Mutations, ambitions et limites de la culture stratégique russe contemporaine
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Malgré le raidissement idéologique d’un régime qui prend un tour de plus en plus conservateur, la culture stratégique de la Russie connaît une évolution rapide.
Certes, le conservatisme des dirigeants les conduit à envisager la nouvelle confrontation entre la Russie et l’Occident comme un retour au modèle de la guerre froide, alors même que les paramètres géographiques et le rapport des forces ont profondément changé depuis cette époque. Toutefois, la réalité des engagements de Moscou dans des conflits armés et les progrès technologiques dans le domaine militaire transforment de manière significative la culture stratégique russe, devenue nettement plus souple que par le passé.
Les forces armées russes sont directement exposées aux nouveaux défis que pose l’apparition de champs de bataille méconnus et de menaces sans précédent. Malgré son attachement à une vision et à des valeurs conservatrices, le commandement militaire est contraint de s’adapter et de réformer la culture stratégique du pays. On retrouve désormais, au sein de l’état-major et des autres structures de commandement, de nombreux combattants ayant acquis une expérience directe du terrain, en particulier lors de l’intervention en Syrie. La transformation de la culture stratégique commencée par l’élite militaire bute néanmoins sur la nécessité d’accroître significativement les ressources allouées aux forces armées pour que la Russie puisse résister, et même l’emporter, dans sa confrontation avec l’Occident. Or, du fait de la stagnation économique que connaît le pays, les ressources tendent à se réduire, un phénomène encore aggravé par la corruption endémique.
Pavel Baev est professeur à l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo (Peace Research Institute Oslo, PRIO). Il est également chercheur senior indépendant à la Brookings Institution (Washington, DC) et chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (Ifri, Paris).
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