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Le Mali enterre le G5 Sahel

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La junte au pouvoir à Bamako a annoncé « se retirer de tous les organes » de cette organisation régionale créée en 2014.
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Il fut pendant un temps le grand projet de Paris au Sahel, l’instrument par lequel la France pensait réduire massivement le nombre de ses soldats sur le terrain, centraliser les aides internationales et offrir aux armées locales les conditions pour opérer plus efficacement entre elles. Sans surprise, les autorités maliennes, engagées dans un processus de rupture méthodique avec la France, ont annoncé, dimanche 15 mai dans la soirée, « se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris la force conjointe ».

La raison invoquée par le porte-parole du gouvernement de transition n’est pas l’inanité de cette organisation régionale qui réunit depuis 2014, avec un fort appui français, le Mali, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Selon le colonel Abdoulaye Maïga, la décision de retrait a été prise par Bamako du fait « de l’opposition de certains Etats du G5 Sahel » à ce que le Mali prenne sa présidence tournante. Celle-ci aurait dû lui revenir en février.

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Sous sanctions

Sous sanctions économiques et diplomatiques de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), depuis le 9 janvier, en raison de son refus de proposer une échéance électorale inférieure à deux ans, brouillé avec la France depuis qu’il a fait le choix de se tourner vers la Russie, le Mali ne peut pas compter non plus sur la solidarité des autres putschistes du G5 Sahel. « Le Tchad et le Burkina Faso, qui veulent aussi allonger leur période de transition, prennent constamment soin d’insister sur les différences de leur situation avec le Mali », dit la source précédemment citée.

  • Envisagée par la France comme une structure de coordination régionale « légère », l’idée du G5 Sahel repose sur deux piliers, comme le rappellent Laurent Bansept et Elie Tenenbaum dans un récent rapport pour l’Institut français des relations internationales : le développement, qui « vise à attirer et coordonner les capitaux de l’aide dégagés pour la région », mais dont « le plan d’investissements prioritaires (…) est resté très largement lettre morte » ; et le sécuritaire, à travers la composition d’une force conjointe, composée d’une demi-douzaine de bataillons et chargée de mener des opérations antiterroristes transfrontalières.
  • Mais comme l’indiquent les deux chercheurs« d’un financement laborieux (…), la force conjointe souffre des mêmes problèmes que les armées dont ses unités sont issues. (…) Enfin, la fragilité politique des régimes avec les coups d’Etat au Mali et au Burkina Faso et la succession violente d’Idriss Déby au Tchad ont pesé sur les capacités de coopération, lorsqu’elles n’ont pas simplement conduit à une démobilisation ».

Dans les faits, la zone d’opération la plus sensible a toujours été ce que les stratèges nomment le « fuseau centre », là où se rejoignent les frontières du Mali, du Burkina Faso et du Niger, mais les tensions politiques entre le Niger et le Mali ou les rivalités historiques entre le Burkina Faso et le Mali ont sérieusement entravé la lutte contre les groupes djihadistes qui s’y sont implantés. Le Mali ayant désormais décidé de se retirer, le maintien de la force conjointe semble aujourd’hui sans intérêt.

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Rapprochement avec Moscou

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Comme le résume Richard Moncrieff, le directeur du programme Sahel d’International Crisis Group, « le G5 Sahel a été le produit d’un moment où l’architecture pouvait être conçue à Paris et où les parties étaient dépendantes les unes des autres, “Barkhane” se chargeant de l’élimination des chefs djihadistes, les casques bleus de la stabilisation et le G5 Sahel d’accélérer la coopération régionale et d’être la seule porte d’entrée de l’aide internationale. Ce moment est aujourd’hui passé ».

Plus symbolique que porteuse de réels changements opérationnels, tant la coopération entre le Mali et ses partenaires sahéliens s’est réduite, la décision de Bamako s’inscrit en revanche dans un clair processus de démantèlement d’une architecture sécuritaire portée par Paris. Rupture avec la force française « Barkhane », la force européenne « Takuba », dénonciation des accords de défense… Un virage concomitant du rapprochement avec Moscou et de l’arrivée des mercenaires du groupe Wagner, « des instructeurs russes » pour le pouvoir malien.

Le 16 mai au soir, un nouveau communiqué gouvernemental a annoncé qu’« une tentative de coup d’Etat » a été déjouée dans la nuit du 11 au 12 mai. Celui-ci dénonce « un groupuscule » de militaires « soutenus par un Etat occidental » ayant eu le « dessein malsain de briser la dynamique de refondation du Mali ».

 

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