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Qu’est-ce que la «hasbara», cette «pédagogie» pro-Israël visant l’opinion internationale ?

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citée par Clémence Martin dans

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Diplomatie publique, propagande, récits pro-Israël… De nombreux discours font l’objet d’accusations de «hasbara». Retour sur cette stratégie d’influence menée par Israël.
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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu
Snapshot-photography/F Boillot/Shutterstock
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Le 29 octobre 2023, la directrice éditoriale du magazine Franc-Tireur, Caroline Fourest, déclare sur le plateau de BFM que «l’on ne peut pas comparer le fait d’avoir tué des enfants délibérément, en attaquant, comme le fait le Hamas, et le fait de les tuer involontairement, en se défendant, comme le fait Israël». Des propos qui ont suscité une polémique, et ont valu à l’essayiste l’accusation d’être «une pièce majeure de la “hasbara”». C’est-à-dire un relai, ou un agent, de la rhétorique d’Israël. En hébreu, hasbara signifie «explications» et fait référence depuis des décennies à la stratégie de communication menée par l’Etat en direction de l’opinion publique internationale.
 
Le concept remonte aux débuts du mouvement sioniste, visant à lutter contre l’antisémitisme en expliquant davantage l’identité juive et le projet sioniste. Aujourd’hui, Israël continue d’user de la hasbara bien qu’il s’agisse davantage de chercher à (re) valoriser l’image de l’Etat hébreu dans un contexte de guerre avec le Hamas, ou de justifier la violente riposte sur Gaza. Parmi les axes actuels de cette communication, on peut noter l’organisation de visite pour la presse étrangère sur les lieux des massacres (comme à Kfar Aza), ou la diffusion après de ces mêmes journalistes de montages vidéos des pires atrocités commises le 7 octobre par le Hamas.
 
Pour la chercheuse à l’Institut français des relations internationales (Ifri) Amélie Férey, la hasbara se situe «à cheval entre la diplomatique publique et la propagande». Selon cette dernière, elle repose sur cette rhétorique huilée consistant à prétendre démontrer que «si l’on critique Israël, c’est que l’on méconnaît la situation. Ainsi, toute critique à Israël relèverait de l’erreur».
 
Démission de la ministre en charge de la Diplomatie publique
 
La hasbara cible l’étranger car la sympathie de l’opinion publique est essentielle pour Israël. «Il s’agit de jouir d’une bonne image à l’international afin de sécuriser ses alliances militaires et politiques avec des puissances étrangères», explique Amélie Férey.
 
Exemple : lorsque le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanhayou, s’est exprimé devant l’Assemblée générale des Nations unies le 22 septembre, il tenait dans sa main gauche un feutre rouge et dans la droite une carte du Moyen-Orient. A la manière d’un instituteur, le chef d’Etat israélien cherche à expliquer les conséquences positives de la normalisation des relations de son pays avec l’Arabie Saoudite, qu’il voit comme «un changement extraordinaire».
 
Cinq jours après les attaques du Hamas, la ministre en charge de la Diplomatie publique, Galit Distal-Atbaryan, a annoncé sa démission, expliquant son départ par le fait que les missions d’autres ministères et agences gouvernementales empiétaient sur les siennes, et jugeant son ministère «redondant».
 
L’ONG pro-israélienne StandWithUs est aussi l’une des figures de la hasbara. Si elle déclare «ne pas défendre la politique de l’Etat d’Israël», les brochures qu’elle produit contestent le caractère illégal de la colonisation israélienne en Cisjordanie. Depuis 1967, l’ONU a pourtant voté onze résolutions condamnant l’occupation de la Cisjordanie et l’atteinte aux civils.
 
D’après Amélie Férey, la hasbara est particulièrement active outre-Atlantique par le biais de StandWithUs «par peur que les étudiants américains notamment des universités de la Ivy League ne soient plus favorables à Israël».
 
Influenceurs et universitaires
 
Autre acteur de la hasbara : Tsahal. Très active sur les réseaux sociaux notamment sur Twitter (renommé X), l’armée israélienne produit une importante quantité de ressources et d’informations sur la guerre qui l’oppose au Hamas. Le compte Twitter de l’armée israélienne est décliné est sept langues : hébreu, anglais, français, espagnol mais aussi russe, farsi et arabe. Par ce canal, Tsahal commente en direct des opérations militaires qu’elle mène sur la bande de Gaza, publie des informations en continu, partage des témoignages de soldats israéliens. Sur les réseaux sociaux, elle critique avec virulence les dirigeants du Hamas et affirme traquer les fausses informations que le mouvement diffuse.
 
Avec une newsroom qui fonctionne vingt-quatre heures sur vingt-quatre et répond aux sollicitations des journalistes, «l’armée israélienne fait preuve d’une culture militaire radicalement différente de la France, caractérisée par une communication ouverte et accessible», explique Amélie Férey.
 
Outre les canaux ministériels, la hasbara peut contenir des similitudes avec une campagne de marketing numérique.
 
D’après Amélie Férey, Israël «utilise des relais d’informations, notamment des influenceurs anglo-saxons», afin de diffuser leurs éléments de langage et une vision positive d’Israël. C’est le cas de Hananya Naftali qui comptabilise plus de 329 000 abonnés sur YouTube. Dans l’une de ses vidéos au sujet de la guerre à Gaza, il parle par exemple de Tsahal comme «l’armée la plus éthique du monde qui ne cible que les terroristes dans une zone densément peuplée».
 
Aux côtés des influenceurs, d’autres cibles sont repérées par Israël pour participer à leur opération de «diplomatie publique» : les universitaires. Amélie Férey, chercheuse en science politique à l’Ifri témoigne avoir assisté, depuis le 7 octobre, à déjà trois briefings réalisés par un colonel de réserve francophone de l’armée israélienne. Comme d’autres relais d’opinion, le but pour Tsahal est d’identifier les potentiels relais d’influence et de diffuser des éléments de langage.
 
Dans un contexte de guerre informationnelle, puisque c’est elle qui guide la décision politique, «l’information est arsenalisée pour gagner bataille de la légitimité», conclut Amélie Férey.

 

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