Moldova’s Foreign Policy after 2024 Presidential Elections: Staying on the EU Path, Moving Eastwards or Becoming Multi-vector?
L'avenir de la politique étrangère de la Moldavie sera mis à l'épreuve lors des prochaines élections présidentielles du 20 octobre 2024.
La victoire de Sandu est-elle assurée ?
Seuls trois candidats parmi les 11 inscrits bénéficient d'un soutien public suffisant pour obtenir un résultat qui les propulserait au second tour : le président sortant Maia Sandu, l'ancien maire de la deuxième ville du pays, Bălți, Renato Usatîi, et l'ancien procureur général Alexandr Stoianoglo (respectivement 36,1 %, 10,1 % et 7,5 %, selon un sondage publié au début du mois d'octobre). De nombreux médias indépendants et voix de la société civile favorisent ouvertement ou subtilement Sandu, tandis que ses rivaux sont présentés comme des candidats « pro-russes ». Cependant, ni Stoianoglo, soutenu par les socialistes pro-russes, ni Usatîi ne s'identifient ouvertement comme pro-russes. Leur rhétorique est relativement modérée en termes de politique étrangère, plaidant pour une approche multi-vectorielle qui suggère que de bonnes relations avec la Russie devraient coexister avec le processus d'adhésion à l'Union européenne (UE) en cours. Les deux candidats mettent l'accent sur le respect de l'État de droit et donnent la priorité aux intérêts nationaux en matière de politique étrangère. Bien que leur politique étrangère équilibrée ne soit pas dirigée contre l'UE et les bonnes relations avec la Roumanie et l'Ukraine, le discours de Stoianoglo et d'Usatîi révèle une dose notable d'euroscepticisme et un signal en faveur de l'idée de restaurer les relations avec la Russie, actuellement gelées.
Bien que les sondages suggèrent que Mme Sandu pourrait l'emporter dès le premier tour, la situation pourrait évoluer en sa défaveur au second tour en raison d'un éventuel vote de protestation. Ses principaux adversaires disposent de deux « as d'or » cruciaux. Premièrement, Stoianoglo et Usatîi viennent de l'opposition et n'ont aucune expérience du gouvernement au niveau national ; les gens sont attirés par la nouveauté de leur offre, qui contient une grande dose de populisme. Le deuxième facteur en leur faveur est lié à leur parcours professionnel et politique, qui les présente comme des « victimes » de l'injustice. Stoianoglo a été démis de ses fonctions de procureur général à la suite d'accusations controversées le liant à un homme d'affaires associé à la « blanchisserie russe » La loi sur les poursuites judiciaires utilisée pour démettre Stoianoglo a été adoptée par le Parti de l'action et de la solidarité (PAS) au pouvoir et déclarée « inconstitutionnelle » par la Cour constitutionnelle. En octobre 2023, la Cour européenne des droits de l'Homme a déclaré que le droit de Stoianoglo à un procès équitable avait été violé par les autorités moldaves. Dans le cas d'Usatîi, son ancien parti politique, Notre Parti, a été éliminé de la course électorale en 2014 en raison d'accusations de financement illégal. Par conséquent, les électeurs qui soutiennent les deux candidats sont souvent animés par un désir de revanche politique. Ces deux facteurs ont un potentiel de mobilisation sociale qui semble être sous-estimé par le cercle rapproché de Sandu, qui lui prédit une victoire facile.
Dispositions constitutionnelles et limites de la politique étrangère
Le système politique de la Moldavie est parlementaire plutôt que présidentiel, ce qui fait que le corps législatif joue un rôle essentiel dans la définition de l'ordre du jour des affaires étrangères. Par conséquent, sans majorité politique au sein du corps législatif, la fonction présidentielle peut devenir un exercice purement symbolique. Cela signifie que l'orientation étrangère de la Moldavie ne peut pas être facilement modifiée et ne le sera jamais sans l'approbation du Parlement. En ce sens, la voie de l'intégration européenne de la Moldavie ne peut être modifiée du jour au lendemain si Sandu n'est pas réélu, puisque la majorité parlementaire (62 députés) appartient au PAS jusqu'en 2025. En outre, le référendum constitutionnel lancé à la suggestion de Mme Sandu pour lui assurer un avantage électoral sur les autres candidats comprend une déclaration du vecteur européen en tant que norme constitutionnelle. Par conséquent, s'il est validé, le référendum compliquera toute tentative d'abandon de l'intégration européenne, que le mandat de Mme Sandu soit renouvelé ou non. Les sondages prévoient un taux de participation de plus de 60 %, avec des votes favorables compris entre 45 % et 63 %.
Les scénarios électoraux et leurs conséquences pour la politique étrangère de la Moldavie
Les scénarios électoraux peuvent déterminer trois résultats différents pour la politique étrangère de la Moldavie : la « continuité » de la voie pro-européenne actuelle ; l'« isolement » causé par l'ambiguïté stratégique du futur président (si ce n'est pas Sandu) et, enfin et surtout, une « réorientation » vers Moscou.
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