La nouvelle diaspora russe : défis et opportunités pour l'Europe
Ce rapport évalue à la fois l'ampleur et les causes de l'émigration de la Fédération de Russie qui a coïncidé avec la transformation de la Russie par Poutine en un État autoritaire et agressif.
Les auteurs analysent à la fois les sources ouvertes et les données collectées lors d'une étude de la diaspora russe dans les États membres de l'Union européenne (UE), menée en avril 2024 pour le compte du Center for Analysis and Strategies in Europe (CASE) par une équipe de chercheurs associés à l'Université de Nicosie (les résultats et la méthodologie de la recherche sont disponibles sur le site web du CASE). Les auteurs soutiennent que les Russes qui ont récemment quitté leur pays représentent un capital humain substantiel pouvant être utilisé presque exclusivement en Europe ou en Amérique, car tant la riche expérience historique que les cas récents d'intégration des Russes dans des sociétés non occidentales montrent qu'ils ont rarement été couronnés de succès.
Les auteurs établissent une distinction claire entre l'« émigration » classique et la situation actuelle des Russes qui ont quitté leur pays, qu'ils préfèrent appeler « relocalisation ». Ceux qui se sont réinstallés sont plus actifs et plus flexibles que les émigrants traditionnels ; les autorités européennes peuvent déterminer les modalités de leur admission, mais dans le même temps, la plupart d'entre eux possèdent des ressources financières et des compétences susceptibles de faciliter leur intégration future dans les sociétés européennes. En étudiant les diasporas russes dans un certain nombre de pays post-soviétiques et d'Europe centrale, les auteurs décrivent leur influence économique positive sur les sociétés d'accueil et, en utilisant Chypre comme cas d'étude, soulignent l'importance qu'elle peut revêtir, même pour un pays européen développé, si ses autorités poursuivent une politique équilibrée visant à l'admission et à l'intégration des « relocalisés ». En évaluant l'état des diasporas russes en Pologne, en Allemagne et en France, ils concluent que cette stratégie peut être utilisée par d'autres États membres de l'UE.
Le rapport souligne que l'exode massif de Russes éduqués et autodidactes représente un sérieux défi pour le régime de Poutine, comparable dans son importance à l'effet des sanctions économiques occidentales imposées à la Russie. Contrairement aux politiques de sanctions actuelles, qui se retournent souvent contre les Européens, le fait d'encourager les Russes à quitter leur pays peut apporter des avantages économiques notables à l'Europe unie en créant une large communauté de Russes qui perçoivent l'Europe et l'Occident en général comme un allié proche et appréciable plutôt que comme un ennemi, et qui font peu de distinction entre le régime de Poutine et le peuple russe décent qui est devenu son otage.
Dmitri Goudkov a été un membre indépendant de la Douma d'État de 2011 à 2016, qui s'est élevé contre un certain nombre de décisions symboliques pour le Kremlin, comme l'annexion de la Crimée et la « loi anti-Magnitsky », qui interdit l'adoption d'enfants russes par des citoyens américains. En 2021, face à la pression croissante des autorités russes sur les dirigeants de l'opposition, il est contraint de quitter la Russie. Actuellement, il est co-fondateur et membre du Comité russe anti-guerre, créé en 2022 par un groupe d'émigrés politiques russes pour résister au régime de Vladimir Poutine et à la guerre d'agression qu'il mène contre l'Ukraine.
Vladislav Inozemtsev est un économiste et politologue russe titulaire d'un doctorat en économie, également fondateur et directeur du Centre d'études post-industrielles. De 2002 à 2012, il a été rédacteur en chef de Svobodnaïa Mysl (Pensée libre), une revue mensuelle politique et économique. De 2011 à 2014, il a été professeur à l'École supérieure d'économie et président de section au Département d'administration publique de l'Université d'État de Moscou. Depuis 2014, il travaille hors de Russie en tant que chercheur à l'Institut des sciences humaines (Vienne), au Centre d'études stratégiques et internationales, à l'Université Johns Hopkins (Washington), au Conseil allemand des relations étrangères (Berlin) et d'autres groupes de réflexion européens et américains.
Dmitri Nekrassov est un économiste, écrivain et entrepreneur russe qui a occupé divers postes au sein du Service fédéral des impôts et de l'administration présidentielle russe pendant les années de Dmitri Medvedev au Kremlin. En 2012-2013, il a été Secrétaire général du Conseil de coordination de l'opposition russe. En 2024, il est devenu co-fondateur du Centre d'analyse et de stratégie en Europe (CASE) dont il est actuellement le directeur.
Ce contenu est disponible en anglais : The New Russian Diaspora : Europe's Challenge and Opportunity.
Et en russe : Novaïa rossiïskaïa diaspora : vyzov i chanss dlia Evropy.
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