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Militaires français morts en Irak : qu'est-ce que l'opération Chammal ?

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citée par Clément Machecourt dans

  Le Point
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Depuis le 18 août, trois militaires sont morts en Irak. Sur X (ex-Twitter), Emmanuel Macron a salué des soldats qui « défendaient nos idéaux ». « Face au terrorisme, la France ne reculera pas », a déclaré le ministre des Armées, Sébastien Lecornu.

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Un militaire français près de Mossoul en 2016.
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Ces militaires étaient engagés dans l'opération Chammal. Les objectifs de cette opération, lancée en 2014, ont évolué au fil des ans, de la défaite militaire de Daech à la lutte antiterroriste en passant par la formation de l'armée irakienne.

Coalition anti-Daech

En 2014, à l'invitation du gouvernement irakien, une coalition de 80 pays se forme avec pour objectif de reprendre les territoires pris par l'État islamique en Irak et au Levant (Daech) en Irak et en Syrie. Les États-Unis sont les principaux contributeurs, notamment avec une aviation qui effectue la grande majorité des bombardements. La France, via son opération Chammal, réalise 10 % des frappes aériennes, et appuie les troupes au sol avec des canons Caesar et des forces spéciales. L'engagement français est à son apogée entre 2015 et 2017, avec la reprise lors de cette dernière année des villes « capitales » de l'organisation terroriste : Mossoul (Irak) en juillet et Raqqa (Syrie) en octobre.C'est la fin du territoire du califat, Daech repasse à la clandestinité et le dispositif de l'opération Chammal baisse en volume. Il comprend désormais 600 militaires français, dont une centaine des forces spéciales, répartis entre l'Irak (Bagdad et Kurdistan irakien), la Syrie, la Jordanie, le Qatar, le Koweït et les Émirats arabes unis ; 10 Rafale (basés en Jordanie et aux Émirats arabes unis) et 1 frégate (mer Méditerranée). Des avions radar, de surveillance et ravitailleur viennent compléter ponctuellement le dispositif.

Menace contenue mais présente

Malgré tout, « la menace terroriste a été contenue mais elle reste présente », juge Héloïse Fayet, chercheuse spécialiste des forces armées au Moyen-Orient à l'Institut français des relations internationales (Ifri), autrice d'un rapport sur la posture stratégique de la France au Moyen-Orient. « Outre un objectif de stabilisation du pays, la France demeure aussi sur place afin d'éviter la résurgence du groupe, qui pourrait alors planifier à nouveau des attentats terroristes visant l'Europe depuis l'Irak et la Syrie. »

En août 2022, l'ONU rapportait que, bien qu'affaibli, Daech restait menaçant, avec jusqu'à 10 000 combattants, situés notamment dans le Nord-Est syrien et au centre-est de l'Irak. Preuve en est, la mort du sergent Nicolas Mazier, du commando parachutiste de l'air n° 10, le 28 août, lors d'une mission d'appui à la lutte antiterroriste. Quatre autres soldats français ont également été blessés ainsi que trois Irakiens dans l'affrontement, situé à une centaine de kilomètres au nord de Bagdad dans une zone connue pour abriter des djihadistes.

« Selon la presse irakienne, l'aviation aurait effectué des frappes contre une position connue de Daech, et les militaires français ont ensuite accompagné une unité de l'armée irakienne pour effectuer un battle damage assessment [évaluation des dégâts après opération, NDLR] », expose Héloïse Fayet. « C'est la procédure habituelle. »

Les soldats irakiens, accompagnés par des opérateurs des forces spéciales françaises, seraient alors tombés dans une embuscade. « Cela montre que Daech analyse et adapte ses modes d'action en fonction des habitudes de ses adversaires », décrypte la chercheuse. Il est en revanche trop tôt pour savoir si la présence des militaires français était connue ou non à l'avance par Daech.

Formation de l'armée irakienne

Outre la lutte antiterroriste, l'opération Chammal comporte un volet de formation de l'armée irakienne. C'est dans ce cadre d'activités « de conseil, d'assistance et d'autonomisation » que sont morts deux autres militaires français : le sergent Baptiste Gauchot du 19e régiment de génie, le 18 août, lors d'une sortie de route de son véhicule et l'adjudant Nicolas Latourte du 6e régiment du génie, le 20 août, en marge d'un exercice d'entraînement au combat en zone urbaine.

Cet accompagnement du partenaire irakien devrait s'intensifier dans les prochains mois. En Irak, le 18 juillet dernier, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait rencontré son homologue irakien et annoncé qu'une formation d'une durée de deux ans serait mise en place. Au total, 80 instructeurs français devraient former 2 100 militaires pour créer des « bataillons du désert ». « Cela devrait ressembler à des mini-GTIA [groupement tactique interarmes, NDLR] sur le modèle des formations effectuées par la task force Takuba, mais on a encore peu de détails », pointe Héloïse Fayet.

Un changement de paradigme néanmoins après plusieurs années où, faute de moyens suffisants, priorité était donnée à la formation d'unités d'élite, comme l'Iraqi Counter Terrorism Service, dont fait partie la célèbre Golden Division. Résultat, les unités conventionnelles ont été délaissées et n'étaient pas en mesure de tenir le terrain tandis que celles d'élites ont été suremployées.

« L'aspect militaire ne suffira pas pour éradiquer la menace, pointe toutefois Héloïse Fayet, la solution sera politique en répondant aux problèmes sociaux et économiques. »

> Retrouvez l'article sur le site du Point.

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Héloïse FAYET

Héloïse FAYET

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Chercheuse, responsable du programme dissuasion et prolifération, Centre des études de sécurité de l'Ifri