Guerre en Ukraine : trois ans après l'invasion russe, la montée des courants antisystème et d'extrême droite fragilise la famille européenne
L’enlisement du conflit, la fatigue des opinions publiques, la crainte de l’escalade jouent en faveur de Moscou et au détriment de l’Europe, au moment où celle-ci est lâchée par son allié américain. Une ligne de fracture se creuse sur le continent entre les Etats résolus à se protéger des appétits du prédateur russe et les adeptes de l’apaisement envers le régime de Vladimir Poutine. Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du Centre Russie/Eurasie, analyse les vulnérabilités de certains pays européens face à l'ingérence russe et les moyens mis en place pour contrer cette influence russe sur le territoire européen.
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Cette partie de l’Europe est aujourd’hui le terrain d’un bras de fer géopolitique où personne ne se sent à l’abri. Les tensions se manifestent parfois là où on ne les attend pas, comme le montre l’exemple de la Roumanie, pays très ancré dans l’UE et dans l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord [OTAN], qui a dû annuler [le 6 décembre 2024] l’élection présidentielle pour cause d’ingérence russe.
La Moldavie pourrait être le prochain coup sur l’échiquier de la lutte d’influence entre Moscou et Bruxelles. Ce pays a plusieurs facteurs de vulnérabilité : la pauvreté, le nombre de russophones qui suivent les médias du Kremlin et une région sécessionniste de longue date, la Transnistrie.
De la Hongrie à la Géorgie, l’UE a fort à faire pour rivaliser avec la Russie et sa boîte à outils, allant de l’attrait du gaz aux manipulations électorales, en passant par la captation des réseaux sociaux et l’instrumentalisation des minorités.
Pour pousser son avantage, le Kremlin profite aussi des « fragilités des démocraties, qu’il sait très bien exploiter ». Paris a mis du temps pour fermer les médias pro-Kremlin comme Russia Today [RT] et Sputnik. A présent, Xenia Fedorova, l’ancienne directrice de RT France, publie un livre dans lequel elle dénonce les « atteintes à la liberté d’expression » en Europe. Des médias complotistes ont pignon sur rue dans les pays européens.
Des agences destinées à contrer les ingérences numériques étrangères ont été créées sur le territoire européen, comme la française Viginum, mais l’investissement est insuffisant, et cette lutte se heurte en interne à l’opposition de forces considérant que les vrais risques sont les migrants et non la Russie. Ces forces sont les meilleurs alliés du régime russe.
Article à lire en intégralité sur le site du Monde.
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