L'aide de l'Union européenne : du développement à la sécurité, l'exemple du Fonds européen de développement
Au fil de son développement institutionnel et de la multiplication de ses activités, l’Union européenne (UE) a eu tendance à empiler plutôt qu’à rationaliser ses politiques, en créant un outil financier par objectif. De ce fait, les fonds européens sont devenus un labyrinthe dont le coût de gestion est élevé.
L’action extérieure de l’UE n’échappe pas à cette tendance puisque ses multiples objectifs s’appuient sur neuf ou dix instruments différents, certains qualifiés de « géographiques » et d’autres de « thématiques » : Instrument de coopération au développement (ICD), Instrument de Partenariat (IP), Instrument de stabilité (IdS), Instrument européen pour la démocratie et les droits de l’homme (IEDDH), etc. Les domaines et les champs géographiques d’intervention de ces outils financiers s’entremêlent et représentent un budget total de 96,2 milliards d’euros pour la période 2014-2020, faisant de l’UE le premier fournisseur d’aide au développement.
Le Fonds européen de développement (FED) est le plus ancien de ces instruments, bien antérieur au traité de Maastricht de 1992 qui donna le jour à la politique étrangère de l’UE. Son objectif (l’investissement pour le développement) et son champ d’intervention géographique (postcolonial) étaient à l’origine clairement circonscrits mais il a dû au fil des temps s’adapter à la consolidation de l’action extérieure de l’UE et à la multiplication de ses objectifs. Démembré en une série d’instruments, le FED se présente actuellement comme un millefeuille, résultat de la sédimentation de modalités d’interventions apparues au cours des âges.
Mais au-delà de sa complexité d’usage, l’évolution du FED reflète l’évolution de l’aide européenne qui est au départ un investissement pour l’infrastructure, et devient progressivement un investissement pour la sécurité. La structuration d’une diplomatie coopérante européenne après le traité de Maastricht a politisé l’aide au développement et est en train de lui donner une orientation de plus en plus sécuritaire sans que l’on sache clairement si le but ultime est de sécuriser les citoyens des pays du Sud ou de l’Europe. L’objet de cet article n’est pas de juger cette évolution mais d’en rendre compte à travers l’analyse du principal fonds de développement de l’UE (le FED) et d’un de ses démembrements (la Facilité de paix pour l’Afrique) puis de mettre en évidence les difficultés et apories que cette évolution génère dans le cadre des relations entre l’UE et les pays en développement.
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