Fin des moteurs thermiques en Europe, un débat électrique. Épisode 2/4
En votant l'interdiction de la vente des moteurs thermiques d'ici 2035, l'Union européenne a obligé les constructeurs du continent à miser sur la voiture électrique. Mais entre concurrence chinoise et réticences de certains géants allemands de l'automobile, quel sera le coût la transition écologique ?
- Marie Krpata, chercheuse à l’IFRI, au Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa)
- Tommaso Pardi, codirecteur du GIS Gerpisa (Groupe d'Etudes et de Recherche Permanent sur l'Industrie et les Salariés de l'Automobile) à l'ENS Cachan
- Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste au cabinet BDO, docteure en sciences économiques EHESS et professeure d'économie à la Sorbonne
Le 27 mars dernier, l’Europe adoptait définitivement une des mesures phares de son Pacte vert, destiné à atteindre la neutralité carbone en 2050 : l’interdiction de la vente de moteurs thermiques d’ici à 2035. Un règlement adopté non sans règlements de comptes dans l’atmosphère feutrée des couloirs des institutions européennes. Poids lourd industriel et politique du continent, l’Allemagne a en effet un temps bloqué l’adoption du texte sous l’influence du parti libéral FDP, très soucieux de la préservation du secteur automobile, fleuron de l’économie du pays.
Comment l’Union européenne et ses États-membres arbitrent-ils entre objectifs climatiques et réalités socio-économiques ? Bien installée sur le marché de la voiture thermique, comment compose-t-elle avec la nouvelle concurrence des constructeurs chinois, très en avance sur le créneau de la voiture électrique ? Et enfin, au sein même de l’Union européenne, quels rapports de force se jouent actuellement entre Bruxelles, les États membres et les géants du secteur automobile ?
- Marie Krpata revient sur les enjeux de politique intérieure allemande qui ont conduit la plus grande économie d'Europe à faire pression pour obtenir une clause d'exception pour son industrie automobile : "Volker Wissing, le ministre des transports allemand, est affilié au parti libéral du FDP. Il a été particulièrement actif dans ce travail de lobbying, mené pour défendre les intérêts des électeurs du FDP. Le parti libéral allemand est en effet en mauvaise posture : il a perdu les cinq dernières élections dans des länder allemands. Or le FDP est considéré comme le "parti de l'automobile". Il a donc tenté de renouer avec sa base électorale, faite d'entrepreneurs, en défendant les intérêts de l'industrie automobile allemande."
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