L’heure de l'Asie centrale est-elle arrivée ?
Il y a quelques jours, se tenait le premier sommet entre le président chinois et ses homologues des cinq Républiques d’Asie centrale. Kazakhstan, Ouzbékistan, Turkménistan, Kirghizstan et Tadjikistan sont autant d’anciennes Républiques soviétiques -aujourd’hui arrière-cour de la Russie- qui constituent une région stratégique aux yeux de Pékin qui cherche à avancer ses pions sur son flanc occidental, concurrençant ainsi la mainmise ancienne du grand frère russe.
Cette rencontre sans la Russie intervient dix ans après le discours fondateur prononcé en 2013 au Kazakhstan par le président chinois qui lançait, il y a une décennie, sa grande vision géostratégique cherchant à replacer la Chine au cœur du monde en créant des réseaux d’infrastructure alternative à l’Occident, les fameuses routes de la soie. S’étendant de la mer Caspienne à l’ouest à la Mongolie à l’Est, et de la Russie au Nord à l’Iran et l’Afghanistan au Sud, l’Asie centrale est un point de convergence de multiples influences. L’heure de l’Asie centrale est-elle arrivée?
Invités :
- Catherine Poujol, professeure des Universités, spécialiste d’histoire et de civilisation de l’Asie centrale à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO)
- Michaël Levystone, chercheur associé au Centre Russie/Eurasie de l’IFRI. « La guerre en Ukraine vue d’Asie centrale » « Le Kazakhstan à l’épreuve des crises », Études de l'IFRI
- Didier Chaudet, chercheur associé à l’Institut Français d’Études sur l’Asie centrale.
A propos des évolutions récentes en Asie centrale, Michaël Levystone explique que « Le Kirghizstan est dans une logique régressive et les déclarations du président Sadyr Japarov sur les journalistes d’opposition, les minorités ethniques ou les homosexuels sont très inquiétantes. Le Kazakhstan et l’Ouzbékistan ont entrepris des révisions constitutionnelles comme outil de démocratisation et de modernisation de leur régime politique, même si l’on ne voit pas bien où cela mène en Ouzbékistan, si ce n’est consolider le pouvoir de son dirigeant Chavkat Mirzioïev. Les deux derniers pays, le Tadjikistan et le Turkménistan, sont engagés dans un processus de transition dynastique. »
« Aujourd’hui, la Russie est un partenaire toxique sur le plan économique et les pays d’Asie centrale travaillent à l’établissement de partenariats avec d’autres puissances économiques. La caractéristique principale de l’Asie centrale est d’être une région enclavée et a donc besoin de trouver d’autres voies pour atteindre les marchés internationaux. L’Iran est un maillon essentiel dans ces nouvelles voies de transport, notamment l’INSTC, un corridor de transport international Nord-Sud. »
> Ecouter l'émission sur le site de RFI
Média
Partager