La politique énergétique de l'Union européenne
Quelle image donne aujourd'hui la politique de l'Union Européenne ? Celle de 3 éléments épars que les documents de la Commission tentent vainement de présenter comme un ensemble cohérent :
- La constitution d'un marché intérieur de l'énergie et notamment de l'électricité,
- la collection d'engagements des Etats quant à la baisse future de leurs émission en gaz carbonique,
- la mise en place d'un marché des droits d'émission de gaz carbonique (ETS)
Examinons l'un après l'autre ces éléments :
1. Le premier résulte de la mise en œuvre de l'acte unique. Il repose sur la conviction qu'un marché européen concurrentiel et transparent permettrait un abaissement des coûts pour les consommateurs européens et l'établissement de prix stables et significatifs pour les producteurs d'énergie leur permettant de faire des choix d'investissement rationnels.
Malheureusement, ce premier élément qui nécessite des changements de structure considérables ne peut avancer que lentement, au fur et à mesure que se mettent en place des compromis laborieux et complexes. Son rythme est indépendant de l'évolution du contexte énergétique mondial.
Pire, les transformations en cours augmentent considérablement l'incertitude des opérateurs sur les prix futurs probables., les incitant soit à ne pas investir , soit à faire des choix conservateurs.
Hasardons une comparaison : l'UE se trouve comme un pays d'hier qui serait surpris par une guerre au moment où son armée est désorganisée par une réforme d'ensemble . La réforme serait excellente s'il n'y avait pas de guerre .
2. Le deuxième élément réunit les engagements des Etats de réduire par exemple de 20% leurs émissions de gaz carbonique et de porter la part d'énergies renouvelables à 20% d'ici 2020 . L'objectif des 3% de Lisbonne doit nous rappeler que la valeur de ces engagements est nulle.
On peut les comparer à des propos tenus après un dîner copieusement arrosé par des individus désireux de se montrer coopératifs dans un climat chaleureux. " D'ici là, disait La Fontaine dans une fable, le Roi, l'âne ou moi seront morts ".
Ce deuxième élément, aussi sympathique qu'il soit est donc de peu de valeur, même si la Commission est bien décidée à rappeler aux dirigeants de demain les engagements de leurs prédécesseurs.
3. Reste le troisième élément, le marché des ETS . Cette fois, il s'agit d'une petite maison, mais d'une vraie maison. Malheureusement, elle est en ruine. La courte durée des périodes, l'abondance des droits de tirage accordés gratuitement par les Etats empêchent ce marché de jouer son rôle. Et la complexité des règles juridiques va de pair avec l'insignifiance de leurs effets .
La Commission n'est pas responsable de cette situation consternante. Elle avance dans les rares directions qui lui sont ouvertes. La plupart des gouvernements nationaux ne font d'ailleurs pas mieux.
À nous Européens, le changement de l'environnement énergétique mondial présente des défis qui ne relèvent pas d'une bonne gestion et de bons sentiments, mais d'une véritable ambition politique.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesNouvelles géopolitiques de l'énergie
Après le drame de Valence et alors que s’ouvre la COP29, le dérèglement climatique oblige à examiner de très près le rythme et les impasses de la transition énergétique.
Les marchés du carbone peuvent-ils faire une percée à la COP29 ?
Les marchés volontaires du carbone (MVC) ont un potentiel élevé, notamment pour réduire le déficit de financement de la lutte contre le changement climatique, en particulier en Afrique.
Le secteur électrique indien à la croisée des chemins : relever les défis des distributeurs d'électricité
Le secteur électrique indien a besoin d’une réforme urgente.
L’approvisionnement énergétique de Taïwan : talon d’Achille de la sécurité nationale
Faire de Taïwan une « île morte » à travers « un blocus » et une « rupture de l’approvisionnement énergétique » qui mènerait à un « effondrement économique ». C’est ainsi que le colonel de l’Armée populaire de libération et professeur à l’université de défense nationale de Pékin, Zhang Chi, décrivait en mai 2024 l’objectif des exercices militaires chinois organisés au lendemain de l’investiture du nouveau président taïwanais Lai Ching-te. Comme lors des exercices ayant suivi la visite de Nancy Pelosi à Taipei en août 2022, la Chine avait défini des zones d’exercice faisant face aux principaux ports taïwanais, simulant de fait un embargo militaire de Taïwan. Ces manœuvres illustrent la pression grandissante de Pékin envers l’archipel qu’elle entend conquérir et poussent Taïwan à interroger sa capacité de résilience.