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Guerre Israël - Hamas: les cinq scénarios du Proche-Orient

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Comment imaginer le "jour d’après", alors que la guerre fait rage à Gaza, que les bombes pleuvent sur le sud de cette étroite bande de terre et que l’espoir de nouvelles libérations d’otages s’éloigne avec la fin de la trêve ? Il y aura pourtant un lendemain, même si aucune des deux parties n’est encore en mesure de l’envisager.

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Certes, il est difficile d’imaginer ce qu’il va se passer dans les prochaines semaines, tant le brouillard de la guerre obscurcit l’horizon. Mais l’exercice n’en est pas moins utile pour se projeter. Voici cinq scénarios qui nous semblent probables, à plus ou moins longue échéance. Ils suggèrent le pire, mais explorent aussi des perspectives porteuses d’espoir. D’une gouvernance internationale à la solution à deux États, voici le champ des possibles.

 

Scenario 1. Gaza, une guerre qui s'éternise

 
Ce scénario, envisagé par plusieurs experts, serait un cauchemar pour Israël : après plusieurs mois d’opé ration, les forces de l’Etat hébreu ne par viennent pas à remplir leur objectif « d’éradication du Hamas ». Malgré la supériorité de leur armée, les soldats de Tsahal n’ont d’autre choix que de continuer à livrer une longue et éreintante bataille dans les ruines et tunnels parsemant l’enclave palestinienne, où résistent, encore, une partie des combattants du groupe terroriste
 
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Scenario 2. Une occupation de Gaza par Israël
 
Après avoir vaincu militairement le Hamas, Israël occupe l’enclave palestinienne. « II ne serait pas improbable qu’Israël se retrouve alors coincé à Gaza, avance Ghaith al-Omari, chercheur au Washington Institute. S’ensuivrait une longue période au cours de laquelle Israël aurait la charge de contrôler la situation au quotidien. » Dix-huit ans après son retrait de l’enclave, en 2005, jusqu’où ce contrôle pourrait-il aller? « Une annexion de Gaza me semble peu crédible, estime Jean-Loup Samaan, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (Ifri). En revanche, une occupation de facto, à l’image de celle du Sud Liban après l’opération israélienne de 1982, l’est davantage. ». Cette possibilité trouve déjà des défenseurs au sein de la population israélienne. Selon un récent sondage du Jewish People Policy Institute, un tiers des juifs israéliens seraient favorables à un contrôle de Gaza à la fin de la guerre.
 
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Scenario 3. Un embrasement régional
 
Un scénario catastrophique pour Israël comme pour ses alliés occidentaux :le conflit à Gaza entraîne dans son sillage un embrasement de la Cisjordanie et des pays de la région, avec l’entrée en guerre du Hezbollah libanais et de son allié iranien. « Tant en vies humaines qu’en destructions matérielles, ce serait désastreux pour l’ensemble des parties, pose Hugh Lovatt, spécialiste du Moyen-Orient à l’European Council on Foreign Relations. Et l’on assisterait à une déstabilisation régionale qui aurait un impact sur les intérêts israéliens, américains, mais aussi probablement européens. » Deux mois après le déclenchement de la guerre, ce scénario n’est toutefois pas le plus probable, selon certains observateurs.
 
« Si un embrasement régional avait dû se produire, il aurait déjà eu lieu, juge Jean-Loup Samaan, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (Ifri). On ne peut malgré tout pas complètement exclure un risque d’escalade lié à une erreur de calcul des forces en présence, comme une frappe du Hezbollah qui tuerait de nombreux civils israéliens et conduirait à une riposte féroce d’Israël, puis à un engrenage de violence. »
 
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Scenario 4. Une gouvernance internationale sur Gaza
 
L'idée est sortie du chapeau d’Antonio Guterres, le 20 novembre. Selon le Secrétaire général des Nations unies, la communauté internationale devra, lorsque les armes se tairont, envisager une « période de transition » à Gaza, assurée par une« coalition d’acteurs », en premier lieu américain et arabes. Une perspective qui n’a pas vraiment emporté l’adhésion, tant elle semble périlleuse. Déjà, pour des questions de sécurité.
 
« Qui va déployer des soldats à Gaza, au risque d’être perçu àla fois comme une force d’occupationet un com plice de l’armée israélienne ? relève Jean Loup Samaan, chercheur à l’Ifri. Des casques bleus ? Difficile à imaginer :ils ont déjà du mal à opérer au Liban, alors que la situation y est moins compliquée. »
 
D’ailleurs, Guterres, prudent, a exclu tout « protectorat de l’ONU ». De son côté, le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a déclaré lors du récent Forum sur la sécurité de Manama (Bahréin) « qu’aucune troupe arabe » ne serait déployée à Gaza après la guerre. Alors? «On pourrait s’inspirer du modèle de la Force multinationale d’observateurs au Sinaï, mise en place en 1982 après le traité de Camp David, qui regroupe 11pays », suggère Michael Harari, ancien ambassadeur israélien. Un tel schéma supposerait bien sûr que le Hamas soit défait - mais, aussi, Antonio Guterres a proposé qu’une « coalition d’acteurs »assure une transition. que les objectifs d’une telle mission soient clairement définis. S’agira-t-il de maintenir l’ordre public ?De contrôler l’aide humanitaire ? De gérer des hôpitaux? « Très bien, mais jusqu’à quand ?Personne, pas même Israël, n’est capable de le dire. Quel gouvernement, dans ces conditions, se risque rait à envoyer des soldats, s’il n’y a pas d’échéances? » réfute Khalil Shikaki, directeur du Palestinian Center for Policy and Survey Research, à Ramallah, qui estime, comme nombre d’experts, qu’une telle option restera irréaliste tant qu’il n’y aura pas d’horizon politique à Gaza.
 
« Quelle est la finalité ? Le retour d’une solution à deux Etats ? Sans cette garantie, un tel projet ne verra jamais le jour »,reprend Jean-Loup Samaan, qui ajoute un autre paramètre à l’équation : le coût, colossal, de la reconstruction. « Ces deux dimensions ne peuvent être pensées l’une sans l’autre. ».
 
En définitive, il n’y aura pas de coalition internationale tant qu’il n’y aura pas d’accord de paix.
 
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Jean-Loup SAMAAN

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Ancien chercheur associé, Programme Turquie/Moyen-Orient de l'Ifri