Boko Haram dans la région de l’extrême-Nord du Cameroun : L’arbre qui cache la forêt

La région de l’Extrême-Nord du Cameroun est secouée depuis 2013 par le conflit dû à Boko Haram dont l’origine et l’épicentre sont le nord-est du Nigeria (l’État de Borno) et qui s’étend à quatre pays (Nigeria, Cameroun, Tchad et Niger). Les interactions complexes entre le mouvement djihadiste Boko Haram et le milieu local de la criminalité font de cette région un cas d'étude pertinent dans le cadre d’une réflexion sur la relation entre criminalité et conflits.

Avant l’extension du conflit de Boko Haram à l’Extrême-Nord du Cameroun, cette région était déjà un espace de trafics et de banditisme. Le dispositif de sécurité et de défense dans cet espace a été réorganisé pour lutter contre ce groupe terroriste. Alors que cette guérilla entre Boko Haram et les forces de sécurité camerounaises dure depuis presque dix ans, ses impacts sur les problèmes sécuritaires locaux préexistants sont importants mais négligés.
Le conflit de Boko Haram a à la fois un effet d’amplification et d’occultation de ces problèmes sécuritaires. Le conflit de Boko Haram a servi de tremplin à la prolifération des activités de criminalité économique et a ouvert une brèche à plusieurs groupes criminels qui opèrent sous la bannière et dans l’ombre de Boko Haram. Cela aboutit à brouiller les frontières entre crime organisé et djihadisme et engendre une criminalisation du djihadisme.
La prolifération spectaculaire de la délinquance urbaine violente et des tensions intercommunautaires dans certains départements de la région sont négligés par les autorités qui focalisent leur attention et leurs ressources sécuritaires sur la lutte contre Boko Haram. Ces deux problèmes sécuritaires s’approfondissent sans recevoir la réponse qu’ils méritent de la part des pouvoirs publics.
Cette note vise à identifier et analyser ses impacts en montrant comment les interactions complexes entre le mouvement de Boko Haram et le milieu local de la criminalité organisée ont créé une véritable nébuleuse criminelle et occultent les autres problèmes sécuritaires qui s’approfondissent en silence dans cette région. Cette étude est basée sur une recherche de terrain menée depuis quatre années dans l’Extrême-Nord dans le cadre de la préparation d’un doctorat et à partir de sources militaires, douanières, policières et de témoignages des victimes.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
Boko Haram dans la région de l’extrême-Nord du Cameroun : L’arbre qui cache la forêt
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesNouvelle commission de l’Union africaine de Mahamoud Ali Youssouf. Le désenchantement des pays membres
La candidature de Raila Odinga, sans expérience diplomatique et tourné vers la politique nationale, affaiblit la crédibilité de l’institution. L’enseignement principal de cette élection est que l’Union africaine (UA), dans sa forme actuelle, ne véhicule plus le même enthousiasme que lors des premières années de la réforme initiée en 2018. Celle-ci avait notamment pour but de mettre en place une organisation plus efficace et d’atteindre une plus grande indépendance financière.
Éthiopie-Somalie : une paix sous patronage turc
Après une année de tensions dans la Corne de l’Afrique, 2024 s’est conclue par un apaisement diplomatique entre l’Éthiopie et la Somalie, ouvrant l’année 2025 sur des perspectives politiques régionales encourageantes.
Relations anglo-kényanes (1920-2024) : conflit, alliance et un arc rédempteur
Cet article propose une analyse des relations diplomatiques à l’ère postcoloniale entre le Royaume-Uni et l’une de ses anciennes colonies de peuplement, le Kenya.
La diplomatie, un outil pour aider les villes à gérer les risques géopolitiques
Les crises et la polarisation croissante des relations internationales font de l'analyse des risques politiques une ressource indispensable pour les entités publiques et privées actives au niveau international.