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Sous la pression des évènements, Poutine a revu ses objectifs intermédiaires, mais n’a pas abandonné ses plans de détruire l’Ukraine en tant qu’État indépendant

Interventions médiatiques |

interviewé par Ksenia Goulia pour

  RFI
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La guerre de Moscou contre l'Ukraine dure depuis plus d'un an maintenant. Les objectifs du président russe Vladimir Poutine ont-ils changé ? Sa position au sein de ses propres élites s'est-elle affaiblie ? Quelle est désormais la relation entre Poutine et l'état-major général russe ? Nous avons adressé ces questions à Dimitri Minic, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri) et spécialiste des élites militaires et politiques russes.

Contenu intervention médiatique

Un an après, comment expliquez-vous cette guerre déclenchée par la Russie ?
Les causes de l’affrontement sont nombreuses. J’en vois au moins cinq. La première est liée au projet impérialiste de la Russie poutinienne, qui s’appuie sur des arguments pseudo-historiques, ethniques, linguistiques et culturels pour justifier l’idée que les anciennes colonies de l’empire russe, dont l’Ukraine, font partie des intérêts nationaux ou vitaux du pays. La deuxième est liée à l’opposition radicale à l’Occident qui provient de la double idée que celui-ci est congénitalement hostile à la Russie, et ce que celle-ci doit s’y opposer et même le dominer, voire le regénérer. La vision du monde de la Russie et la perception que celle-ci a de son identité sont occidentalo-centrées. Le troisième élément important est le mode de pensée des dirigeants russes, qui ont tendance à voir les événements comme étant déterminés, interconnectés et souvent dissimulés. Tout cela explique en grande partie pourquoi Moscou est sincèrement obsédé par les prétendus complots occidentaux visant à contenir voire à détruire la Russie, en s’appuyant sur sa périphérie et ses oppositions internes. La quatrième est liée au régime autocratique poutinien et à sa préservation. Le fait que les deux anciennes provinces de son empire que Moscou a brutalement agressées aient été la Géorgie et l’Ukraine n’est pas fortuit : ces deux pays ont choisi non pas seulement de s’arrimer à l’UE et l’OTAN, mais d’adopter des valeurs et un style de gouvernement et de société typiquement occidentaux. La cinquième et dernière raison majeure est d’ordre stratégique : la guerre conventionnelle longue de haute intensité qu’on observe en Ukraine n’était pas désirée par Moscou. Elle est le fruit d’une pensée et d’une culture stratégiques russes post-soviétiques défectueuses qui portent en elles les germes d’un échec stratégique. 

Est-ce que les objectifs du Kremlin ont changé depuis le début de l’invasion ?
Non, l’objectif politique du Kremlin est toujours d’éliminer l’Ukraine en tant qu’État indépendant démocratique et perméable à l’influence occidentale, et d’annexer une grande partie de son territoire qui correspond plus ou moins à la Novorossia. Les objectifs intermédiaires (stratégiques) permettant d’atteindre cet objectif politique ont en revanche été révisés par la force des choses : l’échec initial de la Russie et les contre-attaques de l’Ukraine à Kiev, Kharkiv et Kherson ont forcé le Kremlin a adapté ses objectifs stratégiques au rapport de force réel. C’est pourquoi il s’est précipité d’annexer les territoires sous son contrôle et s’est concentré sur la capture du Donbass.

 

> Lire l'interview intégrale (en russe) sur le site de RFI

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Dimitri MINIC

Dimitri MINIC

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Chercheur, Centre Russie/Eurasie de l’Ifri