Russie
La Russie s'affirme comme une puissance impériale. Isolée depuis son invasion de l’Ukraine, elle cherche à renforcer ses liens avec des pays non-occidentaux. À l'intérieur, le régime de Vladimir Poutine se durcit.
Sujets liés
Syrie: l'accord russo-américain difficile à mettre en œuvre
Les accords atteints par les chefs des diplomaties russe et américaine Sergueï Lavrov et John Kerry sur le problème syrien sont difficiles à réaliser, estime Thomas Gomart, de l'Institut français des relations internationales (Ifri).
Le projet russe ne règle rien mais rétablit un lien direct avec Washington
Force est de reconnaître au Kremlin un sens de la manoeuvre dont peu de diplomaties sont aujourd'hui capables. La proposition russe invitant Damas à placer son arsenal chimique sous contrôle international est avant tout dilatoire. Apparemment, le tandem Poutine-Lavrov, alliage d'expérience et de constance, aurait pris l'ascendant sur un tandem Obama-Kerry émotionnel et pusillanime.
Obama-Poutine : "Prendre l'avantage sur l'autre sans l'humilier"
Comment analysez-vous cette proposition inattendue de Vladimir Poutine de placer sous contrôle international l’arsenal chimique syrien?
- Cette proposition intervient à point nommé après la tenue du G20 de St Pétersbourg, et juste avant un hypothétique vote du congrès américain. Plusieurs raisons permettent de l’expliquer. La principale correspond à une volonté de Moscou de temporiser : les dirigeants russes ont bien compris que chaque jour qui passe rend les frappes plus complexes. La Russie veut aussi montrer qu’il peut y avoir un règlement diplomatique de la crise.
"Les relations USA-Russie sont extrêmement dégradées"
Après les propos tenus par Barack Obama début août, qui parlait de "relents de guerre froide" entre les Etats-Unis et la Russie, où en est-on des relations entre Washington et Moscou ?
- Ces relations sont extrêmement dégradées. Elles avaient déjà connu une forte dégradation lors du deuxième mandat de George Bush en 2007-2008 au moment de la guerre de Géorgie. Lorsqu'Obama a été élu il a mis en place ce qu'on a appelé la politique du "reset" qui consistait à apaiser les relations avec Moscou.
A quoi joue Poutine ?
A quoi joue Poutine?
Avec: La journaliste Russe Ioulia Kapoustina; Thomas Gomart, directeur du centre Russie à l'Ifri (Institut français des relations internationales); Alain Frachon, directeur éditorial du "Monde"; et Ksenia Bolchakova, correspondante d’Europe 1 en Russe.
Syrie, Snowden, homophobie... à quoi joue Vladimir Poutine avant le G20?
À Saint-Pétersbourg, l'ambiance sera tendue pour la photo de famille du G20 qui s'ouvre ce jeudi 5 septembre. Les sorties du président russe ont effectivement le don d'irriter les autres pays, et en particulier les États-Unis, compte-tenu du lourd passif entre les deux nations. A tel point que Barack Obama a "sévi" début août: il a annulé sa rencontre avec Poutine, initialement prévue en marge du sommet. Du jamais vu depuis plusieurs dizaines d'années.
Russie-Etats-Unis : climat de Guerre froide entre les deux grands
C’est à se demander si certains ne seraient pas finalement un peu nostalgiques de la seconde moitié du XXème siècle : “au bon temps” de la guerre froide.
Depuis quelques jours, depuis que le président américain Barack Obama a parlé de relents de Guerre froide entre son pays et la Russie de Vladimir Poutine, l’expression, le concept, est de toutes les discussions, et de tous les éditoriaux.
"Le boycott du sommet de Moscou par Obama renforce la popularité de Poutine en Russie"
Les faits - Thomas Gomart, 40 ans, est directeur du centre Russie à l'Institut français des relations internationales (Ifri). Pour L'Opinion, il décrypte l'attitude russe, après la décision de Barack Obama d'annuler sa participation à un sommet avec Vladimir Poutine, début septembre à Moscou, à la suite de l'affaire Edward Snowden, ce défecteur de l'agence de renseignements américaine NSA à qui le pouvoir russe a accordé l'asile.
Russie : "Il y a une anxiété palpable du régime"
Que révèle la condamnation de Navalny ?
- Il y a incontestablement un raidissement du régime, qui veut détruire progressivement toutes les forces d’opposition qui se sont exprimées dans les rues en dénonçant les fraudes électorales après les législatives de décembre 2011 et la présidentielle de mars 2012. Ce verdict est un clair message de fermeté vis-à-vis de toute l’opposition dite illégale à la différence de celle qui est tolérée à la Douma. Alexeï Navalny, en outre, est une personnalité emblématique.
Jusqu'où Poutine est-il prêt à en découdre ?
Vladimir Poutine n’étant pas ce que l’on peut appeler un personnage exubérant, il y a peu de chance de le voir reproduire le coup d’éclat d’un de ses prédécesseurs à la tribune de l’ONU. Souvenez-vous : Nikita Khrouchtchev, en 1960, brandissant sa chaussure avant de l’abattre sur son pupitre, pour marquer sa désapprobation après des propos critiquant la politique expansionniste de l’URSS. Vraiment pas le genre de Poutine.
Pour autant, si le style est différent, le président russe n’est-il pas le digne héritier des anciens dirigeants soviétiques, exception faite de Mikhaïl Gorbatchev ? A savoir un adepte du Niet comme élément central de sa politique étrangère.
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