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Les trois différends qui bloquent toujours les négociations sur le nucléaire iranien

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citée par

  Yves Bourdillon
Accroche

Un accord sur le nucléaire iranien est imminent, quasiment une question d'heures... depuis novembre dernier. Les négociateurs annoncent régulièrement être très près du but, à savoir le rétablissement du traité dit JCPoA de 2015 par lequel l'Iran acceptait de geler de manière vérifiable son programme nucléaire en échange d'une réintégration internationale.

Mais les obstacles semblent toujours aussi insurmontables, malgré la remise par l'Union européenne il y a huit jours d'une énième proposition de compromis, et la réponse optimiste de Téhéran, lundi, qui évoque pourtant juste un accord sur... le calendrier des négociations.

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A nuclear power plant in Iran.
A nuclear power plant in Iran.
Tasnim News Agency via Wikimedia Commons. CC BY 4.0. Cropped.
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L'espoir est ce qui meurt en dernier

Des sessions de négociations, il y en a eu une huitaine depuis l'arrivée au pouvoir, en janvier 2021, d'un Joe Biden déterminé à rétablir, sous conditions, le traité signé par les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France, d'une part, et l'Iran d'autre part, dénoncé unilatéralement par l'administration Trump en 2018. Huit sessions infructueuses, au printemps 2021, à l'automne, puis en février-mars dernier . Depuis lors, aucune avancée notable. Des discussions indirectes à Doha fin juin entre les Etats-Unis et l'Iran , qui n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1980, ont avorté en deux jours.

Et si le président français, Emmanuel Macron, a affirmé croire encore qu'un compromis était possible après un entretien il y a dix jours avec le président iranien, Ebrahim Raïssi, les chances « semblent de plus en plus minces », admet Héloïse Fayet, spécialiste du dossier à l'Institut français des relations internationales.

Trois obstacles majeurs

C'est que, derrière les déclarations officielles selon lesquelles il ne reste plus que quelques points à régler, demeurent trois différends de taille. Tout d'abord, les Occidentaux s'inquiètent de l'accumulation par Téhéran d'uranium hautement enrichi en riposte à la décision de Donald Trump. Alors que le traité JCPoA lui interdisait d'enrichir son uranium à plus de 3,67 % en isotope 235, celui utilisé dans les bombes atomiques, Téhéran a franchi en avril 2021 le seuil d'enrichissement de... 60 %.

Son stock a dépassé fin mai les 43 kg, suffisant po ur une bombe nucléaire, quoique de faible puissance. Mais l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), a annoncé lundi soir avoir démarré des centaines de nouvelles centrifugeuses, notamment de type avancé IR-6, pour accélérer encore ses activités d'enrichissement.

L'Iran est en fait déjà un pays dit « du seuil », explique Héloïse Fayet, « c'est-à-dire doté de la capacité de se doter en quelques semaines d'assez de matériel fissile pour une bombe, mais il lui faudrait encore franchir des étapes, qui prendraient un à deux ans, pour se doter d'une ogive opérationnelle, suffisamment miniaturisée, par exemple. Il n'est pas certain que Téhéran voudrait vraiment détenir une bombe, en raison des représailles que cela entraînerait, y compris militaires, alors qu'être un pays du seuil procure déjà des capacités de dissuasion ».

D'ailleurs, l'Iran a, pour la première fois, assumé récemment être un pays du seuil, par la voix d'un conseiller du Guide suprême, évoquant la « capacité technique mais pas la volonté de produire une bombe ».

Dès lors, on peut se demander même quel intérêt auraient les Occidentaux à signer un accord. Mais Héloïse Fayet fait valoir qu'un accord « obligerait normalement Téhéran à renoncer à son stock d'uranium hautement enrichi, même si son savoir-faire demeurerait… »

Un risque de prolifération

Autre pierre d'achoppement : Téhéran tient absolument à ce que les Gardiens de la Révolution, un corps politico militaire du régime aux nombreux intérêts économiques, soient retirés de la liste des organisations terroristes des Etats-Unis. Ce qui paraît impensable à Washington. En troisième lieu, Téhéran veut des garanties qu'un retour au pouvoir de Donald Trump ne permettrait pas à Washington de dénoncer de nouveau unilatéralement ce nouveau traité.

Si les négociateurs ne parviennent pas à conclure, en revanche ils ne peuvent se résoudre à assumer l'impossibilité d'un accord. Téhéran se raccroche à l'espoir d'une levée des sanctions qui étranglent son économie, tandis que les Occidentaux ne peuvent se résigner à ce que l'Iran se dote, malgré ses dénégations qui ne convaincront que les naïfs, de bombes atomiques. Cela ouvrirait la boîte de Pandore d'une éventuelle intervention militaire israélienne contre les sites nucléaires, considérablement durcis, de l'Iran. Sans oublier le risque d'une course à l'arme nucléaire des autres puissances de la région, Arabie saoudite, Turquie, ou Egypte.

Lire l'article sur le site des Echos.
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Héloïse FAYET

Héloïse FAYET

Intitulé du poste

Chercheuse, responsable du programme dissuasion et prolifération, Centre des études de sécurité de l'Ifri

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A nuclear power plant in Iran.
Tasnim News Agency via Wikimedia Commons. CC BY 4.0. Cropped.