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Quelle est cette arme nucléaire spatiale que développent les Russes dans le secret ?

Interventions médiatiques |

citée par Arnaud Le Gall pour

  Ouest France
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Bien qu’on ne sache pas grand-chose sur lui, un programme nucléaire d’armement spatial russe déchaîne les passions, notamment aux États-Unis. Il pourrait être développé dans le but de cibler des satellites ennemis, mais rien n’indique qu’il est à un stade avancé.

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Nucléaire. Espace. Russie. Mis les uns après les autres, ces mots, dans le contexte actuel, ont de quoi effrayer. C’est d’ailleurs probablement dans ce but qu’ils ont été lâchés dans le débat public, en février 2024, par le sénateur américain Mike Turner, partisan de l'aide à l'Ukraine. Le Républicain évoquait alors une « grave menace pour la sécurité nationale » pour désigner un programme d’armement russe secret, qui alimente tous les fantasmes et qui pourrait servir à éliminer des satellites, comme ceux de Starlink déployés au dessus de l’Ukraine.

Quelques semaines plus tard, les États-Unis et le Japon, avec le soutien notamment de la France, rédigeaient une résolution, au conseil de sécurité de l’Organisation mondiale des Nations unies (ONU), visant « à renforcer et à maintenir le régime mondial de non-prolifération, y compris dans l’espace ». Veto de la Russie. Cependant, le stationnement d’armes de destruction massive dans l’espace extra-atmosphérique demeure interdit depuis le Traité sur l’espace de 1967.

Des contours flous

Dans le rapport de force, le secret est une arme. Peu d’informations ont fuité sur ce programme russe aux contours très flous et dont la maturité n’est pas connue. « La Russie pourrait très bien avoir fait fuiter volontairement les informations », suggère même l’analyste Carole Grimaud, dans la magazine Usbek & Rica.  

« Pour l’instant, il n’y a pas de détails précis sur ce projet russe, à part qu’il s’agirait d’une arme dirigée contre les satellites et qui intégrerait une technologie nucléaire. Mais, à ce stade, nous sommes certains qu’il n’y a pas d’arme nucléaire déployée dans l’espace », rassure Héloïse Fayet, chercheuse spécialisée dans la dissuasion, à Institut français des relations internationales, interrogée par l’édition du soir.

Le nucléaire comme énergie ou comme arme ?

Plusieurs options sont possibles. Toutes supposées très coûteuses. Le dispositif pourrait utiliser l’énergie nucléaire pour se propulser ou pour son alimentation. « Un satellite ou véhicule spatial à propulsion nucléaire irait plus vite, plus loin et aurait une autonomie supérieure », résume la chercheuse.

L’autre possibilité est que la technologie embarque des ogives nucléaires. « Les projets américains et soviétiques des années 1970 ont permis de montrer que ces technologies n’étaient pas utiles et très dangereuses. Cela n’apportait rien par rapport aux armes développées à la même période, par exemple les missiles balistiques tirés depuis des sous-marins », explique Héloïse Fayet.

Les conséquences pour l’environnement d’un tir dans l’espace sont incertaines. Si les missiles nucléaires ont la capacité de frapper un vaste espace, ils ne paraissent pas être les plus pertinents pour détruire une cible avec précision. « Le risque de destruction de votre propre satellite est élevé », prévient la spécialiste de la dissuasion.

L’intérêt de cibler les satellites

En revanche, cibler des satellites ennemis représente sans aucun doute un intérêt stratégique. 

« C’est une vraie menace, d’où les efforts français d’interdiction et de régulation. De nombreuses communications reposent sur les satellites, par exemple celles avec les sous-marins nucléaires », donne en exemple la responsable du Programme dissuasion et prolifération au Centre des études de sécurité de l’Ifri.

Quatre pays ont procédé à des tirs de missiles antisatellites depuis les années 2000 : les États-Unis, la Chine, l’Inde et la Russie, dont le dernier essai remonte à 2021.

> Lire l'article dans son intégralité sur le site Ouest France

 
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Héloïse FAYET

Héloïse FAYET

Intitulé du poste

Chercheuse, responsable du programme dissuasion et prolifération, Centre des études de sécurité de l'Ifri