Armée et nation en Israël : pouvoir civil, pouvoir militaire
Cette "Note" vise à permettre une meilleure compréhension des liens tout à fait spécifiques existant entre la nation israélienne et son armée, dont l'évolution sera déterminante pour l'évolution du processus de paix
Le 17 mai 1999, les Israëliens se rendront aux urnes pour élire simultanément leur Premier ministre et leurs 120 représentants à la Knesset. Prévues initialement pour le mois d'octobre 2000, ces élections anticipées sont censées modifier non seulement la cartographie politique israélienne, mais l'ensemble de la donne régionale. Les spéculations se multiplient à la veille d'un scrutin jugé déterminant pour l'avenir de la paix au Moyen-Orient. Le lien établi entre l'arrêt brutal du processus de paix israëlo-arabe et l'arrivée d'une nouvelle équipe au pouvoir, dirigée par Benjamin Nétanyahou, est un fait incontestable. Néanmoins, rien ne permet d'affirmer en l'état actuel des choses qu'un gouvernement d'union nationale –s'il devait se former à l'issue des élections et quelle qu'en soit la couleur– soit en mesure de fournir la clé d'un déblocage des négociations.
L'enseignement majeur de cette campagne reste, à l'instar de toutes celles qui l'ont précédée, la permanence de la primauté des enjeux de sécurité. En forçant Israël à se déterminer par rapport à son histoire, à son identité et à son environnement régional, le processus de paix, avec ses avancées et ses reculs, n'a pas fini d'agir comme un électrochoc sur l'ensemble de la société israëlienne, comme en attestent la polarisation croissante de l'opinion publique, l'atomisation des élites et la fragmentation des grands partis traditionnels. Ces tensions internes et le caractère volatil de la scène politique israélienne ont contribué, sinon à accroître, du moins à garder intact le rôle primordial des militaires dans la vie politique. Sur les quatre candidats en lice, deux sont en effet des généraux à la retraite (Ehoud Barak et Yitzhak Mordechaï). C'est tout le paradoxe –certains diront le caractère unique– de la démocratie israélienne. La relation quasi symbiotique entre la société et son armée demeure inchangée, du moins en apparence.
Cet ouvrage (qui contient des contributions en anglais et en français) vise donc à donner une meilleure compréhension des liens tout à fait spécifiques et complexes qui unissent la nation israëlienne et son armée –liens dont l'évolution déterminera, davantage peut-être qu'un scrutin électoral, l'avenir du processus de paix. Il a bénéficié de la contribution de quatre experts israéliens dont les analyses reflètent les grandes lignes du débat actuel en Israël autour de cette question.
A propos des auteurs :
Yehuda Ben Meir est chercheur au Jaffe Centre for Strategic Studies (Université de Tel-Aviv, Israël).
May Chartouni-Dubarry, directrice de l'ouvrage, est chercheur à l'Ifri (Moyen-Orient, questions méditerranéenes).
Stuart A. Cohen est professeur d'études politiques et chercheur au BESA Center for Strategic Studies (Université de Bar Ilan, Israël).
Mark A. Heller est chercheur Jaffe Centre for Strategic Studies (Université de Tel-Aviv, Israël).
Amir Oren est correspondant pour le journal Ha'aretz.
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