Education et pouvoir dans le conflit anglophone au Cameroun
Au Cameroun, l’école est devenue le symbole de l’échec du gouvernement camerounais à mettre en œuvre le bilinguisme et à œuvrer au bien-être de la minorité anglophone. L’éducation s’est trouvée au cœur du conflit qui oppose les anglophones au gouvernement depuis 2017. Une refonte du système éducatif dans le cadre d’une solution négociée est indispensable mais les efforts de médiation n’ont pas encore mis ce sujet sur l’agenda de la paix.
La particularité de ce conflit est de placer l’école au cœur même de l’affrontement. Alors que la majorité des attaques contre les civils et les incendies de villages est attribuée par tous les observateurs aux forces gouvernementales, les attaques contre les écoles en particulier sont le fait des groupes armés ambazoniens, qui ont décrété un boycott du système éducatif dans le cadre de leur lutte contre le gouvernement et ses institutions. Pour les anglophones, l’école représente, avec la justice de Common law, un des piliers de leur spécificité héritée de la période de tutelle britannique (1916-1961). Les trajectoires opposées du projet gouvernemental, qui favorise une harmonisation des systèmes éducatifs francophone et anglophone au sein d’une politique unificatrice et centralisatrice, et celle du projet de la communauté anglophone, qui est de préserver un système éducatif dont elle est fière et qui correspond à son identité, ont donné lieu à des tensions : une première fois en 1993 (autour du diplôme General Certificate of Education – GCE), puis en 2016.
Depuis, et sur fond de fin de règne du président Biya au pouvoir depuis 1982, l’école est prise en otage dans ce conflit et la non-scolarisation de centaines de milliers d’enfants est devenue un outil de propagande pour les deux belligérants. Bien que l’éducation soit une dimension importante de ce conflit, les quelques tentatives de dialogue n’ont pas encore mis ce sujet à l’ordre du jour.
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