Entre réussite économique et précarité sociale : l'Allemagne dix ans après les lois Hartz

Dix ans après la conception des lois Hartz, cette réforme emblématique du marché du travail en Allemagne, qui a suscité – et suscite encore – des débats passionnés, il est possible de faire un bilan.
Saluée par les uns comme la réforme qui a sauvé le pays du déclin, elle est accusée par les autres d'être à l'origine de la misère de millions de chômeurs de longue durée et d'avoir cimenté un vaste secteur de bas salaires unique en Europe. Initiée par un gouvernement de gauche sous le chancelier Gerhard Schröder, elle continue pourtant à susciter un certain scepticisme chez les sociaux-démocrates. Par contre, l'actuelle coalition gouvernementale de droite l'a reprise à son compte, se félicitant des succès obtenus sur le front économique, avec une compétitivité retrouvée grâce à la modération salariale et un bilan commercial à la santé florissante envié par ses voisins.
Dans le domaine social, toutefois, le bilan est loin d'être aussi confortable. Les réformes Hartz ont conduit à un abaissement considérable des allocations chômage, avec des revenus de substitution très faibles, et la contrainte, sous peine de voir les allocations réduites voire suspendues, d'accepter des emplois mal payés, éloignés du domicile ou ne correspondant pas à la qualification des personnes concernées. La réforme a également facilité la pratique d’emplois à temps très partiel, appelés mini-jobs, afin d’accroître la flexibilité pour les entreprises.
Si la réussite économique actuelle de l'Allemagne est indéniable, il est également vrai que le taux de pauvreté y est plus élevé que dans d’autres pays européens comparables. Pour autant, aussi bien le succès économique que la précarité sociale ne peuvent être pleinement attribués aux réformes Hartz. Si elles y ont certes contribué, de nombreux autres facteurs ont également pesé.
Brigitte Lestrade est professeur émérite de l’université de Cergy-Pontoise. Ses recherches portent principalement sur les aspects économiques, sociologiques et culturels de l’Allemagne contemporaine, plus particulièrement sur l’évolution du monde du travail.
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