Pour Israël, les dangers d’une opération terrestre d’envergure à Gaza
S’adressant à ses hommes postés à la frontière avec la bande de Gaza, jeudi 19 octobre, le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant leur a fait une promesse : «Vous voyez pour le moment Gaza de loin, vous la verrez bientôt de l’intérieur. L’ordre va venir.» Plus de deux semaines après l’attaque sanglante perpétrée sur leur sol par le Hamas, qui a fait plus de 1 400 victimes, les troupes israéliennes s’apprêtent à entrer dans l’enclave palestinienne. L’opération est préparée minutieusement par Tsahal, qui a massé près de la frontière des dizaines de milliers de soldats, ainsi que des chars et des blindés, mobilisé 360 000 réservistes, obtenu le soutien militaire des Etats-Unis et bombardé massivement l’enclave palestinienne, visant des cibles stratégiques mais tuant aussi plus de 4 650 personnes, selon la branche gazaouie du ministère palestinien de la Santé, sous la coupe du Hamas.
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Une opération extrêmement longue, coûteuse et usante
"A moins qu’Israël cherche à faire un coup d’éclat, je pense qu’on ne verra pas dans l’immédiat de colonnes de centaines de chars pénétrer dans Gaza", prévient Héloïse Fayet, chercheuse à l’Institut français des relations internationales et spécialiste des forces armées du Moyen-Orient.
"Certes, l’image serait très symbolique, mais ce serait surtout extrêmement dangereux car les chars sont vulnérables en milieu urbain. En 2014, certains avaient été détruits par des explosifs après avoir été bloqués dans une impasse."
Héloïse Fayet envisage plutôt une période d’«intensification des incursions par les forces spéciales pour acquérir du renseignement et faire des éliminations ciblées», puis «une phase plus musclée, avec plus de troupes au sol, l’infanterie, des brigades parachutistes, des unités du génie pour détruire les mines et l’utilisation de chars et de véhicules de transports de troupes».
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Dans ce contexte difficile, l’état-major israélien est contraint de mobiliser énormément d’hommes pour vaincre le Hamas (dont l’effectif est estimé à environ 30 000 hommes), au risque de se découvrir sur d’autres fronts, à l’heure où les tensions à la frontière avec le Liban se font plus pressantes. «Statistiquement, pour avoir une chance de prendre le contrôle de Gaza, l’armée israélienne a besoin de 200 000 soldats. Soit environ 40 % de Tsahal, réservistes compris. […] C’est une opération extrêmement longue, coûteuse, usante sur le plan matériel, physique et psychologique», explique Pierre Razoux.
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