Russia’s Space Policy: The Path of Decline?
Avec l’avènement du New Space, la Russie est engagée dans une course contre la montre pour préserver l’un de ses principaux atouts industriels.
Au cours des dernières décennies, le pays a géré le secteur spatial comme une rente bénéficiant d’une situation de quasi-monopole sur les lanceurs en orbite basse, grâce à la fusée Soyouz. Si la Russie perçoit le secteur spatial comme un instrument de puissance, son industrie repose d’abord sur une organisation défaillante et une infrastructure obsolète.
La création de la société d’État Roscosmos en 2015 visait à accélérer la transformation d’un secteur spatial, en difficulté, alors que la compétition pour l’espace comporte désormais plusieurs dimensions (doctrine militaire, marché des applications civiles, exploration scientifique et nouveaux segments commerciaux, encore en développement, comme le tourisme). D’une part, la réorganisation de l’industrie spatiale vise à rationaliser ses programmes en fonction des contraintes budgétaires ainsi que des réalités socio-économiques, technologiques et infrastructurelles alors que la Russie est soumise aux sanctions occidentales. D’autre part, pour valoriser son industrie spatiale au niveau international, la Russie vise à maintenir son autonomie stratégique, c’est-à-dire de disposer d’un outil lui permettant d’agir de manière indépendante et de promouvoir son industrie sur le marché mondial. Pour ce faire, le pays mise sur trois axes de développement : 1) le cosmodrome de Vostochny ; 2) l’introduction d’une nouvelle gamme de lanceurs, et 3) le renforcement d’une constellation de satellites. Cependant, l’avancement de ces trois piliers présente des résultats inégaux. Dans l’ensemble, les réformes entreprises depuis 2015 sont d’une portée trop limitée pour inverser une érosion programmée des parts de marché, même si le secteur conservera des segments de niche qui pourraient servir de base à une coopération internationale.
Il s’agit alors d’examiner, tout d’abord, l’ampleur de la restructuration du secteur spatial russe ainsi que ses limites et, ensuite, de mettre en perspective les succès et les échecs d’un secteur menacé par le déclin. Dans un environnement international très compétitif, la difficulté de mettre à niveau ce secteur met en cause la crédibilité de la Russie auprès de ses partenaires, notamment européens. Néanmoins, la coopération russo-européenne s’est avérée jusque-là résistante au-delà des conjonctures politiques et économiques.
Florian Vidal est chercheur au Centre Russie/NEI de l'Ifri.
Cette publication est disponible en anglais uniquement : Russia’s Space Policy: The Path of Decline?
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesSat-to-Cell. Vers la connectivité universelle ?
Le Sat-to-Cell est un nouveau type de service qui permet de connecter des smartphones directement aux satellites. La technologie évolue rapidement et de nombreuses questions se posent désormais sur ses impacts potentiels.
DOSSIER RAMSES 2025 – Le monde en questions
Un tour de la planète des crises : acteurs, stratégies, moyens, perspectives...
Les accords Artemis : Une stratégie américaine pour la gouvernance lunaire
Les accords Artemis encadrent la coopération internationale pour l’exploration spatiale dans le cadre du programme lunaire américain. Ils font partie d'une stratégie cohérente.
Les nouvelles ambitions spatiales de l’OTAN
Avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, une cyberattaque dévastatrice cible les communications de l’armée ukrainienne, exposant la dépendance et la vulnérabilité occidentales aux technologies spatiales, et remettant en question la posture défensive de l'Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).