Sanctions and the End of Trans-Atlanticism. Iran, Russia, and the Unintended Division of the West
Les sanctions secondaires sont devenues l’instrument principal de découplage des objectifs politiques poursuivis par les États-Unis et l’Union européenne vis-à-vis de l’Iran et de la Fédération de Russie.
Le recours systématique à des sanctions unilatérales par les États-Unis peut avoir des conséquences géopolitiques paradoxales, ce qu’illustre parfaitement le cas des sanctions imposées à la République islamique d'Iran et la Fédération de Russie dans le domaine de l'énergie. Premièrement, l'Iran et la Russie ont démontré leur résilience et leur capacité d’adaptation. Téhéran a élaboré la doctrine de « l’économie de résistance » pour rendre l'Iran résistant aux chocs économiques et réduire sa dépendance à l'égard d'un seul produit.
De son côté, la Russie a fait un effort d’adaptation pour réduire sa dépendance au dollar, ce qui lui a permis d’offrir une nouvelle perspective aux entreprises européennes et asiatiques dans le secteur du gaz, créant un précédent avec le cas de Total. Certaines entreprises européennes sont désormais prêtes à entrer dans des partenariats basés sur ces règles – tout au moins dans le secteur du gaz, car le pétrole reste trop dépendant du dollar.
Deuxièmement, les différences d'approche entre les États-Unis et l'Europe sur les objectifs poursuivis à l’égard de l'Iran et de la Russie ont affecté la relation transatlantique. Les sanctions secondaires, imposées à l'Iran et à la Russie sont devenues le principal vecteur de découplage entre les objectifs politiques américains et européens et a amené ces derniers à réagir. D'une part, le coût imposé aux Européens par les sanctions secondaires américaines est perçu comme trop élevé par les entreprises européennes. D'autre part, les Européens ne sont pas prêts à supporter les conséquences des conflits de politique intérieure américaine. Tout cela pourrait contribuer à relancer le projet européen, en déclenchant un débat sur la nécessité pour les pays européens de protéger leur souveraineté économique. Le projet de « Green Deal » européen pourrait constituer un thème fédérateur permettant de relancer le projet européen et de faire de l'Europe un acteur géopolitique à part entière.
Ce contenu est disponible en anglais : "Sanctions and the End of Trans-Atlanticism. Iran, Russia and the Unintended Division of the West"
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Rawi Abdelal is the Herbert F. Johnson Professor of International Management at Harvard Business School and is the Director of the Davis Center for Russian and Eurasian Studies. His primary expertise is international political economy, and his research focuses on the politics of globalization and the political economy of Eurasia. Professor Abdelal is a faculty associate of Harvard's Weatherhead Center for International Affairs and de Gunzburg Center for European Studies, and he serves on the executive committee of the Davis Center.
Aurélie Bros is a lecturer at Harvard University and a Senior Fellow at the Davis Center for Russian and Eurasian Studies, where she is leading the Energy Project. This research program sheds light on the energy transition in Eurasia. An energy expert with ten years’ experience in the development of Eurasian and global energy markets, she has worked in international public service (European Commission and French Ministry for Energy), academia (Higher School of Economics in Moscow), think tanks , and the private sector. In addition to her research and policy work, Aurélie is actively engaged in European affairs, including the Franco-German dialogue.
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