Chine-Etats-Unis, la guerre froide qui menace la mondialisation
La World Policy Conference s'est tenue à Abou Dhabi du 1er au 3 octobre. Organisée par Thierry de Montbrial, président et fondateur de l'Ifri (Institut français des relations internationales), elle fait dialoguer les puissances moyennes et pointe les risques d'une nouvelle guerre froide Chine-Etats-Unis
A la World Policy Conference qui s’est tenue à Abou Dhabi, aux Emirats Arabes Unis, un sujet tournait en boucle : les tensions entre les États-Unis et la Chine.
Cette conférence est organisée par Thierry de Montbrial, le fondateur de l’Ifri, l’Institut français des relations internationales. L’Ifri est un think tank français, c’est-à-dire un centre de recherche indépendant, qui essaie de nourrir la réflexion sur la politique étrangère.
Et sa conférence a un but bien particulier : elle veut faciliter le dialogue entre les puissances moyennes, pour les aider à exister et à peser dans la mondialisation.
Par puissances moyennes, l’Ifri entend la France et ses voisins européens, mais aussi les puissances du Golfe, les Etats africains, la Corée du Sud, le Japon ou l’Australie.
Il a donc été question de l’échec du “contrat du siècle” et de la décision de l’Australie d’acheter des sous-marins américains plutôt que français.
"En réalité, le sujet ce n’était pas tant les sous-marins français -déjà passés au second plan- que ce qui a sous-tendu la décision australienne, à savoir : la nouvelle guerre froide entre les Etats-Unis et la Chine et la pression que mettent les Etats-Unis sur leurs alliés pour qu’ils choisissent leur camp."
Thierry de Montbrial redoute une forme de réciprocité chinoise. Ce qui entraînerait, selon son expression : une “politisation croissante de l’économie et de la finance, à travers la pratique des sanctions”.
Vous savez que les Américains manient volontiers les sanctions : ils imposent le boycott de certaines entreprises chinoises, comme Huawei, et veulent en interdire d’autres de la Bourse de New York.
Demain la Chine pourrait s’y mettre.
Car pour le fondateur de l’Ifri, “chacune des deux superpuissances veut développer son propre système mondialisé”, fermé, avec ses technologies, son cyberespace, ses ressources. Et pousser les Etats à choisir.
Et ça commence, avec l’Australie qui choisit le camp américain, tandis que le Pakistan a choisi la sphère chinoise.
Est-ce qu’il y a encore moyen de rester neutre ?
Ce n’est pas si facile. La Corée du Sud cherche un équilibre : elle ne veut pas de confrontation avec la Chine, mais elle compense en investissant plus aux Etats-Unis. Samsung, LG, SK et Hyundai vont y localiser des usines et revoir leurs chaînes d’approvisionnement : ça représente 35 milliards d’euros d’investissement.
L’ancien premier ministre australien - sans lien avec les sous-marins- excellent connaisseur de la Chine, Kevin Rudd, exhorte les Européens à tenir bon dans leur volonté de neutralité. Pour lui, l’Europe peut être l’arbitre, le médiateur, car les Chinois respectent son poids dans l’économie mondiale. Attention tout de même car ils sont de plus en plus présents en Europe centrale, avec leur carnet de chèque.
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