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Guerre en Ukraine : un conflit armé entre la Russie et l’Otan imminent ? « La Russie a les yeux rivés sur l’Europe »

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Décryptage avec Dimitri Minic, chercheur au Centre Russie/Eurasie de l’Ifri et spécialiste de la pensée stratégique russe, sur la révélation des renseignements allemands, qui jugent "imminente" la menace d'un conflit armé entre la Russie et l'Otan.

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Soldats russes le jour du serment militaire dans l'armée
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Moscou a multiplié les menaces envers l’Otan ces dernières années, mais jusqu’ici, on a toujours eu l’impression que Vladimir Poutine ne mettrait pas ses menaces à exécution. Est-ce que quelque chose a changé récemment ? Peut-on considérer, comme les renseignements allemands, qu’il y a un risque sérieux de conflit militaire armé avec l’Otan ?

La possibilité d’une guerre entre la Russie et l’Otan redevient crédible pour Moscou depuis février 2022. L’armée russe se prépare à cette éventualité en augmentant ses effectifs, ses budgets et en réorganisant son " command and control ". Le Kremlin s’organise, y compris au niveau de sa doctrine nucléaire, pour atteindre deux objectifs : gagner la guerre en Ukraine et générer assez de forces militaires aux frontières des Etats baltes et de la Finlande. Si l’objectif de victoire en Ukraine accapare toute l’attention occidentale et concentre les forces vives de Moscou, il ne faut pas ignorer l’objectif à moyen à long terme de Moscou car il pourrait conduire à un démantèlement de l’architecture de sécurité européenne et euro-atlantique.

Qu’est ce qui dérange la Russie par rapport à l’Otan ? Est-ce qu’il y a une impression au sein du régime russe que l’alliance se rapproche trop de son territoire ?

La perception russe de l’Otan est double. Premièrement, les dirigeants russes sont persuadés que les Occidentaux conspirent jour et nuit contre le Kremlin pour provoquer la chute de la Russie ; il paraît donc crédible pour eux que l’Ouest décide de s’en servir directement contre leur pays, dont la puissance militaire théorique reste très inférieure à celle d’une Otan unie.

D’autre part, Moscou voit l’Otan comme un obstacle à l’expansion de l’influence russe dans l’espace post-soviétique et en Europe. C’est l’extension libre de son influence que le Kremlin entend par "assurer notre sécurité".

Comment une escalade vers un conflit armé pourrait-elle se manifester ? Qui Moscou pourrait-elle cibler ? Éprouvée par deux ans de guerre, la Russie a-t-elle les moyens de se lancer dans un nouveau conflit armé ?

Les ambitions de Moscou ne se bornent pas à l’Ukraine, même si la Russie devra sortir " victorieuse " de la guerre en Ukraine avant de s’engager dans d’autres opérations. Les pays Baltes, talon d’Achille de l’Otan, seraient une cible privilégiée. La Russie a les yeux rivés sur l’Europe. Son expansion dans le " Sud Global " est davantage un levier – que le Kremlin peut actionner pour confronter l’Occident, qui y est historiquement honni et révéré à la fois – qu’une fin en soi.

Moscou n’ignore pas que les élites et les populations en Occident sont divisées et a priori peu enclines à s’engager dans une confrontation ouverte avec la Russie. Celle-ci est persuadée, en revanche, que l’Occident lui mène une guerre indirecte et qu’il faut y répondre par les mêmes moyens : les théoriciens militaires russes ont passé les trente dernières années à mettre en termes " stratégiques " cette croyance, à travers la théorisation du contournement de la lutte armée. C’est par cette voie que le Kremlin cherche à démanteler l’Otan. Cela n’exclut pas, néanmoins, des provocations militaires directes ou indirectes pour tester la résistance de l’Alliance, et/ou un emploi direct et soudain de la force armée pour achever la phase indirecte d’une guerre déjà en cours contre l’Occident.

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Journaliste(s):

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Sabrina El

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Dimitri MINIC

Dimitri MINIC

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Chercheur, Centre Russie/Eurasie de l’Ifri