« On ne parle pas là de Syriens qui fuient les bombardements du régime (…). On parle d’Européens qui partent dans leurs voitures qui ressemblent à nos voitures, et qui essayent juste de sauver leur vie ».
Comme cette déclaration d’un journaliste sur BFMTV le jeudi 24 février, plusieurs comparaisons politique ou médiatique entre le sort des réfugiés ukrainiens et celui de ceux venant d’autres parties du monde, en particulier du Moyen-Orient, font débat depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine.
« Couverture médiatique orientaliste et raciste »
Certains évoquent ainsi l’émotion de voir des « Européens aux cheveux blonds et aux yeux bleus » se faire tuer (un officiel ukrainien sur la BBC), d’autres une « immigration de grande qualité, dont on pourra tirer profit » (le président de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale sur Europe 1), ou encore une « ville relativement civilisée, relativement européenne » (un correspondant sur CBS).
Au point que l’association des journalistes arabes et moyen-orientaux a diffusé un communiqué le 27 février, condamnant une couverture « orientaliste, raciste ».
Selon elle, cette iniquité s’explique aussi par un manque de diversité dans les rédactions. Le communiqué de l’association se veut ainsi « une réponse directe » aux journalistes arabes qui leur ont fait part de leur sentiment d’être « ignorés et effacés » de médias qui ne considèrent pas leurs expériences à la même hauteur que celles des Européens.
Une place inégale
La journaliste appelle donc les médias à s’interroger sur la formation de leurs correspondants, les biais européo-centrés, et à se poser des questions sur le prisme à travers lequel ils couvrent des sujets sensibles. Par exemple : « Est-ce que je comprends le contexte dans lequel vivent les personnes sur lesquelles j'écris ? Est-ce que je construis leur altérité d'une manière si éloignée de ma propre humanité que mes lecteurs ou téléspectateurs ne les verront pas comme des égaux ? ».
La place accordée à la guerre en Ukraine et à l’afflux de réfugiés, en comparaison avec les conflits dans d’autres pays du monde, a aussi été critiquée. Bien sûr, les médias européens se sentent davantage concernés par une invasion qui touche directement le territoire du continent.
Au sujet des réfugiés, « on parle des conséquences migratoires des guerres lorsqu’elles sont susceptibles de nous concerner en Europe. Qui a parlé de la guerre civile au Soudan du Sud, alors que ça a provoqué un mouvement de population de pratiquement 2 millions de personnes, principalement vers le Burundi ? Parce que les Sud-soudanais n'arrivent pas jusqu'en Europe », souligne Matthieu Tardis, responsable du Centre migrations et citoyennetés de l'Ifri.
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