Stratégie et présence économiques des Etats-Unis au Maghreb
Avant les attentats du 11 septembre, les rapports entre les Etats-Unis et le Maghreb tendaient à se renforcer. Après avoir longtemps cédé le champ au partenaire "naturel" européen, l'action américaine au Maghreb s'inscrivait alors dans une dynamique déclenchée deux ans plus tôt par un membre de l'administration Clinton, Stuart Eizenstat, en vue de réduire les obstacles intrarégionaux et stimuler les investissements américains vers une région où ils sont peu représentés. Washington donnait ainsi l'impression de s'impliquer davantage pour promouvoir l'émergence d'un marché maghrébin fort, complémentaire et intégré à l'économie mondiale.
Après le 11 septembre, l’attente des régimes du Maghreb vis- à-vis des États-Unis était de nature sécuritaire. Les États-Unis se sont donc engagés dans un double combat, économique et politique, l’Administration Bush attendant de ces pays qu’ils fassent preuve de rigueur dans le domaine de la bonne gouvernance et dans celui de la lutte contre le terrorisme, les rapports économiques étant tout au plus utilisés comme des rouages au service d’intérêts plus globaux.
Mais progressivement, le thème de la bonne gouvernance a cédé le pas à une approche plus pragmatique axée sur le formatage des acteurs économiques et sociaux des pays visés tout en préservant une relation étroite avec les régimes dominée par la question sécuritaire. Les offensives menées par Washington au Maghreb n’ont entraîné ni l’émergence d’une activité diplomatique américaine rénovée, attendue dans la région, ni un essor des échanges commerciaux. À l’inverse, elles ont exacerbé un peu plus la compétition entre l’Algérie et le Maroc qui ont tenté de répondre au mieux à l’offre économique américaine même si celle-ci ne collait pas forcément à leurs besoins.
Les États-Unis, solidement implantés au Maghreb, comptent davantage sur l’influence qu’ils peuvent avoir sur des changements structurels de la vie économique et sociale des pays du Maghreb que sur d’éventuels bénéfices commerciaux pour leurs entreprises. Même s’ils sont en nette hausse dans la période 2004-2008, les échanges avec les États-Unis demeurent marginaux pour les pays du Maghreb en comparaison de la vitalité et de la diversité des liens économiques établis avec l’UE (Accord de libre-échange [ALE], statut avancé, Union pour la Méditerranée [UpM], accord d’association). Les Américains ne sont pas dupes et savent bien que, malgré une action robuste, leurs échanges commerciaux ne seraient pas plus importants.
Toutefois, la volonté originelle d’Eizenstat de promouvoir un marché maghrébin fort, complémentaire et intégré, a été quelque peu éludée ces dernières années. Peut-être les Américains, contraints par la géographie et par l’histoire, laissent-ils aux Européens le soin de relever et d’accompagner la construction politique et économique de la sous-région.
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