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L'Allemagne, une puissance commerciale en péril

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citée par Mathieu Solal dans

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La locomotive allemande est à la remorque. Telle est la conclusion qui peut être tirée des dernières prévisions économiques de la Commission européenne, publiées mercredi dernier. Cette semaine, BLOCS se penche sur les causes de ces difficultés économiques, et sur leurs conséquences en matière de commerce et d’investissement, déjà bien palpables.

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DÉCROCHAGE : Les prévisions publiées mercredi par la Commission en disent long. Après un recul de 0,3 % en 2023, le PIB de l’Allemagne devrait seulement croître de 0,1 % en 2024, avant d’accélérer à 1 % en 2025. Des résultats qui devraient plomber la reprise économique de la zone euro, que la Commission évalue à 0,8% cette année et 1,4% l’an prochain.

Pour Pascal Thibaut, correspondant de Radio France Internationale en Allemagne, ces difficultés sont principalement liées à « un facteur extérieur conjoncturel massif : la fin de l’approvisionnement en gaz russe bon marché, qui représentait jusque-là l’un des piliers de l’économie allemande ».

Conséquence : une situation « inquiétante », en particulier pour « les industries énergivores », selon Marie Krpata, chercheuse au Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l’Institut français des relations internationales (IFRI).

« La production de l’industrie automobile a été réduite de 14%, celle du secteur chimique de 20%, note la chercheuse. La baisse de compétitivité allemande est aussi liée à l’attraction créée parallèlement par les Etats-unis avec l’Inflation reduction act ».

Ce paquet de 400 milliards de dollars en faveur du climat et de la santé adopté en 2022, avec d’énormes subventions pour l’industrie américaine, commence en effet à attirer les investissements étrangers vers les Etats-Unis, au détriment de l’Allemagne. La croissance américaine devrait ainsi atteindre 2,1% cette année, selon les prévisions du FMI, confirmant les craintes d’un décrochage de l’Union européenne.

 

LA FRANCE PRISÉE : Les entreprises allemandes choisissent aussi de s’installer dans des pays de l’UE. Exemple édifiant : le fabricant d’articles électroménager de luxe Miele, qui a récemment annoncé une délocalisation de grande ampleur en Pologne, avec une perte de 2700 emplois à la clé.

D’autres grands groupes comme Bosch, ZF ou Continental, ont fait des annonces similaires, provoquant la crainte dans le tissu des PME industrielles dont l’activité dépend de ce genre de mastodontes outre-Rhin.

D’autres, encore, optent pour la France, à l’instar du groupe d’installation électrique Hager qui va y investir plusieurs dizaines de millions d’euros, et salue le dynamisme de l’Hexagone en faveur de la réindustrialisation. L’Allemagne occupe ainsi la deuxième place derrière les Etats-Unis au classement des investisseurs étrangers en France.

À ces facteurs alarmants s’ajoute « une économie chinoise moins dynamique que dans le passé, ce qui nuit à l’industrie allemande, qui y exporte beaucoup », explique Pascal Thibaut, créateur de la newletter Lettre d’Allemagne (partenaire de Blocs au sein du média Footnotes). La relation entre les deux pays est ainsi toujours plus complexe (BLOCS#20).

 

DOSSIER CHINOIS : Face à ces difficultés, le gouvernement mené par le social-démocrate Olaf Scholz ne trouve pas de réponses à la hauteur. Sur le dossier chinois, par exemple, la coalition qui mêle sociaux-démocrates, Verts et libéraux, peine à mettre en œuvre la stratégie de de-risking adoptée il y a presque un an.

« On a pu lire récemment le PDG de Mercedes, Ola Kaellenius, expliquer dans une interview au média officiel China Daily que pour lui, le de-risking signifie encore plus d’investissements en Chine, explique Marie Krpata. Il y a un profond hiatus entre ce que fait l’industrie et ce qu’essaient de mettre en place les politiques ».

Si la stratégie de diversification se développe à petit pas, l’Allemagne semble réticente à aller jusqu’à sanctionner la Chine pour sa surproduction, notamment dans le secteur des véhicules électriques.

« J'aimerais souligner qu'actuellement, au moins 50 % des importations de véhicules électriques en provenance de Chine sont le fait de marques occidentales qui les produisent elles-mêmes et les importent en Europe » a notamment pointé Olaf Scholz la semaine dernière.

La Commission européenne, qui mène plusieurs enquêtes sur les surproductions chinoises, ne devrait ainsi pas recevoir beaucoup de soutien de Berlin.

 

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  • Lire l'article sur le site de BLOCS.

 

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Marie KRPATA

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