Les groupes d’autodéfense, pompiers pyromanes du Sahel

Depuis 2012, la prolifération des groupes djihadistes à travers le Sahel monopolise l’attention des autorités. Contraints par les menaces qu'ils représentent et l'affaiblissement de leur pouvoir régalien, les Etats se retirent progressivement de leurs territoires ruraux périphériques. Les populations se sont alors organisées pour se constituer en pourvoyeurs de sécurité locaux.

Si les entités d’autodéfense communautaires ne sont pas un phénomène nouveau au Sahel, l’apparition du djihadisme armé a fait converger les intérêts de ces groupes objectivement menacés par les djihadistes avec ceux des États rencontrant des limites dans leurs opérations contre-terroristes. Ces derniers sont donc tentés de sous-traiter ces missions régaliennes de sécurité à des acteurs évoluant dans les mêmes terroirs que les djihadistes. Cette dynamique d’externalisation observable dans toutes les zones d’insurrection djihadistes sahéliennes pourrait s’inscrire dans une logique de coproduction de sécurité.
Toutefois, cette production hybride ne s’accompagne pas forcément d’un encadrement formel, légal et coordonné : l’implication armée des groupes d’autodéfense dans les guerres insurrectionnelles en fait également des facteurs aggravant d’insécurité. Entre exacerbation des violences à base communautaire et substitution érodant l’autorité étatique, ces entités d’autodéfense font émerger des formes alternatives de gouvernance armée. Ces exemples sahéliens invitent à interroger le modèle wébérien de l’État ainsi que les modalités de gouvernance locale, à la rencontre des systèmes étatiques, coutumiers et djihadistes.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
Les groupes d’autodéfense, pompiers pyromanes du Sahel
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesSous le feu des normes : comment encadrer sans désarmer la défense européenne ?
Face à la diversité et la complexité de l’environnement normatif, le secteur de la défense doit pouvoir faire valoir sa singularité militaire. Dépassant une approche par la seule simplification, qui a montré ses limites face au caractère incontournable des normes juridiques et techniques à l’international, un équilibre est nécessaire entre un « trop-plein normatif » et l’absence de normes.
La brigade franco-allemande et la relance de la défense européenne
Une chose est claire depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche : le projet d’unification européenne est menacé dans son existence même. À moins d’élaborer une politique de défense souveraine pour parer à la guerre en Ukraine et à l’affaiblissement des garanties de sécurité américaines, l’Union européenne verra se poursuivre l’érosion de sa dynamique de cohésion interne et de son attractivité externe.

Daech au pays des merveilles
Ce livre mêle fiction et non-fiction. Il invite à réfléchir, de manière originale, aux effets de polarisation engendrés par la multiplication des attaques terroristes. Il tire la sonnette d’alarme sur les fragilités de la France, exacerbées par les extrémistes de tous bords.
Une base industrielle de défense transatlantique ? Deux analyses contrastées
L'évolution du paysage de la coopération mondiale en matière de défense met la relation transatlantique au défi. Alors que les tensions géopolitiques augmentent et que l'environnement de menaces devient plus complexe, la capacité de l'Europe à assurer au mieux sa sécurité tout en maintenant sa relation avec les États-Unis est devenue primordiale. Ce Focus stratégique offre deux points de vue contrastés sur la dynamique des relations industrielles de défense entre les États-Unis et l'Europe, en soulignant les défis et les opportunités qui attendent les deux parties.