L’islam radical en République démocratique du Congo. Entre mythe et manipulation
L’islam en République démocratique du Congo (RDC) n’a eu qu’une présence marginale et périphérique et a été un non sujet jusqu’à une date très récente. Le caractère ultra-minoritaire des musulmans dans un pays qui est, depuis la colonisation belge, une terre de compétition entre les diverses tendances du christianisme et leurs hybridations locales rendait impossible l’émergence d’une « question musulmane » dans cette partie du monde.
La présence de musulmans dans la société congolaise n’a jamais véritablement fait débat au point que le dernier véritable héros congolais, le colonel Mamadou Ndala, « tombeur » du M23, était musulman. Son assassinat en 2014 a suscité une émotion nationale et il a reçu les honneurs militaires à titre posthume.
Cependant, depuis 2014, la crainte de l’implantation d’un islam radical et violent se manifeste en RDC. Cette crainte relève du contexte international – l’Afrique étant une des zones d’expansion du djihadisme – mais aussi d’une réalité locale particulièrement violente : les tueries répétitives d’un groupe armé islamiste radical dans l’Est de la RDC, les Forces démocratiques alliées (ADF). Alors qu’il n’y a pas de tradition d’un islam revendicatif ou radical en RDC, les ADF constituent une anomalie mystérieuse. L’étrange mutation de ce qui n’était qu’un groupe armé ordinaire dans l’Est congolais en une milice de terreur depuis 2013-2014 pose de nombreuses questions et déclenche les prémices d’une stigmatisation des musulmans dans les Kivu.
Cette note met en évidence les liens complexes et étroits que les autorités congolaises ont entretenus avec des mouvements musulmans radicaux dès les années 1990 en soutenant, avec l’aide du gouvernement islamiste de Khartoum, la formation des Forces alliées démocratiques-Armée nationale de libération de l’Ouganda (ADF-Nalu) et en tolérant les activités financières du Hezbollah. Pour qui veut comprendre les manifestations de l’islam radical en RDC, le principal défi est de faire la part entre les clichés collectifs, les angoisses généralisatrices et simplificatrices et la désinformation intentionnelle. Une fois ce travail accompli, il apparaît que la menace islamiste n’est pas là où le gouvernement la dénonce, ni là où la MONUSCO la cherche.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
L’islam radical en République démocratique du Congo. Entre mythe et manipulation
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesLe dilemme de la relation militaire franco-africaine : réinventer ou tourner la page ?
L’origine de la présence et de la coopération militaires en Afrique remonte au pacte tacite de la décolonisation de l’Afrique francophone. Cette coopération a permis la création des armées africaines des anciennes colonies et s’inscrivait dans le projet visant à éviter l’expansion du communisme et à maintenir l’influence de la France dans les pays nouvellement indépendants.
L'évolution de la diplomatie des villes en Afrique : impact, potentiel et défis actuels des activités internationales des villes africaines
Au cours des dernières décennies, les villes africaines se sont hissées au rang des principaux acteurs de l’évolution de la diplomatie des villes. En effet, les municipalités du continent ne se sont pas seulement adaptées aux nouvelles tendances de la coopération internationale. Elles ont façonné l’approche actuelle du partenariat où les autorités locales du monde entier travaillent ensemble pour relever des défis urbains communs tels que le changement climatique, la migration et la justice sociale.
La Haute Autorité à la consolidation de la paix (HACP) au Niger 2011-2023. Placer l’État au cœur de la prévention et de la gestion des conflits
Comme les autres pays sahéliens, le Niger est touché par le terrorisme depuis maintenant presque deux décennies. Ce phénomène a mis en lumière à la fois les limites des appareils sécuritaires de ces pays mais également, de manière plus profonde, leur incapacité à offrir une stabilité aux populations de certaines parties de leur territoire. D’une certaine manière ces « insurrections djihadisées » s’inscrivent dans la continuité de groupes qui, régulièrement prennent les armes contre les États centraux.
Le président spirituel du Kenya et la création d'une nouvelle république : William-Ruto, les évangéliques du Kenya et les mobilisations religieuses dans la politique électorale africaine
Au cours des deux dernières décennies, un nouveau paradigme est apparu en Afrique de l’Est et dans la Corne de l’Afrique : l’influence croissante des églises évangéliques et de leurs dirigeants dans les dynamiques électorales. La croissance numérique et démographique de ces mouvements religieux semble aller de pair avec leur rôle de plus en plus marqué dans la vie politique de ces deux régions, une présence qui a un impact sur les processus électoraux, mais aussi sur les sociétés et les formes que prend la gouvernance.