La Russie de Vladimir Poutine. L'héritier du despotisme oriental se tourne vers l'Occident
En dépit de l'occidentalisation de la politique étrangère russe, la politique intérieure du Kremlin reste dominée par une tendance au 'despotisme oriental'. Pour une compréhension des contradictions de la Russie de Poutine.
Le 11 septembre a accéléré le rapprochement de la Russie et de l'Occident. En manifestant sa solidarité immédiate avec les Etats-Unis, c'est dans le 'nouveau cadre stratégique' souhaité par George W. Bush que Vladimir Poutine a placé la Russie : celle-ci a ouvert l'accès de certaines bases en Asie centrale pour combattre les Talibans, signé avec les Etats-Unis un accord de réduction drastique des arsenaux nucléaires des deux pays, participé à la création du forum OTAN-Russie.
Mais cette occidentalisation de la politique étrangère russe est allée de pair, sur le plan intérieur, avec le maintien, sinon l'accentuation, d'une certaine tendance au 'despotisme oriental', dont le Kremlin a souvent été coutumier. Face à un Occident qui montre beaucoup d'indulgence vis-à-vis de cette dérive, dont la guerre en Tchétchénie est l'un des avatars, la Russie semble peiner à choisir entre les quatre options qui se présentent à elle: le modèle chinois, le réformisme musclé, la lutte antiterroriste, ou la 'double occidentalisation', qui semble la seule garantie de son insertion durable dans le main stream des relations internationales.
Daniel Vernet est directeur des relations internationales du Monde. Ancien correspondant du journal à Bonn (1973), Moscou (1977) et Londres (1981), il y a aussi exercé les fonctions de rédacteur en chef (1985-1990) et de directeur de la rédaction (1990). Il a publié, entre autres: Le Rêve sacrifié (Paris, Odile Jacob, 1994); La Renaissance allemande (Paris, Flammarion, 1992); URSS (Paris, Le Seuil, 1990).
La version anglaise de ce document est disponible : The Russia of Vladimir Putin: The Heir of Eastern Despotism Turns Towards the West
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