La recomposition de la politique étrangère turque en Afrique subsaharienne : Entre diplomatie publique et acteurs privés
La présence économique et diplomatique de la Turquie en Afrique est méconnue. Elle participe d'une tendance forte de ces vingt dernières années : l'investissement de pays émergents dans les économies africaines, venant ainsi concurrencer les partenaires historiques de ces pays.
La présence économique et diplomatique de la Turquie en Afrique est méconnue. Elle participe d'une tendance forte de ces vingt dernières années : l'investissement de pays émergents dans les économies africaines, venant ainsi concurrencer les partenaires historiques de ces pays
Ainsi, la part des échanges commerciaux menés par l’Afrique avec les puissances émergentes est passée de 23 % à 36,5 % entre 2000 et 2009. Sur la même période, la part des partenaires traditionnels est passée de 77 % à 63,5 %. Ce mouvement s’insère dans la multiplication, observée ces dernières années, des échanges économiques, mais aussi diplomatiques et culturels entre des régions dites du Sud.
Depuis une quinzaine d'années, la Turquie a vu son économie se développer très rapidement. Son produit intérieur brut (PIB) a été multiplié par 4 depuis 20015, et elle a réussi à diminuer son inflation (qui avait explosé lors de l’effondrement de son économie au début des années 2000). La croissance moyenne du pays entre 2008 et 2012 se situe autour de 5 %. Ses exportations ont augmenté de 18% au cours de la crise, faisant de la Turquie l’un des pays de l'OCDE ayant eu les meilleures performances économiques durant cette période. Cette bonne santé économique se manifeste aussi dans sa politique économique extérieure qui lui permet d'être relativement épargnée par la crise mondiale, à la différence des pays européens.
Depuis 1998, la Turquie a initié une politique baptisée " Ouverture à l’Afrique ", visant à développer les liens économiques, politiques et culturels avec l'Afrique. Cette politique s'intègre dans la stratégie de puissance turque, aujourd’hui 17e économie mondiale. L’ouverture à l'Afrique, principalement mue par des intérêts économiques, répond aussi à des enjeux diplomatiques, Dans cette conception de la politique étrangère, les acteurs privés sont considérés comme partie prenante de l’expansion de la puissance turque en Afrique.
Dans cette e-note, nous développerons l’hypothèse qu’il existe une convergence de la diplomatie et des acteurs privés turcs correspondant aux intérêts réciproques de ces groupes d’acteurs dans la mise en place d’une dynamique d’action offensive concernant l’Afrique. Il semble qu’une communauté d’intérêts, notamment économiques, a poussé l’État turc à soutenir l’action d’acteurs privés, et les acteurs privés, en retour, à soutenir le rapprochement diplomatique turco-africain.
Nous examinerons les différentes facettes de cette ouverture protéiforme de la Turquie à l'Afrique par une mise en perspective historique de la définition de la politique étrangère de la Turquie et de son ouverture récente à l'Afrique. Sa forme actuelle sera abordée dans la seconde partie de notre article où nous examinerons les différents acteurs privés de cette ouverture ainsi que les relations qu’ils entretiennent avec l’État turc sur le terrain.
[Consultez le résumé de cette note en post de blog sur Afrique Décryptages]
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
La recomposition de la politique étrangère turque en Afrique subsaharienne : Entre diplomatie publique et acteurs privés
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesLe dilemme de la relation militaire franco-africaine : réinventer ou tourner la page ?
L’origine de la présence et de la coopération militaires en Afrique remonte au pacte tacite de la décolonisation de l’Afrique francophone. Cette coopération a permis la création des armées africaines des anciennes colonies et s’inscrivait dans le projet visant à éviter l’expansion du communisme et à maintenir l’influence de la France dans les pays nouvellement indépendants.
L'évolution de la diplomatie des villes en Afrique : impact, potentiel et défis actuels des activités internationales des villes africaines
Au cours des dernières décennies, les villes africaines se sont hissées au rang des principaux acteurs de l’évolution de la diplomatie des villes. En effet, les municipalités du continent ne se sont pas seulement adaptées aux nouvelles tendances de la coopération internationale. Elles ont façonné l’approche actuelle du partenariat où les autorités locales du monde entier travaillent ensemble pour relever des défis urbains communs tels que le changement climatique, la migration et la justice sociale.
La Haute Autorité à la consolidation de la paix (HACP) au Niger 2011-2023. Placer l’État au cœur de la prévention et de la gestion des conflits
Comme les autres pays sahéliens, le Niger est touché par le terrorisme depuis maintenant presque deux décennies. Ce phénomène a mis en lumière à la fois les limites des appareils sécuritaires de ces pays mais également, de manière plus profonde, leur incapacité à offrir une stabilité aux populations de certaines parties de leur territoire. D’une certaine manière ces « insurrections djihadisées » s’inscrivent dans la continuité de groupes qui, régulièrement prennent les armes contre les États centraux.
Le président spirituel du Kenya et la création d'une nouvelle république : William-Ruto, les évangéliques du Kenya et les mobilisations religieuses dans la politique électorale africaine
Au cours des deux dernières décennies, un nouveau paradigme est apparu en Afrique de l’Est et dans la Corne de l’Afrique : l’influence croissante des églises évangéliques et de leurs dirigeants dans les dynamiques électorales. La croissance numérique et démographique de ces mouvements religieux semble aller de pair avec leur rôle de plus en plus marqué dans la vie politique de ces deux régions, une présence qui a un impact sur les processus électoraux, mais aussi sur les sociétés et les formes que prend la gouvernance.