Les enjeux politiques au Brésil après un an de présidence Lula
Luiz Inácio Lula da Silva (dit « Lula ») a été élu président de la République le 30 octobre 2022, après un second tour plus serré qu’attendu, avec 50,9 % des suffrages exprimés et seulement 2,1 millions de voix d’avance sur le président sortant, Jair Bolsonaro. Son vice-président est Geraldo Alckmin, issu du centre-droit. Cependant, lors des élections législatives menées simultanément, les partis soutenant Lula (Parti des travailleurs [PT], Parti socialisme et liberté [PSOL], Parti socialiste brésilien [PSB], et au second tour, Parti démocratique travailliste [PDT] et Solidariedade) n’obtiennent qu’une minorité des voix et seulement 130 députés sur 513, ainsi que 8 gouverneurs d’État sur 27.
Les performances économiques du Brésil ont été convenables en 2023. Alors qu’en octobre 2022, le Fonds monétaire internationale (FMI) n’anticipait qu’une croissance de 1 %, celle-ci pourrait être légèrement supérieure à 3 %. Les perspectives pour 2024 sont cependant beaucoup plus incertaines. L’inflation est revenue à 4,8 % en octobre (par rapport à octobre 2022), permettant un début de décrue des taux d’intérêt, mais le taux directeur, le Selic1, reste très élevé (11,75 %). Les comptes extérieurs sont eux aussi assainis : le déficit courant sera inférieur à 2 % du produit intérieur brut (PIB) et aisément financé par les investissements directs étrangers (IDE), permettant de maintenir les réserves en devises à un niveau élevé (340 milliards de dollars – USD), contribuant ainsi à la stabilité du real. Le seul point noir est le niveau du déficit des finances publiques : le gouvernement anticipait pour 2023 un déficit primaire de 1,3 % du PIB, mais vient d’admettre qu’il sera plutôt de l’ordre de 1,7 %, ce qui conduira, compte tenu de la charge d’intérêts sur la dette publique, à un déficit global supérieur à 7 % difficilement soutenable
- Les performances économiques du Brésil ont été convenables en 2023, mais le président Lula est confronté à un contexte international bien moins favorable que lors de ses deux premiers mandats et à un Parlement brésilien marqué à droite.
- Comme en 2003, sa priorité est sociale : faire sortir de la pauvreté une partie des 71 millions de Brésiliens qui la subissent. Les transferts sociaux, in fine peu coûteux, y participeront. Le Brésil a aussi besoin d’une croissance plus soutenue.
- Le vote en décembre d’une réforme fiscale est un succès incontestable pour Lula et son ministre des Finances. Il a aussi illustré les difficultés des négociations avec un Parlement dominé par des intérêts particuliers.
- Le mandat de Lula est enfin marqué par le retour du Brésil sur la scène mondiale, après quatre ans d’éclipse. Le maintien de bonnes relations avec toutes les parties, dans la perspective d’un éventuel rôle de médiateur dans certains conflits, est cependant difficile dans un monde plus polarisé.
> Ce Briefing est également disponible en anglais à ce lien : First Year of Lula: Overview of the Political Situation in Brazil
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