Russie - Eurasie
L’Eurasie connaît de profondes mutations. Si le passé soviétique a laissé une empreinte durable, la Russie et les pays d’Europe orientale, d’Asie centrale et du Caucase du Sud ont leur propre trajectoire.
Sujets liés
La France devait-elle recevoir Poutine comme si de rien n'était?
François Hollande a hésité avant de trancher. "Je me pose encore la question" de savoir s'il faut recevoir M. Poutine. "Est-ce que c'est utile?", s'interrogeait le président français lundi soir, sur la chaîne de télévision TMC.
Le patron du Kremlin devait en effet inaugurer, le 19 octobre, dans le cadre d'un visite privée, un "centre spirituel et culturel orthodoxe russe" abritant une église, une école et les services culturels de l'ambassade, ainsi qu'une exposition organisée par la Fondation Vuitton sur la collection du mécène russe Sergueï Chtouchkine.
Le report de cette visite résulte du télescopage de deux agendas incompatibles. "D'un côté, explique Tatiana Kastouéva-Jean, responsable du Centre Russie à l'IFRI. La construction, décidée en 2007, dans un contexte complètement différent, d'une cathédrale orthodoxe à Paris qui devait être un couronnement du soft power [diplomatie d'influence, ndlr] russe, du rayonnement du 'monde russe' au-delà des frontières. De l'autre, la crise diplomatique actuelle marquée par un pic du hard power russe, avec les bombardements d'Alep."
Vladimir Poutine est-il plus fort que jamais?
A quelques jours d'élections législatives présentées comme jouées d'avance, comment le président russe est-il redevenu incontournable, en Russie et dans le monde ?
Que va changer l’installation d’une base russe en Iran ?
La Russie a bombardé pour le deuxième jour consécutif mercredi 17 août des positions djihadistes en Syrie en faisant décoller ses avions de l’aérodrome d'Hamedan, en Iran.
D’après Julien Nocetti, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri), la coopération militaire grandissante entre la Russie et l’Iran est une « mesure de confiance » entre les deux pays.
L'expansion de l'influence russe en Asie. Interview de Dmitri Trenin, directeur de Carnegie Moscow Center
Quelles sont les conséquences stratégiques de l'expansion de l'influence russe en Asie ?
Dmitri Trenin, directeur de Carnegie Moscow Center, analyse les motivations et les conséquences sur le long terme de cette orientation stratégique adoptée par la Russie. Interview réalisée à l'Ifri le 15 avril 2016.
« Il faut retrouver de la stabilité dans les relations avec la Russie »
"Il faut s’efforcer de retrouver une forme de stabilité des relations avec la Russie, tout en restant lucide sur le régime russe, ses intentions et ses capacités de nuisance. La Russie est isolée en Europe à la suite de l’annexion de la Crimée, de la déstabilisation de l’est de l’Ukraine et de son agressivité à l’égard d’un certain nombre de pays membres de l’Otan. En parallèle, l’intervention russe en Syrie a rebattu les cartes diplomatiques avec un corolaire : la marginalisation de la France dans le conflit syrien. Paris cherche donc à reprendre le fil du dialogue pour tenter de progresser sur plusieurs dossiers sensibles..."
"La Russie veut incarner la désoccidentalisation du monde"
Pour Thomas Gomart, directeur de l'Ifri, la Russie se referme sur elle-même, le nationalisme servant à renforcer la cohésion d'un pays dont le modèle économique est en crise depuis 2009.
« La Russie est en train de se livrer à une démonstration de force globale »
Thomas Gomart (Directeur de l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI).) Historien et spécialiste de la Russie, Thomas Gomart vient de publier un rapport pour l’Institut de l’Entreprise sur « Le retour du risque géopolitique : le triangle stratégique Russie, Chine, Etats-Unis ».
Que cherche à démontrer la Russie en Syrie ?
La Russie cherche à transformer le plus rapidement possible son intervention militaire en bénéfice diplomatique. Elle est intervenue depuis le mois de septembre, créant un effet de surprise, et modifie le rapport de force sur le terrain en remettant en selle le régime alaouite. Elle a réussi à relancer un processus diplomatique à Vienne à l’automne pour le Moyen-Orient et voudra reproduire cela dans les relations euro-atlantiques. Du point de vue russe, Syrie et Ukraine sont correllés de manière très étroite. Dans les deux cas, il s’agit d’un recours à la guerre limitée pour façonner l’ordre international. La diplomatie russe veut montrer que les Occidentaux se sont trompés.
Tous les moyens sont bons ?
A Paris, après les attentats du 13 novembre, on a pensé pouvoir s’entendre avec les Russes. Le problème est que la Russie est en train de se livrer à une démonstration de force globale qui s’observe en Syrie, en Ukraine, mais aussi dans le déploiement de forces navales et aériennes pour tester la solidité de l’Otan. La Russie veut exploiter le vide produit par le retrait américain d’Europe et du Moyen-Orient. Elle accentue le désarroi européen en soutenant des partis anti-establishment, comme le Front National en France, ou en renforçant les flux migratoires avec ses interventions. Un phénomène dont elle se sent elle-même victime, car elle a accueilli un million de personnes après les événements en Ukraine. Les Russes sont contre le multiculturalisme. Il pensent plus en termes de coexistence de civilisations qu’en termes de métissage.
La montée des tensions entre Ankara et Moscou devient très dangereuse ?
La situation est explosive entre la Russie et la Turquie et par voie de conséquence entre la Russie et l’Otan. La cohésion de l’Otan peut être en effet plus facilement testée avec la Turquie qu’avec les pays Baltes. Les leaderships d’Erdogan et de Poutine sont comparables et les deux régimes ont aussi leurs similitudes en termes d’organisation civilo-militaire. La Russie pointe les contradictions fondamentales de la Turquie, c’est à dire l’ambivalence du soutien d’Erdogan aux Frères musulmans comme le fait qu’il combat les Kurdes avant de combattre l’Etat Islamique. Les Russes sentent l’embarras très fort des capitales européennes et américaine vis-à-vis d'Erdogan.
Risque-t-on un conflit beaucoup plus étendu ?
L’histoire montre que les logiques d’alliances peuvent être un facteur déclenchant. C’est une situation très dangereuse. Nous sommes dans une fin de mandat américain, avec des leaders européens très en retrait, dont Angela Merkel affaiblie par la question des réfugiés. La crise en Syrie a permis à Moscou de se remettre dans un dialogue direct avec Washington, ce qui est l’obsession de Vladimir Poutine. La question est de faire redescendre la tension.
Dimitri Medvedev a reparlé de guerre froide. Est-ce approprié ?
La Russie renoue avec un travail d’influence et de propagande très systématique, qui est couplé à sa démonstration de force. Elle veut forger sa propre narration sur les affaires internationales. Ce n’est pas une nouvelle guerre froide dans le sens où il y a une volonté russe de s’intégrer dans l’économie mondiale et que la capacité d’entraînement de la Russie sur un bloc reste faible. Mais il y a des éléments de confrontation idéologique avec, par exemple, le rapprochement avec la Chine sur le concept de capitalisme d’Etat. Il y a une volonté d’accélérer la « désoccidentalisation » du monde. L’utilisation de cette formule par Medvedev traduit le durcissement idéologique de Moscou. Poutine fait le choix de la guerre limitée, quand son économie est en pleine récession. C’est un choix très russe de donner plus d’importance à sa dépense militaire que ne l’autorise son potentiel économique. L’empreinte de la Russie n’a cessé de se rétrécir sur la scène internationale depuis 40 ans, et c’est sans doute pourquoi elle est si démonstrative.
Virginie Robert
"Cessation des hostilités" en Syrie : espoir ou leurre?
La "cessation des hostilités" en Syrie sur laquelle sont tombés d'accord les Etats-Unis et la Russie cette nuit est-elle crédible ? Thomas Gomart, directeur de l'Ifri, estime qu'avec l'accord entre les États-Unis et la Russie concernant la Syrie, "la Russie parvient indiscutablement à ses buts et arrive à obtenir quelque chose en termes diplomatiques"... "Le conflit est polymorphe. Ce que permet la Syrie à la Russie, c'est de rétablir une relation presque spéciale avec Washington, alors même qu'elle a été isolée après l'annexion de la Crimée" poursuit Thomas Gomart. "On est à un moment très particulier où la Russie fait preuve d'une démonstration de force, non seulement en Syrie mais au delà"...
La francophonie, une mine d’or ?
Face au « marché en devenir » qu’est la francophonie, les chaînes d’informations étrangères commencent à placer leurs pions. La Russie, l'Israël, et la Chine se sont déjà lancés dans la course à l’information. Julien Nocetti décrypte la stratégie de la chaîne russe Russia Today.
Le retour du risque géopolitique. Le triangle stratégique Russie, Chine, États-Unis. Interview de Thomas Gomart
La dégradation rapide de l’environnement international est un constat aujourd’hui largement partagé par les décideurs publics et privés. Certains experts l’analysent comme un « retour » des enjeux géopolitiques, lesquels reprendraient le dessus sur les problématiques purement économiques. D’autres soulignent au contraire que ces rivalités stratégiques n’ont jamais disparu, mais avaient été occultées par une représentation de la mondialisation comme dynamique irréversible effaçant les logiques de puissance. Quelle que soit l’interprétation privilégiée, une question se pose à tous les dirigeants d’entreprises : comment faire face à cette montée des incertitudes géopolitiques ?
Note de l'Institut de l'entreprise en partenariat avec l'Ifri.
Que cherche Vladimir Poutine avec un "statut étatique" pour l'est de l'Ukraine?
Il ne s’agit pas d’une évolution doctrinale de Moscou, mais plutôt de la volonté de traduire en gain politique l’évolution militaire sur le terrain en Ukraine, où les insurgés ont résisté à la tentative de reprise en main de Kiev et marquent des points. Depuis la chute de Ianoukovitch, la Russie souhaite en effet que les autorités ukrainiennes aillent vers une fédéralisation du pays afin que la partie orientale gagne en autonomie, voire se sépare.
Fallait-il vendre le Mistral à la Russie ?
Il fait 200 mètres de long pour 32 mètres de large. Les faits remontent à 2011, Paris et Moscou signent un contrat à plus d’un milliard d’euros.
Trois ans, l’annexion de la Crimée et le crash d’avion de la Malaysia Airlines plus tard, embarras dans les milieux politiques et militaires français: et si le bâtiment devenait le Cheval de Troie de l’armée russe ? Et si nous étions en train de lui fournir de quoi attaquer un pays voisin ? Trop tard pour le premier Mistral, le Vladivostok, sur le point d’être livré ; le Sébastopol en revanche attend toujours de connaître son sort dans les chantiers navals de St Nazaire.
Mais les états d’âme ne sont pas prévus dans le contrat, et la Russie n’entend pas se laisser faire « Soit vous respectez votre engagement, soit vous rendez l’argent » disent en substance les autorités russes, Quant à la France, elle est quelque peu gênée aux entournures, pressée par ses voisins d’annuler la transaction.
A-t-on fait une grosse erreur en 2011, peut-on revenir en arrière, et le doit-on ? Fallait-il vendre le Mistral à la Russie ?
Pourquoi les sanctions américaines contre la Russie sont-elles plus dures que celles de l'Europe?
Lorsqu'il s'agit de la Russie, les intérêts américains et européens ne sont pas alignés. La Russie reste le principal fournisseur de l'Union européenne pour son pétrole, son gaz et son charbon. Par conséquent, le niveau d'interdépendance entre la Russie et l'UE est très supérieur à l'interaction existant entre les États-Unis et la Russie.
Le crash du Boeing de la Malaysia Airlines dans l'Est de l'Ukraine
Suite au crash du Boeing de la Malaysia Airlines dans l’Est de l’Ukraine, Kiev et Moscou s’accusent mutuellement. Les circonstances et les conséquences diplomatiques de ce drame sont discutées ici.
Analyse de la crise Ukrainienne
Quelles sont les causes de la situation en Ukraine aujourd’hui ? Quels événements ont conduit à la crise que l’on connait aujourd’hui ?
- Afin de comprendre la situation actuelle, il faut remonter en 1991. C’est à cette date que le pays proclame son indépendance. Depuis lors, l’Ukraine a été gouvernée par son oligarchie, tout en entretenant des relations ambivalentes avec la Russie. En 2004, à la suite de la « révolution orange », le couple Viktor Ioutchenko – Ioulia Tymochenko accède au pouvoir contre Viktor Ianoukovytch. Ce dernier sera élu plus tard en 2010. Le pays a connu une évolution chaotique au cours de laquelle le pouvoir central a toujours peiné à imposer son autorité par rapport aux grandes régions.
"L'Ukraine fait une ouverture envers les séparatistes"
En 14 points, le président ukrainien Petro Porochenko prévoit en premier lieu « des garanties pour la sécurité des participants aux discussions », l’amnistie pour les insurgés, la libération des otages, la création d’une zone tampon de 10 km à la frontière entre l’Ukraine et la Russie, « le désarmement » des milices, la fin de « l’occupation illégale » des bâtiments de l’administration régionale de Donetsk et Lougansk contrôlés par les rebelles, l’organisation rapide d’élections législatives locales et un programme pour la création d’emplois dans la région.
D-Day: Pourquoi on ne doit pas oublier le passé ?
Retour sur le Débarquement de Normandie qui s'est déroulé le 6 juin 1944 et qui marque le début de la reconquête de l'Europe tombée sous le contrôle de l'Allemagne nazie, avec Tatiana Kastouéva-Jean, chercheur à l'IFRI, spécialiste de la Russie, François Durpaire, spécialiste des Etats-Unis, Philippe Gloaguen, fondateur de la collection Guide du Routard, et Jean Yves Le Naour, historien.
Les démocraties après Snowden : l'exigence de la transparence
Il y a près d’un an, Edward Snowden provoquait un séisme politique planétaire : des millions d’écoutes téléphoniques à l’origine desquelles on trouve la NSA, l’agence de sécurité nationale.
Ce « Snowdengate » s’ajoute aux fameuses affaires Wikileaks, du nom de ce site créé par Julian Assange. De nombreuses informations sensibles avait été révélées tout au long de l’année 2010 : la vidéo de l'armée américaine montrant deux photographes de Reuters, tués lors du raid aérien à Bagdad, les informations sur les détenus du camp de Guantánamo révélant le contenu d'interrogatoires, des photos, des rapports médicaux, l’âge du plus jeune détenu (14 ans), etc.
Ukraine-Russie : Vers une vraie guerre ?
1989 : le mur de Berlin s'effondre. 1991 : le bloc soviétique se désagrège. L'Occident sourit devant le spectacle d'un tel triomphe : l'URSS a perdu la bataille ; sa force militaire, son économie, ses valeurs sont réduites à néant. En face, l'Amérique jubile et consolide son rôle de superpuissance. Un nouvel ordre mondial se dessine dans les esprits : on ne pense plus en mode bipolaire mais multipolaire ; on sonne l'heure de la mondialisation heureuse ; une ère démocratique s'ouvre. Fort de ces belles perspectives, la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) signe la charte de Paris le 21 novembre 1990. De quoi s'agit-il ? D'améliorer les liens Est-Ouest en attirant les ex-pays communistes. Les accords d'Helsinki (1975) avaient déjà amorcé un dialogue multilatéral ; la charte veut le renforcer en déployant des coopérations économique, militaire et humaine. La CSCE devient alors l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Le 5 décembre 1994, les États-Unis, la Russie, l'Ukraine et le Royaume-Uni paraphent le mémorandum de Budapest : dans le cadre du traité sur la nonprolifération des armes nucléaires, l'Ukraine accepte de confier son arsenal à la Russie, qui le démantèlera ; en échange, Bill Clinton, Boris Eltsine et John Major s'engagent, devant le président ukrainien Leonid Koutchma, à respecter l'indépendance, la souveraineté et les frontières existantes de l'Ukraine (article 1).
Евровыборы: "Евроскептики" атакуют… и забывают о достоинствах Европы
Как и прогнозировалось, на выборах в Европарламент большого успеха добились евроскептики, однако правоцентристским силам удалось сохранить ведущую роль в политике ЕС. Европейская народная партия получает 212 из 751 мест, потеряв тем самым 60 депутатских мандатов. Это означает, что “правительство ЕС” Еврокомиссию, вероятнее всего, возглавит бывший бессменный глава Еврогруппы и премьер-министр Люксембурга Жан-Клод Юнкер.
Soutenez une recherche française indépendante
L'Ifri, fondation reconnue d'utilité publique, s'appuie en grande partie sur des donateurs privés – entreprises et particuliers – pour garantir sa pérennité et son indépendance intellectuelle. Par leur financement, les donateurs contribuent à maintenir la position de l’Institut parmi les principaux think tanks mondiaux. En bénéficiant d’un réseau et d’un savoir-faire reconnus à l’international, les donateurs affinent leur compréhension du risque géopolitique et ses conséquences sur la politique et l’économie mondiales. En 2024, l’Ifri accompagne plus de 70 entreprises et organisations françaises et étrangères.