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Dimitri Minic : "Donald Trump est indifférent au sort de l'Ukraine et de l'Europe"

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Interviewé par Cyrille Pluyette et Paul Véronique dans

  L'Express
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L'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine a fait surgir la peur d'un "deal" qui céderait aux exigences du Kremlin. Certains objectifs russes seraient déjà atteints. Dimitri Minic, chercheur au Centre Russie/Eurasie à l'Ifri, analyse les conséquences de cet appel : autant pour les Ukrainiens que pour Donald Trump et Vladimir Poutine. 

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Appel Poutine Trump
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« L’Express : Quels sont les principaux objectifs de Poutine dans ces négociations ?

Dimitri Minic : Poutine n’est pas pressé de négocier sur l’Ukraine, à la fois parce que le rapport de force lui est objectivement favorable – d’autant plus avec une administration américaine néo-isolationniste – et parce que la guerre a reconfiguré les équilibres internes en Russie. Or une véritable paix pourrait les déstabiliser. Il faut garder à l’esprit que ce pays n’a pas envahi l'Ukraine pour des "terres" comme le croit naïvement - ou feint de le croire - Donald Trump. Moscou souhaite une vassalisation de l’Ukraine.

Cela passe par une "finlandisation" du pays, c’est-à-dire sa non-adhésion à l’Otan, l’interdiction d’installer des infrastructures militaires occidentales et de livrer du matériel militaire américain ou européen. En outre, Poutine exige une démilitarisation de l’Ukraine et un changement de régime à Kiev qui lui serait favorable. A cela s’ajoute la cession des territoires annexés, y compris les parties encore contrôlées par l’Ukraine, et, peut-être, d’autres territoires dans les régions de Kharkiv, Odessa et Dniepropetrovsk. Soit Donald Trump permet au Kremlin de se rapprocher de cet objectif de vassalisation, soit il ne le désire pas, et les négociations échoueront.

Flatter Donald Trump et louer son "bon sens" peut-il se révéler payant pour Poutine ?

Jusqu’à présent, Poutine semble avoir réussi à "gérer" Donald Trump. Le président russe a répondu par la flatterie aux critiques et aux menaces que son homologue américain, irrité par le rejet russe des propositions américaines en décembre, lui a publiquement adressées en janvier. Poutine a ainsi publiquement loué le "bon sens" de Donald Trump et épousé son récit de la guerre en Ukraine, selon lequel celle-ci n’aurait jamais commencé s’il avait été à la place de Joe Biden. En parallèle, Poutine a réaffirmé ses alliances et partenariats avec l’Iran et la Chine.

Si les troupes nord-coréennes ont été retirées du front dans la région russe de Koursk au cours du mois de janvier, il semble que cela soit d’abord lié aux lourdes pertes subies – même si Moscou a pu faire passer cela comme un signe d’ouverture à la partie américaine –, tandis que le dictateur nord-coréen Kim Jong-un a réaffirmé, le 9 février, son engagement à soutenir militairement la Russie. Donald Trump a donc peut-être été sensible aux manœuvres de Poutine, y compris à ses flatteries, mais ce n’est pas déterminant. Ce qui l’est en revanche, c’est l’indifférence de Trump au sort de l’Ukraine et de l’Europe. L’asymétrie des enjeux en Ukraine, existentiels pour le Kremlin, et non existentiels pour la nouvelle administration américaine, est tout aussi déterminante. »

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Entretien à lire en intégralité dans L'Express.

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Cyrille Pluyette et Paul Véronique

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Dimitri MINIC

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Chercheur, Centre Russie/Eurasie de l’Ifri

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