République démocratique du Congo : à l'Est rien de nouveau
Alors que l’état de siège a été proclamé il y a un an dans deux provinces congolaises et que les autorités kenyanes ont organisé à Nairobi une rencontre entre le gouvernement congolais et les groupes armés, la pacification de l’Est congolais reste en suspens. La présente étude revient sur la politique du gouvernement Tshisekedi et la prise en charge de cette question depuis 2019.
Le bilan de cette politique est jusqu’à présent négatif, la donne sécuritaire n’ayant pas changé : l’insécurité s’est pérennisée et banalisée dans les mêmes territoires qui sont des abcès de fixation de la violence depuis 20 ans. Les Congolais et les organisations de défense des droits de l’homme dénoncent l’état de siège.
Malheureusement, les réponses des autorités au « problème de l’Est » sont identiques à celles apportées durant les mandats de Joseph Kabila. Le gouvernement de Tshisekedi n’a fait que recycler des solutions inefficaces (campagnes militaires, coopération sécuritaire régionale, programme de démobilisation, désarmement et réinsertion) et la politique de pacification tourne en rond. Cet échec s’explique par l’approche sécuritaire d’un problème de gouvernance. La conflictualité dans l’Est congolais repose sur une économie de guérilla qui s’est enracinée avec succès, comme le montre la stabilité des réseaux de prédation et des routes de trafics. Cette économie de guérilla est le prolongement de l’économie de guerre qui prévalait pendant l’occupation des armées rwandaise et ougandaise. Elle a été facilitée par l’impunité qui a régné, et règne toujours, depuis 2006 et par une forte coalition d’intérêts locaux, nationaux, régionaux et internationaux.
Par ailleurs, les partenaires internationaux ont aussi développé une mauvaise approche en proposant des solutions techniques au problème politique de la gouvernance. Le meilleur exemple de cette approche est la tentative de policer le commerce des minerais dans les Grands Lacs qui n’a pas réduit la conflictualité dans l’Est congolais. De ce fait, la pacification de l’Est congolais est dans l’impasse et pourtant aucun acteur ne paraît prêt ni à changer d’approche ni à faire son mea culpa.
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