalisation en 2007.
Les stratégies représentées au CCG diffèrent énormément en fonction des pays et des acteurs. Si bien que certains d’entre eux ont essuyé d’importantes pertes à la suite de l’effondrement boursier du deuxième semestre de 2008. Certains autres ont mieux tiré leur épingle du jeu. Les fonds souverains et les investisseurs privés adoptent souvent des stratégies différentes, avec des diversifications très variables. Les uns préfèrent détenir des portefeuilles d’actifs divers comprenant des obligations et des actions tandis que d‘autres lorgnent plus vers les acquisitions et la gestion dynamique de portefeuilles composés essentiellement d’actions.
Les pays du Maghreb, et plus particulièrement le Maroc et la Tunisie, présentent des constantes de nature à favoriser l’attraction des pétrodollars : d’abord une ouverture économique et une volonté affichée d’approfondir les réformes et d’attirer les capitaux étrangers, ensuite une proximité politique avec les monarchies du Golfe, enfin des économies en pleine croissance qui offrent des opportunités d’investissement rentables.
Les flux d’investissement originaires des pays du Golfe s’établissant au Maghreb émanent d’investisseurs traditionnels qui se placent dans une perspective stratégique et de longs termes, soucieux d’être en synergie avec les politiques de développement des pays hôtes, mais aussi, de plus en plus, de nouveaux investisseurs originaires des pays jeunes de la région, tels que les EAU, le Qatar et Bahreïn. Sauf un nombre limité d’opérations, les fonds souverains ne paraissent pas jouer un rôle direct important au Maghreb. Par contre, on les retrouve investisseurs indirects, à différents niveaux des investissements, via des structures intermédiaires où ils peuvent n’avoir qu’une position minoritaire.
L’attractivité des pays du Maghreb vis-à-vis des capitaux du Golfe peut perdurer et dépendra de la capacité de chacun des pays récipiendaires à assurer la croissance, l’ouverture et la modernisation, la stabilité politique et la paix sociale. Les flux de pétrodollars sont par nature volatils. Des progrès permanents sont nécessaires pour continuer à séduire des investisseurs toujours plus sophistiqués, ne manquant pas d’alternatives même si certains d’entre eux souffrent de la crise financière et économique actuelle.
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