Une relation particulièrement travaillée. Le président de la République Emmanuel Macron accueille ce lundi 10 février le Premier ministre indien, Narendra Modi, à l'occasion du sommet sur l'intelligence artificielle, qu'il co-préside avec lui à Paris. Le lendemain, tous deux s'envoleront vers le sud de la France pour un dîner à Cassis avant de passer la journée de mercredi à Marseille, ville chère au cœur d'Emmanuel Macron.

Trois jours en commun, qui s'ajoutent aux nombreuses rencontres entre les deux hommes. En 2023, Narendra Modi avait ainsi été l'invité d'honneur du défilé du 14 Juillet. C'est désormais la septième fois qu'il visite la France, la cinquième sous Emmanuel Macron. Le chef de l'État, lui, avait été l'invité d'honneur au Rajasthan et à New Delhi pour la fête de la Constitution indienne, l'an dernier.

L'Inde, premier partenaire de la France en Asie
De nombreuses visites officielles qui ne cessent de renforcer les liens entre les deux pays. 

"À première vue, il y a des différences importantes entre la France et l'Inde, qu'elles soient culturelles, historiques et géographiques", analyse Sylvia Malinbaum, responsable de la recherche sur l'Inde et l'Asie du Sud à l'Institut français des relations internationales (Ifri), auprès de TF1info. "Mais une idée rassemble les deux pays : celle d'une 'troisième voie'. Les Indiens ont une tradition de non-alignement, ils ne veulent s'aligner sur aucun bloc : ni les Américains, ni les Chinois. La France cultive aussi cette troisième voie."

Une idée commune qui relie les deux pays. Au point de multiplier les partenariats. Intelligence artificielle, lutte contre la pauvreté, réchauffement climatique... Emmanuel Macron ne cesse d'associer Narendra Modi, 74 ans, aux grands enjeux de la planète.

"La défense, le nucléaire, le spatial... La France et l'Inde coopèrent depuis les années 1960 sur ces secteurs avec un fort contenu scientifique", ajoute Sylvia Malinbaum. "Cela s'est amplifié ces dernières années. L'Inde est aujourd'hui le premier partenaire de la France en Asie."

"Nous avons besoin de l'Inde dans le concert international", assure l'Élysée.

Pour Paris, l'enjeu est aussi sécuritaire, car la France compte plusieurs territoires dans la zone Indo-Pacifique. Il est également commercial, l'Inde étant devenu le pays le plus peuplé du monde. 

"Pour la France, c'est un marché très important", poursuit Sylvia Malinbaum. "Quasiment toutes les entreprises françaises du CAC 40 sont implantées en Inde. Dans le même temps, les États-Unis mènent une guerre commerciale avec la Chine. L'Inde est donc un marché relais intéressant pour nos entreprises."

Et ce, en dépit des mises en garde fréquentes des défenseurs des droits sur la dérive autoritaire indienne et la discrimination croissante à l'égard des minorités religieuses. "Les sujets liés aux droits de l'homme sont relativement passés sous silence lorsque l'on voit le contenu de ces visites au sommet", constate la spécialiste. "Ces sujets sont peut-être discutés en off entre les équipes respectives des deux dirigeants."

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