Guerre Israël-Hamas : forces et faiblesses de Tsahal pour une offensive terrestre massive à Gaza
Alors que l’armée israélienne masse ses troupes autour de la bande de Gaza, les spécialistes militaires soulignent la supériorité aérienne de l’Etat hébreu, mais s’interrogent sur ses réserves en munitions et en effectifs.
Depuis la vaste riposte militaire lancée par Israël sur la bande de Gaza, à la suite de l’attaque menée par le Hamas sur le territoire de l’Etat hébreu, le 7 octobre – on compte un total de 1 400 victimes côté israélien et 2 670 côté palestinien –, le niveau de ressources dont l’armée israélienne dispose pour mener l’importante offensive terrestre annoncée par les autorités est suivi de près par les analystes militaires.
La principale force de l’armée israélienne est son aviation. Avec une flotte composée principalement de F-16 américains (neuf escadrons, soit environ 180 avions) mais aussi de F-35 (deux escadrons) – comptant parmi les avions les plus avancés technologiquement de la planète –, et une proximité géographique directe avec Gaza, l’Etat hébreu a toujours bénéficié d’une forte supériorité militaire sur l’enclave palestinienne ; ce qui lui a permis, ces dernières années, d’enchaîner les opérations punitives contre le Hamas sans prendre de risques importants.
Ces forces aériennes sont aussi dotées d’hélicoptères d’attaque (deux escadrons d’Apache) et d’une flotte de drones, allant de simples appareils de surveillance pour aider au guidage de tirs d’artillerie à des engins armés, associant capacités de renseignement et de frappe. L’armée israélienne dispose en outre d’un stock de drones-kamikazes (de type Harop et Harpy), aussi appelés « munitions rôdeuses », capables de suivre de manière autonome un objectif en mouvement puis de fondre sur lui pour le neutraliser.
Cette fois, Israël semble avoir décidé de procéder différemment, avec une opération incluant l’entrée dans Gaza de troupes au sol. Un pari risqué, alors que ces quinze dernières années son armée ne s’est que rarement lancée dans des incursions terrestres, sauf de manière éclair sur des cibles très précises.
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Le précédent de la reconquête de Mossoul en 2016-2017
Si elle lance une offensive terrestre, l’armée israélienne pourra compter sur sa puissante infanterie mécanisée (sept brigades d’environ 3 000 hommes chacune). Ces colonnes de blindés, suivies de véhicules légers entourés de fantassins, pourraient être en mesure de s’aventurer dans Gaza, selon une méthode éprouvée sur d’autres théâtres, notamment lors de l’offensive contre l’organisation Etat islamique et la reconquête de Mossoul par l’armée irakienne en 2016-2017. La méthode consiste à avancer sans emprunter les voies de circulation existantes – trop exposées – en détruisant tous les immeubles sur son passage, ce qui implique une progression très lente, de vingt mètres par heure, de 300 à 400 mètres par jour.
Mais pour ce type d’opération, il faut des soldats très entraînés. Or l’armée de terre israélienne ne compte que 26 000 personnels d’active dans les unités de combat. L’essentiel de ses forces vives est constitué de conscrits – autour de 100 000 personnes. « Sauf à engager d’emblée des brigades de réserve, Israël aura du mal à aligner plus de 30 000 militaires au sol. Or le Hamas est en mesure de rassembler de 7 000 à 10 000 combattants et autant de miliciens. Le tout sur un terrain préparé, miné d’engins explosifs », reprend M. Goya. « Les pertes israéliennes peuvent se chiffrer à plusieurs centaines, estime une source militaire. Il faut voir si le pouvoir politique est prêt à les assumer. »
Les autorités israéliennes ont rappelé quelque 360 000 réservistes sur un total de 460 000 : des hommes et des femmes âgés de 18 à 40 ans qui passent par des sessions d’entraînement chaque année. « L’enjeu est de savoir si tous ces réservistes, qui doivent être répartis entre Gaza, la frontière avec le Liban et la Syrie, et la Cisjordanie, seront en mesure de tenir d’éventuels fronts multiples », explique Héloïse Fayet, chercheuse à l’Institut français des relations internationales, et spécialiste des forces armées du Moyen-Orient.
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