Le changement de paradigme de la politique de sécurité et de défense de l’Allemagne après l’invasion russe de l’Ukraine

Le gouvernement allemand a longtemps hésité à prendre position face à la crise entre la Russie et l’Ukraine. Il a refusé de remettre en question le projet de mise en service de Nord Stream 2 et d’approvisionner l’Ukraine en armes.

Cette attitude était certainement motivée par la crainte d’une baisse sensible de l’approvisionnement d’énergie et d’une nouvelle hausse de l’inflation. En outre, Berlin ne voulait pas non plus mettre en péril le dialogue avec le Kremlin, dans l’espoir de ne pas compromettre les accords de Minsk de 2014 et 2015. Berlin ne s’attendait certainement pas non plus à une invasion de l’Ukraine par les troupes russes, en tout cas pas au-delà de la région du Donbass. L’invasion russe de l'Ukraine à partir du 24 février 2022 et le bombardement de villes ukrainiennes par l’armée russe dans le but de renverser le gouvernement ukrainien librement élu ont eu un impact massif sur le gouvernement fédéral. Un changement complet de paradigme a été amorcé à Berlin. Cela concerne l’aide militaire à l’Ukraine, la politique énergétique et surtout la politique de défense allemande. Les dépenses pour l’armée allemande vont augmenter massivement à partir de cette année. Le budget de la défense dépassera 2 % du produit intérieur brut. La politique étrangère et de sécurité allemande est entrée dans une nouvelle réalité et Berlin s’y adapte.
Hans Stark est Professeur de civilisation allemande à Sorbonne Université et conseiller pour les relations franco-allemandes à l’Institut français des relations internationales (Ifri).
Cet article est paru dans le numéro de la revue Allemagne d'aujourd'hui, n° 239, janvier-mars 2022 (pages 3 à 16), intitulé "La politique climatique allemande. Comment rattraper le temps perdu ?", co-dirigé par Judith Nora Hardt, Sébastien Vannier, Ulrike Zeigermann.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesTransformation de l’armée de Terre. Que signifie la réorganisation « vers une armée de Terre de combat » ?
En juillet 2023, le général d’armée Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), a lancé une transformation des forces terrestres françaises intitulée « Vers une armée de Terre de combat ».
L’évolution de la dissuasion élargie américaine en Asie du Nord-Est : vers une perte de crédibilité ?
Partenaires de longue date des États-Unis en Asie, le Japon et la Corée du Sud bénéficient tous les deux de la dissuasion élargie américaine : en cas d’attaque de grande ampleur sur l’un de ces États, Washington s’engage à leur venir en aide et à répliquer contre l’adversaire.
Pologne, première armée d'Europe en 2035 ? Perspectives et limites d'un réarmement
Cette étude cherche à éclairer le public français sur l’évolution de la politique de sécurité et de défense de la Pologne depuis la fin de la guerre froide, puis à évaluer l’importance et la crédibilité du renforcement capacitaire amorcé en 2022, avant de proposer une série de recommandations sur l’évolution de la coopération franco-polonaise.
L’avenir de la supériorité aérienne. Maîtriser le ciel en haute intensité
La supériorité aérienne, concept clé dans l’art de la guerre occidental, définit le degré de maîtrise de l’air dans un conflit armé. Condition nécessaire mais non suffisante à la victoire militaire, elle permet de concentrer les efforts aériens au profit des autres objectifs stratégiques et de prémunir les autres armées d’une attrition insupportable. Elle s’obtient par un emploi offensif de la puissance aérienne dans un effort interarmées, afin de neutraliser la puissance aérienne adverse.