Le partenariat russo-iranien. Une entente conjoncturelle aux accents sécuritaires
L’Iran, qui négocie notamment avec la Russie sur son programme nucléaire, s’est abstenu, le 3 mars 2022, lors du vote de la résolution « Agression contre l’Ukraine » à l’Assemblée générale des Nations unies, exigeant le retrait immédiat des troupes russes de ce pays. L’état des relations bilatérales irano-russes explique l’attitude de Téhéran.
La consolidation du partenariat russo-iranien se fonde sur des intérêts sécuritaires convergents sur le plan bilatéral, à l’échelle régionale mais aussi sur la scène internationale. Téhéran a su mettre en œuvre une politique régionale largement conforme aux intérêts russes, qu’il s’agisse de la question syrienne (depuis 2011), du Caucase, de l’Asie centrale et de l’Afghanistan (depuis 1991).
Cette dimension sécuritaire était déjà l’un des fondements de la relation bilatérale post-guerre froide. Elle est désormais présente dans les coopérations régionales entre Téhéran et Moscou. En outre, le déclin de l’hégémonie américaine, manifeste depuis les années 2000, a favorisé l’émergence d’un discours idéologique russo-iranien contre les « valeurs occidentales ».
Cependant, au-delà de ce substrat idéologique commun, Téhéran a développé une véritable Realpolitik, consistant à s’appuyer sur le rôle international de la Russie pour contrer les pressions américaines visant à un changement du régime (regime change) ou, au minimum, à un changement du comportement (behavior change) de la République islamique. Autrement dit, l’objectif de préserver l’identité du régime iranien a donné une nouvelle dimension aux relations avec Moscou.
Celles-ci sont devenues, depuis 1991, une question de survie pour l’Iran, soumis de manière concomitante à une contestation populaire interne et à une pression externe de Washington, qui s’est accrue depuis la période de l’administration Trump (2017-2021).
Clément Therme est chercheur associé à l’Institut universitaire européen de Florence et membre associé du Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBAC) à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS).
Cette étude est disponible en anglais : The Russian-Iran Partnership in a Multipolar World
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