Drones en Ukraine et en Russie : "Il y a une démocratisation de cette technologie"
La Russie accuse Kiev d'avoir voulu assassiner Vladimir Poutine dans une attaque de drones sur le Kremlin mercredi 3 mai. Léo Péria-Peigné, chercheur au Centre des études de sécurité de l’Ifri et spécialiste de l’emploi des systèmes d’armes, était l'invité du 6h20 de France Inter ce jeudi 4 mai.
S'il y a bien eu une attaque de drones hier comme le dit Moscou, on se demande comment [les Ukrainiens] ont-ils pu s'approcher si facilement du dôme du Kremlin ?
"Il est probable que les drones n'aient pas été lancés d'Ukraine car a priori ce sont des drones trop petits et les directions ne concordent pas forcément - et auquel cas cela voudrait dire que la défense antiaérienne russe a de grosses difficultés - donc on partirait plutôt sur des drones lancés plus près, aux alentours de Moscou probablement. [Cela] peut être par des Ukrainiens, peut-être aussi par des acteurs russes qui cherchent à monter un coup politique qui leur permettrait ensuite de justifier des actions plus violentes ou des tentatives notamment sur la personne du président Zelensky.", explique Léo Péria-Peigné.
On a beaucoup parlé à une époque des avions furtifs capables de ne pas être detectés par les radars, est-ce que là on a affaire à des drones "furtifs" ?
"Oui cela existe, mais disons que des drones de cette taille là - vu leur petite taille tout simplement - seront souvent furtifs, ou du moins plus difficiles à détecter que des avions qui sont souvent beaucoup plus gros. Il existe des drones ayant des formes furtives qui sont plus gros, notamment l'un de ceux que la Turquie a présenté ces dernières semaines, mais là on est sur des technologies différentes et des systèmes beaucoup plus imposants. Ce qu'on a vu hier, autour de Moscou, cela reste a priori des systèmes beaucoup plus petits qui vont compter sur leur taille pour assurer une forme de furtivité.", répond Léo Péria-Peigné.
Il y a une attaque encore ce matin contre une raffinerie dans le sud de la Russie, une attaque hier donc - vraie ou fausse - sur le Kremlin... Le drone est-il la nouvelle arme de guerre ?
"Non, les drones font partie de l'arsenal au moins des grandes puissances, et de plus en plus des puissances moyennes depuis 25, 30, voire 40 ans. Maintenant, ce qui arrive en ce moment, c'est une démocratisation de ces technologies, avec leur utilisation de plus en plus systématique. À mon sens, le premier conflit conventionnel qui a vu l'utilisation systématique et intégrée de drones ou de technologies dronisées reste celui du Haut-Karabagh en 2020, entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. La guerre en Ukraine a repris beaucoup de ces éléments et les a systématisés encore plus, et les a diversifiés. Aujourd'hui vous avez des drones utilisés à tous les échelons : du micro-tactique (les tout petits drones) à l'opérationnel, voire au stratégique (les drones beaucoup plus gros et de toutes tailles).", analyse Léo Péria-Peigné.
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