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Mer Rouge : « Les houthis sont soutenus par l’Iran, mais restent relativement indépendants »

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interviewée par Clément Machecourt pour

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Les rebelles houthis du Yémen font peser, depuis décembre 2023, une lourde menace sur le commerce mondial transitant par la mer Rouge avec des attaques par drones.
 
 
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Depuis l'attaque du Hamas du 7 octobre et par solidarité pour Gaza, les rebelles houthis au Yémen multiplient les attaques contre les navires croisant dans les eaux internationales de la mer Rouge. Ciblant officiellement les navires « liés à Israël », les tirs de drones ou de missiles antinavire visent en réalité n'importe quel bâtiment, civil ou militaire.
 
En réponse, les États-Unis ont lancé l'opération « Gardien de la prospérité » pour protéger cette zone où transite 40 % du commerce mondial. Quels rôles jouent l'Égypte et l'Arabie saoudite, qui paraissent bien discrets. Les attaques par drones entraînent-elles une réflexion sur la manière de mener le combat naval auprès des marines occidentales ? Éléments de réponse avec Héloïse Fayet, chercheuse à l'Institut français des relations internationales (Ifri), spécialiste de la géopolitique et des formes armées au Moyen-Orient. 
 
Les États-Unis ont lancé mi-décembre l'opération « Gardien de la prospérité » pour assurer la sécurité maritime internationale en mer Rouge. Pourquoi un pays comme l'Égypte, qui a un intérêt certain à voir le commerce international passer par le canal de Suez, ne s'investit-il pas davantage ?
 
Héloïse Fayet : L'Égypte fait partie de la Combined Maritime Forces (CMF) depuis 2021 et a commandé quelques mois la CTF 153, dont l'opération Prosperity Guardian est l'extension. Il s'agit de la plus grande marine d'Afrique et du Moyen-Orient, avec des bâtiments récents, notamment des frégates vendues par la France. Mais elle manque d'une réelle expérience opérationnelle et sa modernisation n'est pas terminée. De plus, sur le plan politique, il est probable que l'Égypte rechigne à renoncer à son apparente neutralité, et préfère conserver son rôle traditionnel de médiateur.
Même si le trafic maritime est partiellement en danger du fait des actions houthies, Le Caire juge probablement que la présence occidentale est pour le moment suffisante, et qu'un investissement visible aurait peu de bénéfices. Ils peuvent en revanche contribuer discrètement à l'opération, par exemple en fournissant du renseignement.
 
Et qu'en est-il de l'Arabie saoudite ?
 
Le calcul semble similaire, d'autant plus que la marine saoudienne est plus réduite qu'en Égypte, avec une expérience opérationnelle moindre. De plus, l'Arabie saoudite est toujours en négociations pour trouver un accord de paix durable avec les houthis, contre lesquels ils sont en guerre depuis 2015. De ce fait, que se passerait-il si un bâtiment de guerre saoudien était touché par un drone ou un missile houthi ? Ou un navire égyptien ? Une riposte semble peu probable. Malgré les conséquences économiques, cela apparaît encore comme un problème occidental.
 
Jusqu'à il y a encore peu, les navires de guerre détruisaient les drones ou les missiles. Dimanche 31 décembre, la marine américaine a détruit trois bateaux de pêche houthis en réponse à des attaques. Peut-on imaginer des frappes à terre sur des sites de lancement ?
Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont dit qu'ils étaient prêts à le faire. Si cela se fait, cela ne le sera pas dans le cadre de Gardien de la prospérité. C'est une opération qui reste consensuelle pour la liberté de navigation. Il faudrait que ce soit une décision prise par tous les participants.
 
L'Iran a envoyé une frégate en mer Rouge. Quel message le pays souhaite-t-il passer ?
 
Il s'agit de montrer qu'ils n'ont pas peur des bâtiments occidentaux, et qu'ils peuvent passer par là. C'est une façon aussi pour eux de tester les capacités radars des bâtiments occidentaux, les règles d'engagement, et de vérifier s'ils sont détectés ou non. La marine iranienne a de plus en plus d'ambitions : un de leurs bâtiments a, par exemple, réalisé un tour du monde récemment. Tout le nord de l'océan Indien et la mer Rouge peuvent être un théâtre d'activités pour cette marine.

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Héloïse FAYET

Héloïse FAYET

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Chercheuse, responsable du programme dissuasion et prolifération, Centre des études de sécurité de l'Ifri

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