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Sahel : le grand redéploiement

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Dans le Sahel, la montée du sentiment anti-français et le changement de stratégie militaire engendrent un redéploiement des troupes françaises, qui doivent désormais composer avec la présence de forces concurrentes et l'hostilité des opinions publiques.

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Le 14 décembre dernier, les troupes françaises quittaient la base de Tombouctou après en avoir fait de même à Kidal et Tessalit. Simple « transformation » pour l’Elysée, « retrait » voire « abandon » pour les partisans du maintien de la France dans le nord du Mali, ce redéploiement des troupes répond à une triple nécessité. Celle, militaire, de s’extraire d’un bourbier qui a coûté la vie à 52 soldats français depuis le lancement de Barkhane il y a huit ans. Celle, plus stratégique, de concentrer les efforts au sud pour endiguer la contagion djihadiste qui se propage dans les pays du golfe de Guinée. Et enfin, celle, plus politique, de rendre l’armée française moins visible sur le terrain et d’éviter ainsi d’attiser un sentiment anti-français de plus en plus vivace au sein des populations locales.

Fin novembre, un convoi logistique de l’armée française a en effet été bloqué par des opposants à Barkhane successivement à Kaya, au Burkina-Faso, puis à Téra, au Niger, où deux manifestants ont trouvé la mort. Comment la France tente-t-elle de s’adapter à l’exaspération grandissante des opinions publiques ? Au-delà du repositionnement stratégique de ses troupes, comment peut-elle repenser son action militaire au Sahel à la fois pour mieux s’articuler avec les autres dispositifs sécuritaires africains et internationaux mais aussi pour affronter la concurrence d’autres acteurs comme la société russe Wagner ?

 

Il est fort probable que la mission principale de Wagner soit de sécuriser les autorités maliennes, qui craignent un coup d’Etat contre elles-mêmes car l’armée est très divisée au Mali. Et il faut comprendre que le danger se rapproche de Bamako. Alain Antil

 

Intervenants
  • Niagalé Bagayoko, docteure en science politique, diplômée de l'Institut d'Études Politiques (IEP) de Paris et spécialiste des politiques internationales de sécurité et de la réforme des systèmes de sécurité en Afrique de l’Ouest
  • Alain Antil, directeur du centre Afrique subsaharienne à l'IFRI, enseignant à l'Institut d'Etudes Politiques de Lille et à Paris I Sorbonne
  • Christian Bouquet, professeur émérite de géographie politique à l’université de Bordeaux-Montaigne, chercheur au Laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM) à Sciences Po Bordeaux
 
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Alain Antil

Alain ANTIL

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Directeur du Centre Afrique subsaharienne de l'Ifri