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L'énergie en 2040 selon Exxon-Mobil

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L'énergie en 2040 selon Exxon-Mobil
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Dans la forêt des scénarios noirs ou roses qui hantent nos cauchemars ou nos rêves d’avenir, la publication récente du scénario 2040 d’Exxon-Mobil mérite quelque attention.

Corps analyses

Elle ne porte ni sur 2030 ni sur 2050, mais sur la date intermédiaire de 2040 jusqu’ici peu étudiée comme horizon.

Elle se limite à une seule projection, ce qui ne la rend pas plus probable, mais permet de la maîtriser plus aisément.

Elle annonce que cette projection oriente les choix d’investissement d’Exxon-Mobil, même si cette déclaration peut être relativisée.

Aussi, est-il utile d’en présenter les dix chiffres essentiels :

1. De 2020 à 2040, le texte retient une croissance économique de 2 % par an pour l’OCDE et de 4,5 % pour le reste du monde.

2. Il associe à cette croissance une augmentation de 30 % de la consommation d’énergie primaire sur la période (taux annuel de croissance de 0,9 %, un taux à l’intérieur du faisceau des scénarios de l’AIE).

3. Les combustibles fossiles continueront à dominer la demande mondiale (80 % du total), le pétrole augmentant de 25 %, le gaz naturel de 60 % et le charbon croissant légèrement de 2015 à 2025 puis décroissant de 10 % de 2025 à 2040.

4. Le taux de croissance du nucléaire, réévalué après Fukushima ne dépasserait pas 2,2% sur la période, celui de l’ensemble éolien-solaire-biocarburants atteignant 4 % (et la production d’origine éolienne étant multipliée par 9). Néanmoins, le tableau du bilan mondial d’énergie primaire par source n’est pas bouleversé en trente ans.

5. Les émissions de gaz à effet de serre liées à l’énergie atteindront un plateau vers 2030 et resteront stables sur la dernière décennie de la période, le plateau se situant aux alentours de 36 milliards de tonnes. Une baisse de 20 % des émissions de l’OCDE, un déclin des émissions chinoises après 2025 et une hausse des émissions du reste du monde seront les traits principaux de l’évolution. Pour la région Europe (plus large que l’UE), les émissions baisseraient de 4,3 milliards en 2010 à 4,0 en 2023, à 3,3 en 2040, à partir du chiffre de 4,5 en 1990.

6. L’offre de combustibles liquides (pétrole conventionnel et autres sources) atteindrait environ 110 millions de barils/jour, le pétrole conventionnel et les condensats représentant la moitié de ce total. Ce chiffre est plus élevé que les estimations proposées habituellement par d’autres pétroliers.

7. Exprimée en MWh, la production d’électricité augmentera de 80 % sur la période tandis que la consommation de combustibles fossiles correspondante n’augmentera que de 45 % par suite des progrès technologiques et de l’augmentation de la part des énergies décarbonées (nucléaire et renouvelables), ces dernières couvrant 35 % des besoins.

8. Pour les résidences et les commerces, la demande d’énergie augmentera de 25 %, cette croissance provenant des pays non OCDE sous forme d’électricité et de gaz naturel.

9. Pour les véhicules des particuliers, Exxon-Mobil annonce une forte croissance de l’efficacité des véhicules conventionnels à essence ou diesel dont la part dans la flotte baisserait néanmoins de 98 à 50 %, le complément provenant des hybrides et des véhicules électriques ou à gaz naturel, la part des véhicules hybrides explosant de 2030 à 2040.

10. La demande industrielle mondiale d’énergie augmentera de 30 % à l’échelle mondiale, celle de l’OCDE restant stable.

Que retenir de cette analyse ? Le maintien du rôle majeur des industries fossiles grâce aux sources non conventionnelles, le rééquilibrage mondial des consommations régionales d’énergie primaire, l’Europe ne consommant que 11 % du total mondial à l’horizon 2040. Voilà qui limite fortement l’impact de notre comportement sur l’avenir de l’humanité et doit nous inciter au contraire à nous préoccuper aussi de notre propre futur.

 

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Jacques LESOURNE

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Ancien Président du Comité scientifique du Centre Énergie

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Énergie et Climat
Centre énergie et climat
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Le Centre énergie et climat de l’Ifri mène des activités et recherches sur les enjeux géopolitiques et géoéconomiques des transitions énergétiques. Il travaille à la fois sur les enjeux de sécurité énergétique, de compétitivité, de maîtrise des chaînes de valeur, et d'acceptabilité. Spécialisé dans l’étude des politiques européennes de l’énergie et du climat, et des marchés de l’énergie en Europe et dans le monde, ses travaux portent aussi sur les stratégies énergétiques et climatiques des grandes puissances comme les Etats-Unis, la Chine ou l’Inde. Il offre une expertise reconnue, enrichie de collaborations internationales et d'événements à Paris et à Bruxelles, notamment.

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L'énergie en 2040 selon Exxon-Mobil, de L'Ifri par
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