Crise malgache
Synopsis : L'ampleur des violences qui frappent Madagascar ont peu surpris les observateurs. Les signes avant-coureurs de la crise sont apparus sur l'île depuis plusieurs mois dans un contexte social et poltique tendu. Cette crise trouve ses racines dans un mouvement de contestation à l'encontre de la gestion du gouvernement du président Ravalomanana des questions économiques, politiques et sociales. Les parallèles avec la crise politique de 2002 sont nombreux mais restent toutefois insuffisants pour expliquer la situation actuelle. Mathieu Pellerin, journaliste et consultant, commente la crise en détaillant les fractures politiques, sociales, économiques qui tiraillent la société malgache et les rivalités personnelles qui aujourd'hui opposent le président malgache et le maire de la capitale, Antananarivo.
Sylvain Touati : Où en est la situation aujourd'hui à Madagascar ?
Mathieu Pellerin : Andry Rajoelina [1] et Marc Ravalomanana [2] se sont enfin rencontrés ce samedi 21 février grâce à la médiation dirigée par le FFKM [3] (Conseil des Eglises chrétiennes à Madagascar). Les deux parties sont parvenues à un consensus sur des préalables à l'ouverture de négociations : arrêter toute incitation à la violence, cesser les provocations et les dénigrements médiatiques, les manifestations et troubles à l'ordre public, les poursuites et arrestations d'ordre politique.
Jusqu'à maintenant, ces préalables ont été respectés, et les deux camps se sont de nouveau retrouvés le lundi 23 février. Ces préalables réunis, l'heure est aujourd'hui à l'établissement de conditions pour que les négociations puissent aboutir à une solution de sortie de crise.
La solution qui serait en discussion actuellement serait celle d'un gouvernement de transition sur le modèle de la Convention de Panorama de 1991. Celle-ci intégrerait des figures de la société civile. Toutefois, cela signifierait que le Président Ravalomanana accepte les conditions fixées par certaines organisations de la société civile, comme le SEFAFI (Observatoire de la vie publique à Antananarivo) ou le CONECS (Conseil Economique et social) [4]. Leurs revendications portent essentiellement sur le contrôle du pays par le Président de la République, que ce soit d'un point de vue économique en raison de ses intérêts privés à travers l'entreprise Tiko, ou politiquement en raison du verrouillage du système mis en place par le Président. De ce point de vue, il n'est pas acquis que le Président fasse des concessions. Andrey Rajoelina s'est montré très mécontent des premières rencontres avec le Président, estime que ses conditions ne sont pas écoutées, et il vient d'appeler ce mardi à une manifestation d'ici la fin de la semaine. Il ne respecte donc pas entièrement les préalables fixés, d'autant que la radio Viva continue d'être un outil de propagande du Maire. L'accalmie reste donc très fragile.
De surcroît, il n'est pas certain que les appels au calme d'" Andry TGV " [5] soient respectés par les plus déterminés de ses partisans. L'acceptation d'une rencontre avec le Président Ravalomanana a vraisemblablement été mal reçue par certains d'eux. Pourtant, avec cette rencontre, le Maire est de facto placé sur un pied d'égalité avec le Président, alors que celui-ci l'avait jusqu'à maintenant toujours dénigré. Ces discussions interviennent dans un contexte qui reste tendu. Dans la nuit du 19 février, quatre Ministères avaient été pris par les partisans d'" Andry TGV " et les Ministres avaient été installés, avant que l'armée ne les déloge la nuit suivante.
ST : La situation a-t-elle pris un autre visage depuis la fusillade du samedi 7 février [6] ?
MP : Indéniablement. Cette fusillade a marqué un tournant à plus d'un titre. Elle signifie tout d'abord une fin de non-retour pour une population qui aspire au changement depuis maintenant deux ans sans jamais avoir été entendue par le régime. L'Histoire est là pour nous rappeler qu'en 1991, le régime de Didier Ratsiraka avait commencé à sérieusement vaciller après que l'Amiral Rouge ait donné ordre à la Garde Présidentielle de tirer sur la foule. Le processus de délégitimation du Président Ravalomanana, déjà entamé avant les événements du 26 janvier, s'est trouvé accéléré par ces événements. Il faut rappeler qu'en 2002, pendant la crise politique qu'avait connu le pays, Marc Ravalomanana, alors Maire d'Antananarivo, avait supprimée les " zones rouges " au sein de la capitale. Une fois devenu Président, il a réintroduit celles-ci et revendique aujourd'hui leur existence pour justifier les tirs de la garde présidentielle.
Tournant également parce que Ravalomanana a enfin mobilisé les médiateurs internationaux afin de demander leurs bons offices. Toutefois, ces derniers ont agit en ordre dispersé et leur action n'a pas été couronnée de succès. Le représentant de l'ONU, Xavier Leus, a semble-t-il été plus efficace notamment en prenant soin d'articuler ses actions avec le FFKM, la seule institution à pouvoir prétendre à une médiation.
Le principal espoir d'une médiation réussie réside dans la capacité du FFKM à imposer son autorité morale aux deux protagonistes. Ceci étant, en dépit des progrès évoqués précédemment, le FFKM demeure aujourd'hui traversé par des divisions, puisque le Président de la République est vice-Président laïc de l'Eglise Réformée, et que l'Eglise catholique ne cache plus les différends qui l'opposent au Président. Certains évêques soutiennent même des mouvements d'opposition, comme le FCD d'Alain Ramaroson. Si les deux principales Eglises du FFKM ne peuvent s'entendre sur un compromis, c'est toute la légitimité du FFKM, et l'autorité morale dont il dispose, qui est remise en cause.
ST : Pouvez-vous nous en dire davantage sur le FFKM et son rôle politique sur l'île ?
MP : Le FFKM est composé de l'Eglise catholique (EKAR), de l'Eglise réformée (FJKM), de l'Eglise luthérienne et enfin de l'Eglise anglicane. Pour qu'un communiqué puisse être publié par le FFKM, il est indispensable que les quatre Eglises donnent leur approbation. Cela explique ses difficultés aujourd'hui, eut égard aux divisions évoquées précédemment. Durant la crise, l'EKAR a tenté de publier un communiqué très critique à l'égard du régime, mais la FJKM s'y est fermement opposé.
La légitimité du FFKM vient du fait que les malgaches sont généralement très pieux, et ce FFKM est historiquement composé de Raiamandreny [7], à savoir d'autorités morales disposant de la sagesse. Il est garant du fihavanana [8] au sein de la société malgache et a toujours joué le rôle de médiateur social, et ce dès le milieu des années 1970 pour contester les dérives du régime de Didier Ratsiraka. Dans l'histoire de Madagascar, le FFKM a parfois revêtu un rôle plus politique, voire politicien, construit à mesure que les crises ont ponctué la vie politique malgache. En 1991 l'EKAR (Eglise catholique) a su garder sa neutralité pour gérer la transition démocratique de 1991 à 1993 et en se chargeant de la rédaction de la Constitution [9]. Ce fut toutefois pas le cas en 2002, le FFKM renonçant à son indépendance historique en s'engageant aux côtés de Marc Ravalomanana. Néanmoins, l'engagement de l'EKAR provenait des relations personnelles qui unissaient le cardinal Gaétan Razafindratandra et le Président Marc Ravalomanana. Depuis le départ du cardinal, l'EKAR a renoué avec sa posture médiatrice, mais tend aujourd'hui à prendre de nouveau position contre le régime. Et ce, pour différentes raisons : l'exclusion du prêtre français Sylvain Urfer, le référendum supprimant la laïcité de la Constitution au printemps 2007, et la réforme de l'éducation nationale lancée courant 2008 qui pourrait remettre en cause la liberté d'enseignement des écoles privées.
ST : Comment expliquer la crise actuelle ?
MP : Trois facteurs conjoncturels expliquent le déclenchement de cette crise aujourd'hui.
C'est tout d'abord l'affaire Daewoo qui a créé une très forte polémique à la fin du mois de novembre. La révélation d'une possible cession de 1,3 millions hectares de terres à la compagnie Daewoo pour assurer la sécurité alimentaire de la Corée du Sud a indigné toute une population attachée au tanindrazana, à savoir l'appartenance de la terre aux ancêtres. Au même moment, alors que Madagascar commençait à connaître les premiers effets de la récession mondiale, le Président annonçait qu'il avait acheté un Boeing 737 d'une valeur de 60 millions de $ en remplacement de son précédent Boeing acheté en 2002. Enfin, l'étincelle qui a mis le feu aux poudres est la fermeture de la télévision Viva, appartenant au Maire d'Antananarivo. A ce moment, le Maire a appelé la population à se mobiliser, jusqu'à la nuit du 25 au 26 janvier, où la fermeture de la radio Viva a déclenché les événements du " Black Monday " du 26 janvier. Depuis, le Maire est engagé dans une dynamique jusqu'auboutiste qui l'a incité à multiplier les surenchères discursives.
Ceci étant, cette crise n'est pas une surprise pour qui s'intéresse au pays. En témoignent les nombreux signaux d'alerte émis depuis deux ans. Les élections présidentielles de 2006 avaient entraîné une abstention record, tout comme le référendum d'avril 2007. Ce même mois, des étudiants lançaient un fort mouvement de protestation contre le pouvoir dans la plupart des grandes villes côtières de Madagascar, exception faite d'Antananarivo [10]. Le mouvement prit une ampleur sans précédent depuis 2002 et commença à s'en prendre directement aux intérêts privés du Président (Magro, Blueprint, MBS). En mars 2008, à la fin d'un match de football au stade de Mahamasina d'Antananarivo, des milliers de supporters s'adonnèrent à des pillages d'une rare violence. Quelques mois plus tard, un opposant de toujours, Henri Lecacheur, tenta de mener la fronde… Ce fut un essai manqué, que le Maire d'Antananarivo aura su marquer en ce mois de janvier 2009 en raison des trois facteurs évoqués précédemment.
A ces causes conjoncturelles se conjuguent un certain nombre de facteurs structurels qui ont considérablement érodé le socle de légitimité sur lequel était bâti le régime de Ravalomanana. En 2002, sa légitimité s'est construite sur l'image d'un homme d'affaires attaché à la liberté d'entreprendre, disposant d'une forte aura nationale en raison de sa sucess story malgacho-malgache. Sept ans plus tard, les interventions du chef de l'Etat pour favoriser son entreprise Tiko, ainsi que l'ouverture massive du pays aux investisseurs étrangers dans des secteurs sensibles comme les mines, le pétrole, ou l'agrobusiness mettent à mal cette légitimité.
La dérive autoritaire présumée du Président a également été dénoncée à Madagascar. On parle en particulier du code électoral " verrouillé ", qu'il avait pourtant promis de réformer en 2002, ou bien de l'excès de concentration des pouvoirs. Le Président a par exemple mis en œuvre un néologisme hybride, la " déconcentralisation " en créant une architecture territoriale où, du Fokontany [11] à la Région, les responsables sont nommés par l'exécutif. Lors des élections municipales de décembre 2007, en prétextant des fraudes dans certains bureaux de vote, il avait fait annuler les élections pour nommer, en lieu et place des Maires, des Présidents de Délégation Spéciale (PDS), à Nosy-Be, Fort-Dauphin, Sainte-Marie et Toamasina principalement.
Cette gestion du pouvoir l'a coupé progressivement d'un certain nombre de franges de la population malgache : - des entrepreneurs tout d'abord, trop souvent lésés par l' " Etat-Tiko " ; - des catholiques qui vivent mal d'être négligés par le Président ; - une partie de la haute société tananarivienne, et de ses grandes familles, qui a vu ses privilèges remis en cause ; - ou bien encore surtout les provinces côtières qui reprochent au régime de " méréniser " le pouvoir [12].
ST : La situation économique du pays à l'orée de la crise peut-elle également expliquer cette crise ?
MP : Le pays était indiscutablement sur la voie du développement économique. Le bilan économique du Président est pour le moins honorable. Sous la pressions des Institutions Financières internationales (IFI's), le processus de libéralisation a permis aux grands projets de se multiplier, qu'ils soient miniers (Sherritt, QMM, Soalala, Sakoa) ou pétrolier (Total). Par ailleurs, les privatisations ont permis à la croissance de repartir, en particulier dans le secteur des NTIC après la privatisation de Telma [13]. Cette libéralisation du marché a indéniablement contribué à l'amélioration de l'environnement des affaires à Madagascar, qui s'est matérialisé par une croissance de 7%, par l'augmentation des IDE et des créations d'entreprises. Le Régime a également à son actif des constructions d'infrastructures, en particulier des routes. Le tourisme était également sur le point de retrouver les niveaux records d'avant la crise de 2001, suscitant même l'inquiétude de l'île Maurice.
Malheureusement, cette croissance n'a pas été suivie d'une redistribution des richesses, et la population s'est donc retrouvée écartée de ce développement, que le président avait promis " rapide et durable " [14]. Sans réduction de la pauvreté, la gestion patrimoniale du pays passe d'autant plus mal, et la cession des terres et des ressources minérales du pays aux étrangers est interprétée comme une volonté de faire passer la population au second plan. Le Maire d'Antananarivo a parlé de " trahison à la patrie ". En outre, en ce qui concerne les projets miniers, davantage que les entreprises, c'est aujourd'hui l'opacité des contrats qui est critiquée par la société civile et l'opposition. C'est d'ailleurs pour cela que la société civile, notamment le SeFaFi [15], a appelé le régime à suspendre temporairement le projet de Soalala le temps de renégocier les contrats qui lient les entreprises minières et pétrolières à l'Etat.
ST : En cas de changement de régime, ces projets risquent-ils d'être renégociés ?
MP : Andry Rajoelina ne l'a pas explicitement dit, mais il a déclaré dans certains discours que " certains investisseurs se comportaient comme s'ils étaient chez eux ". Je pense que ses déclarations témoignent davantage d'une forme de populisme en période de malaise social que d'une volonté ferme de remettre les contrats existants en cause.
Tout d'abord, Andry Rajoelina est un chef d'entreprise attaché lui aussi au libre-échange et il est très favorable à la venue d'investisseurs étrangers. D'autre part, il existe aujourd'hui un cadre réglementaire en vigueur qui soumet les entreprises minières et pétrolières à des dispositifs assez contraignants. Un contrôle existe également de la part de l'Office National de l'Environnement (ONE), qui mériterait toutefois d'être revu, notamment parce que l'ONE dispose de peu de moyens et est souvent accusé d'être au bon vouloir de l'exécutif. Il n'y a aucune raison que cela change, a fortiori dans une conjoncture économique morose où les Etats devront se montrer convaincants pour préserver les projets engagés.
Par contre, il en est tout autrement de Daewoo. La compagnie sud-coréenne a d'ores et déjà annoncé qu'elle allait " revoir ses investissements ", et étant donné qu'Andry Rajoelina a fait de la dénonciation de ce projet un élément central de sa mobilisation, l'avenir de ce projet demeure très incertain.
ST : L'armée peut-elle se révéler déterminante dans l'issue de la crise ?
MP : Le 26 janvier, le jour du " Black Monday [16] ", un commandant de l'EMMONAT [17] a déclaré que l'idée d'un Directoire Militaire était d'un autre temps et que l'armée à Madagascar n'avait rien à voir avec les armées que l'on trouve ailleurs en Afrique.
Derrière cette volonté de se différencier d'un continent dont une partie de la population refuse la filiation [18] il y a une réalité. L'armée malgache a une tradition légaliste. Même entre 1972 et 1975 où le pays s'en est remis à l'armée pour stabiliser le pays [19], il n'y a pas eu de coup d'Etat. En 1991 et en 2002, elle a été mis face à ses responsabilités et n'a jamais dépassé les limites autorisées par un Etat de droit. Lors de la crise de 1991, des coups de feu ont été tirés sur la foule mais par la garde présidentielle. Il y a également eu quelques mutineries, notamment sur l'île de Diego-Suarez.
Cela ne veut pas dire pour autant que l'armée ne joue aucun rôle, bien au contraire. Je la qualifierai de force de dissuasion en raison de la menace qu'elle fait peser. Chaque camp sait qu'il devra se soumettre à son bon vouloir. En 2002, le ralliement des forces réservistes à Marc Ravalomanana a pesé dans le rapport de force. Elle est pour le moment neutre, mais ça ne durera peut-être pas éternellement… L'armée connaît de très profondes divisions et les déclarations contradictoires se multiplient. Tandis que certains militaires ont récemment émis la possibilité que l'armée " prenne ses responsabilités " en imposant un régime de transition, d'autres commandants ont réaffirmé l'attachement à la légalité constitutionnelle. Jusqu'à présent, les appels d'Andry Rajoelina n'ont jamais reçu de réponse au sein de l'armée.
Ces divisions sont le résultat de la politique du Président Ravalomanana. Celui-ci s'est toujours méfié de l'armée et il s'est mis à dos une partie de celle-ci en raison des réformes qu'il a engagées. Il considère que l'insularité de Madagascar la protège des ingérences extérieures et il souhaite de ce fait cantonner l'armée à un rôle d'intervention humanitaire et de sécurisations des zones rurales. A terme, son ambition est de transférer les missions traditionnelles de l'armée à la police. Il s'est donc mis définitivement à dos une frange de l'armée et c'est, je pense, en partie pour cela qu'il a nommé Charles Rabemananajara [20] à la primature en janvier 2007. Bien que n'ayant pas une influence déterminante sur l'armée, c'est un Général qui possède des soutiens au sein de celle-ci.
Durant la première semaine de troubles, le Président a remplacé le chef d'état major de la gendarmerie après que celui-ci ait adressé publiquement quelques critiques " aux hommes politiques " qui ne prennent pas leur responsabilité. De son côté, Andry Rajoelina a tenté d'exploiter cette faille en s'attirant les bonnes grâces d'une partie de l'armée. Pour ce faire, il a pris début janvier comme directeur de cabinet Dollin Rasoloa, un Général en retraite que certains présentent comme ayant été proche de Ratsiraka. En réalité, il avait été promu par Albert Zafy [21] et c'est Didier Ratsiraka qui l'avait remplacé.
ST : La crise peut-elle prendre l'ampleur de celle qui a traversé le pays en 2002 ?
MP : Je ne crois pas, et ce pour plusieurs raisons. D'une part, en 2002, la situation à Madagascar s'apparentait à un fédéralisme non avoué, où les Provinces autonomes [22] étaient divisées entre fidélité au Président, disposant de la légalité constitutionnelle [23], et soutien au Maire de Antananarivo bénéficiait de la légitimité populaire. Le second menait la fronde depuis Tana dont il avait le contrôle tandis que le second résistait tant bien que mal depuis son fief, la province de Toamasina. Pendant de longs mois, la capitale a été coupée physiquement par des barrages qui empêchaient les ravitaillements. Petit à petit les Provinces ont rejoint le Maire de la capitale et Didier Ratsiraka a été contraint de partir.
Nous sommes très loin d'une telle configuration, tout d'abord parce que les Régions sont actuellement toutes hostiles au Président en exercice. Les dernières élections municipales l'ont démontré. Néanmoins, si le mouvement en province reste embryonnaire, c'est en grande partie parce qu'à la suite des municipales de décembre 2007, la nomination par le président d'un certain nombre de PDS (Président de Délégation Spéciale) en remplacement des maires de certaines communes côtières lui ont permis de garder la main [24]. Ces PDS contrôlent donc certaines municipalités, les autres sont dirigées par un maire TIM [25] élu, ou par un maire d'opposition mais dont les prérogatives ont été amputées par les Chefs de Région nommés (également de manière transitoire avait-il promis) par le Président.
Malgré tout, ce contrôle administratif reste très précaire pour le Président. Des soulèvements sporadiques en province laissent craindre un possible embrasement. A Mahajanga, des manifestants ont tenté de renverser le Maire, élu TIM mais ont dû rebrousser chemin en raison de la présence de l'armée dans la Mairie. Il en fut de même à Manakara, dans le Sud-est, où le Ministre de l'Economie a dû fuir précipitamment après que son avion ait été brûlé par la population. A Nosy-Be, le Président de la République, en visite, a dû partir dans une voiture de police. A Tamatave et à Mahajanga, à Toliara ou Fianarantsoa, des barrages se sont formés, des manifestations se sont organisées. Si les provinces venaient à se ranger derrière le Maire, je ne vois pas comment le Président pourrait tenir sur le long terme.
Ensuite, la crise de 2002 avait pris une dimension ethnique après que le Maire Merina et le Président côtier aient attisé les braises des différences communautaires. A l'inverse, la crise actuelle faisait sourire les populations côtières durant les premiers jours puisqu'elle opposait deux Merina. Mais le clivage Côtiers/Hauts-Plateaux pourrait renaître dans l'hypothèse où la médiation actuelle laisse de côté les populations côtières. Il est peu probable que ces derniers laissent deux Merina présider seuls à la destinée de la Nation.
Enfin, la dernière différence, et qui est à mon sens majeure, c'est que Andry Rajoelina ne peut pas revendiquer la même légitimité que Marc Ravalomanana en 2002. Celui-ci était sorti en tête du premier tour avec 46% et avait accusé le Président de lui avoir volé sa victoire dès le premier tour en fraudant. Il avait donc indéniablement la légitimité du peuple lorsqu'il a appelé celui-ci à se mobiliser. De surcroît, Ratsiraka était au pouvoir depuis 1975 et le processus de délégitimation de celui-ci était déjà considérablement entamé. Andry Rajoelina, à l'inverse, ne dispose d'aucune légitimité démocratique pour prétendre destituer le Président de la République, et il est donc accusé par certains de reproduire ce qu'il reproche au Président Ravalomanana : le non respect de la Constitution. D'autant que Ravalomanana avait plus de 40 ans et pouvait donc prétendre à la Présidence, ce qui n'est pas le cas d'Andry Rajoelina, qui a seulement 34 ans. Celui-ci s'est donc coupé d'une partie de la population. Par ailleurs, si le Président Ravalomanana a perdu la confiance d'une bonne partie de la population, il dispose encore indéniablement d'un certain crédit et peut présenter un bilan économique que certains qualifieront d'honorable. Nous l'avons vu le mercredi 11 février où le Président est parvenu à mobiliser plus de 30 000 personnes au stade Mahamasina.
La situation est donc bien différente de 2002. Malgré tout, si l'évolution de la crise sera à mon sens différente, les configurations de départ des deux crises sont similaires à plus d'un titre
ST : Quelles sont ces similitudes ?
MP : Certaines d'entre elles ont déjà été soulevées dans la presse. La plus évidente de toutes est qu'en 2002 Marc Ravalomanana était dans la position d'Andry Rajoelina, puisqu'il était Maire d'Antananarivo quand il s'est opposé au Président en exercice, Didier Rastiraka. L'histoire se retourne contre lui. Mais la ressemblance va plus loin. Les qualités que l'on reconnaissait volontiers à Marc Ravalomanana peuvent être attribuées à Andry Rajoelina aujourd'hui : jeune, dynamique, à l'esprit entrepreneurial, faisant constamment appel à la religion lors de ses prêches politiques, introduisant ses discours d'une messe… On justifiait trop rapidement cette similarité en expliquant que Ravalomanana était empreint d'une éthique protestante et d'un goût pour le modèle américain. Or, Rajoelina est catholique (après avoir reçu une éducation protestante il faut le rappeler) et il n'a pas de tropisme américain particulier.
Last but not least, une homologie essentielle est la manière dont le mouvement de soutien à Ravalomanana s'est constitué en 2002. Quelques mois avant les élections présidentielles de décembre 2001, personne ne voyait en lui un candidat sérieux. Mais dès lors que ses ambitions ont été clairement affichées et qu'il a engrangé quelques soutiens, il a incarné un espoir de changement. Une formule éprouvée résume fréquemment cette élection : les malgaches n'ont pas élu Ravalomanana, ils ont voté contre Ratsiraka. On retrouve ce schéma aujourd'hui. Le mouvement emmené par Rajoelina est syncrétique, composé de déçus du régime de Ravalomanana, d'hommes d'affaires concurrencés par Tiko, et de toute une série de partis d'opposition historiques dépourvus de légitimité à Madagascar parce que représentant l'archaïsme. Ceux-ci ont vu dans Andry Rajoelina une fenêtre d'opportunité dans laquelle s'engouffrer.
Pour reprendre la formule précédente, je résumerais la situation actuelle en ces termes : les malgaches ne soutiennent pas Rajoelina, mais ils s'opposent au Président Ravalomanana. Finalement, personne ne sait grand-chose sur Rajoelina. Par conséquent, sans cette adhésion, qui peut garantir aujourd'hui que Rajoelina ne soit pas une version immaculée du Président actuel ? La première décision d'Andry Rajoelina lorsqu'il est arrivé à la mairie de " Tana " fut de suspendre les autorisations des sociétés publicitaires pour installer les panneaux publicitaires de sa société, Injet. Du Ravalomanana dans le texte, même si cette décision fut justifiée par l'interdiction de ses panneaux par le précédent Maire de Tana en 2003…
L'incertitude qui plane autour des compétences et de la personnalité de Rajoelina explique pour partie le relatif tassement de son mouvement. L'incertitude sur la valeur de Rajoelina préfigure-t-elle les désillusions de demain ? Il est urgent que Madagascar choisisse une personnalité plutôt que de reporter sans arrêt leurs espoirs déçus sur le premier qui peut faire office d'homme providentiel.
ST : Pouvez-vous nous en dire davantage sur l'entourage d'Andry Rajoelina ?
MP : Il est particulièrement intéressant de constater que depuis qu'il s'est proclamé Président d'une Haute Autorité de Transition, il a nommé un gouvernement de transition composé uniquement de personnes de second plan, mais dont la fidélité ne fera sans doute pas défaut. Il a ainsi nommé Monja Roindefo [26] comme Premier Ministre et Michèle Ratsivalaka [27] à la Mairie de " Tana " depuis qu'il en a lui-même été destitué, Benja Razafimahaleo comme Ministre des Finances [28] ou bien encore Ny Hasina Andriamanjato [29] comme Ministre des Affaires Etrangères. Il s'agit là de son premier cercle, auquel il faut rajouter certains fidèles de son entourage, comme Elya Ravelomanantsoa [30] ou Alain Ramaroson [31], qui se sont vus tous les deux floués par Tiko dans leurs affaires.
Il faut en effet rappeler que le Président est également Président d'Honneur de Tiko, entreprise agroalimentaire fondée au milieu des années 1970, qu'il a transformée en véritable conglomérat à la faveur de sa position à la tête de l'Etat. De nombreux autres opérateurs économiques ont été lésés par l'Empire Tiko.
Le Maire d'Antananarivo a donc préféré s'entourer de personnalités qui ne risquent pas de le doubler. Et c'est précisément pour cela que son entourage direct ne compte aucun des opposants historiques qui ont soutenu la démarche d'Andry Rajoelina au mois de décembre 2008, qu'il s'agisse de Roland Ratsiraka [32], neveu de l'ancien Président Didier Ratsiraka, de Jean Lahiniriko [33], ou de Pascal Rakotomavo [34].
La seconde particularité de son gouvernement est qu'il est représentatif de la diversité géographique malgache. Il a pris de soin de prendre comme Ministre des figures côtières, afin de montrer aux provinces qu'il les prend en considération. Ainsi, le Ministre de l'Education Nationale, Julien Razafimanjato, est originaire de la Région Diana, le Ministre du commerce J-C Rakotonirina, de la Région Vatovavy Fitovianany et surtout Monja Roindefo est une figure du grand sud et tout particulièrement de Toliara. Le clivage Hauts-Plateaux / Côtiers étant toujours susceptible de resurgir dans les périodes d'instabilité, cette précaution du Maire d'Antananarivo est importante. Par la même, il se démarque de Marc Ravalomanana qui a été accusé par les provinces de " méréniser " [35] le pouvoir malgache, et ce particulièrement depuis qu'il a nommé un Merina protestant, Charles Rabemananjara, à la primature en lieu et place d'un métisse Côtier catholique [36], Jacques Sylla [37]. Il a ainsi rompu le pacte non écrit qui veut qu'un Président Côtier nommé un Premier Ministre Merina, et vice-versa.
Enfin, Andry Rajoelina s'est entouré de militaires, en premier lieu le Général à la retraite Dollin Rosoloa qui fut son directeur de cabinet à la Mairie d'Antananarivo, et les Généraux Blake et Organes qui servaient sous Marc Ravalomanana. Ils doivent de ce fait avoir une influence sur certaines franges de l'armée malgache.
ST : Quel a été le rôle de la France durant la crise ? On se souvient qu'en 2002 elle avait soutenu Didier Ratsiraka.
MP : Oui et je peux vous garantir que c'est une erreur qu'elle regrette aujourd'hui amèrement. Elle a indéniablement appris de cette leçon et adopte à la fois une retenue l'exonérant de toute ingérence supposée et une neutralité totale dans ses interventions. Il est intéressant de constater à cet égard que le Ministre de la Coopération, Alain Joyandet, a engagé une médiation dans le cadre de la Commission de l'Océan Indien (COI) et non à titre bilatéral. Durant la première semaine de crise, le Maire d'Antananarivo comme le Président de la République ont multiplié les déclarations se prévalant du soutien de la France. Le Président Ravalomanana a par exemple dit que la France allait intervenir pour le soutenir, et que c'était à la demande de Bernard Kouchner que le Président avait lancé des mandats d'arrêt contre Roland Ratsiraka et Dolin Rasoloa. Tout ceci a été démenti catégoriquement par l'Ambassade de France.
Le paradoxe est que jusqu'à maintenant, le Président de la République n'avait eu de cesse de critiquer la France en la rendant responsable des maux que le pays connaissait, en jouant sur la verve nationaliste des malgaches. Un tel revirement est donc très étonnant, et ça ne veut pas du tout dire que le soutien de la France est précieux pour faire pencher la balance…
ST : Pourtant, le Président de la République s'en est pris à la France
MP : Oui, c'est vrai. Il y avait comme un rituel du printemps qui s'accomplissait depuis 2005. En 2005, Olivier Peguy, correspondant de RFI, était expulsé. En 2006, Christian Chadefaux, correspondant de Libération, était expulsé. Et ce fut le tour en 2007 de Sylvain Urfer, prêtre jésuite présent à Madagascar depuis 33 ans, une figure de la société civile malgache. En 2008, cette fois un mois après la fin du printemps, c'est l'Ambassadeur Gildas Le Lidec qui annonçait son départ après que le Président malgache ait signifié au Président français son refus de cette nomination [38].
Les raisons de cette réelle aversion pour la France sont à chercher en partie dans l'éducation du Président (Protestant ayant fait ses études en Norvège et en Allemagne) qui le détourne complètement de l'ancienne puissance coloniale. Il a par exemple maintes fois rappelé qu'il n'était pas né en 1947 et qu'il se sentait totalement étranger à la répression sanglante qui a touché le peuple malgache cette année là [39]. Enfin, Ravalomanana est Merina et il fait partie de la frange la plus nationaliste des Merina, dont il faut rappeler que la monarchie a été abolie en 1895 après que la France ait mis fin au régime de Ranavalona III. Un mouvement comme Valin-Kitsaka [40], composé de nationalistes Merina, voue un véritable culte à Ranavalona I, symbole de cette monarchie Merina du XIXème siècle, et appelle à une nouvelle décolonisation qui expulserait à la fois les étrangers mais aussi les côtiers, complices des colons. Le Président malgache ne fait pas partie de ce mouvement mais s'en rapproche à certains égards. Il suffit de lire les chroniques de " Gérard C " dans Le Quotidien [41], le journal appartenant au groupe MBS du Président malgache, pour s'en convaincre. En tout dernier lieu, il ne faut pas oublier que la France a attendu le mois d'août pour reconnaître Ravalomanana en 2002, après les Etats-Unis et l'Allemagne notamment. Cette nouvelle trahison n'a fait qu'accroître son ressentiment à l'égard de la France.
Il y a enfin une raison tout à fait légitime, qui est simplement de vouloir ouvrir son pays à l'étranger. On l'a souvent présenté comme ayant un tropisme américain, mais il s'agit davantage d'un souci d'intégrer Madagascar dans la mondialisation et donc de l'ouvrir à l'anglais. Aujourd'hui le regard du Président malgache porte vers l'Asie, la Chine en tête, mais aussi la Thaïlande, Singapour, la Malaisie…
ST : Quelles sont les pistes pour une sortie de crise ?
MP : D'après moi, toute sortie de crise potentielle ne pourra se faire que sur le modèle de la convention de Panorama en 1991. Celle-ci avait assuré une sortie honorable à Didier Ratsiraka en le laissant à la tête de l'Etat de manière honorifique tout en lui retirant toutes les prérogatives dont il jouissait.
Parier sur un tel scénario relève pour le moment de la gageure tant les deux protagonistes semblent lancés dans une course à la surenchère. Par ailleurs, la division du FFKM et les intérêts privés d'Andry Rajoelina comme de Marc Ravalomanana rentrent en ligne en compte et ne favorisent pas la recherche d'un consensus. Mais, si l'armée extrêmement divisée intervient ou si certains Ministres annoncent leur départ, le Président sera sans doute amené à reculer et à faire davantage de concessions. A ce moment là, une sortie de crise sur le modèle du Panorama peut sembler réaliste.
Ce qui m'apparaît certain c'est que la situation ne peut revenir à ce qui prévalait avant le 26 janvier. Le socle de légitimité du Président Ravalomanana est très largement érodé, et il y a fort à parier que si celui-ci se maintient au pouvoir, d'autres mouvements éclateront jusqu'aux prochaines élections présidentielles prévues fin 2011. A cet égard, depuis que Andry Rajoelina a nommé son gouvernement de transition, lequel ne compte aucun opposant historique [42], ces derniers ont commencé à se démarquer quelque peu d''Andry TGV', tout particulièrement en province. L'AREMA [43], qui conserve une très forte influence sur les côtes, a déjà tenté de mobiliser en Province, notamment à Tamatave, tout comme Albert Zafy. Le mouvement pourrait donc gagner en intensité en s'étendant aux provinces, mais perdre en cohésion. En outre, ces mobilisations risquent d'inciter Andry Rajoelina à davantage de fermeté dans ses négociations avec le camp présidentiel afin de ne pas se faire dépasser par ces franges de l'opposition.
A moyen terme doivent se tenir les Etats Généraux de la Démocratie et des valeurs Républicaines, organisés par les principales organisations de la société civile malgache dont le SEFAFI (Observatoire de la vie publique à Antananarivo) et le CONECS (Conseil Economique et Social). Ces Etats Généraux, initialement prévus à la fin février et repoussés aux 26, 27 et 28 mars 2009 en raison de la crise politique, sont destinés à publier une Convention Républicaine proposant de nouvelles orientations pour le pays.
[1] Andry Rajoelina a été élu Maire d'Antananarivo en décembre 2007, alors qu'il n'était âgé que de 33 ans. C'est un homme d'affaires, propriétaire du groupe VIVA et de la société publicitaire INJET, dont la gestion est confiée aujourd'hui à sa femme, Mialy. Andry Rajoelina est Merina et catholique.
[2] Marc Ravalomanana est Président de la Grande île depuis 2002. Il était auparavant maire d'Antananarivo. Agé de 59ans, il a été réélu en 2006 pour un mandat de 5 ans.
[3] Le FFKM (Fikambanan'ny Fiangonana Kristianina Malagasy, Conseil des Eglises Chrétiennes à Madagascar) réunit la FJKM (Fiangonan'i Jesoa Kristy eto Madagasikara, Eglise de Jésus Christ à Madagascar) représentant l'Eglise Réformée, l'ECAR (Eglise Catholique Apostolique Romaine), l'Eglise luthérienne et l'Eglise Anglicane.
[4] Ces organisations préparent des Etats Généraux de la Démocratie qui devront se tenir les 26, 27 et 28 mars 2009.
[5] Andry Rajoelina est sunommé " Andry TGV " en raison de son caractère fonceur. Il a par la suite crée un mouvement politique baptisé TGV.
[6] La garde présidentielle a fait feu sur la foule faisant, d'après le bilan officiel, 28 morts et 212 blessés. La fusillade est intervenue peu après un rassemblement sur la place du 13-Mai où M. Rajoelina réunit ses partisans autour d'une 'Haute Autorité de transition', censée à ses yeux remplacer le pouvoir en place.
[7] Raiamandreny en malgache renvoie à une autorité morale qui dispose de la sagesse.
[8] Le Fihavanana est une relation de solidarité fondée sur la parenté
[9] Voir à ce sujet : Urfer Sylvain, " Quand les Eglises entrent en politique ", Politique Africaine, n°52, Décembre 1993.
[10] Le Maire de Tana étant à l'époque un proche du Président, tout comme le préfet, la situation avait été verrouillée.
[11] Le Fokontany est la " cellule administrative de base " à Madagascar. Il équivaut au quartier.
[12] Les Merina sont l'ethnie majoritaire des Hauts-Plateaux, essentiellement à Antananarivo. Il s'agit de l'ethnie du Président, lequel a été accusé de privilégier l'accession des Merina à des postes à responsabilité.
[13] Telma a été la compagnie de téléphonie publique avant l'ouverture à la concurrence du marché du secteur des télécommunications en 2004.
[14] Le développement rapide et durable était le mot d'ordre de son MAP (Madagascar Action Plan).
[15] L'Observatoire de la vie publique à Antananarivo
[16] Ce jour-là, Andry Rajoelina fit un appel à la grève générale et organisa une manifestation à Antananarivo qui a dégénéré en pillages. Ces troubles se sont propagés à certaines régions de Madagascar. Les entreprises liées au président furent particulièrement visées.
[17] Etat-major Mixte Opérationnel National. Cet organisme chapeaute la gendarmerie, l'armée et la police.
[18] Une partie de la population malgache, en particulier celle des Hauts Plateaux considère que Madagascar ne fait pas partie de l'Afrique. Les origines indo malaises de ces populations des Hauts Plateaux, en particulier l'ethnie Merina, confirment cette idée. Toutefois, les avis sont plus nuancés parmi les populations côtières.
[19] En 1972, le Général Gabriel Ramanantsoa fut appelé à prendre la suite du Président de la République Philibert Tsiranana, avant de confier le pouvoir au colonel Richard Ratsimandrava en 1975. Son assassinat quelques jours plus tard ouvrira la voie à un Directoire militaire qui élit Didier Ratsiraka à la tête du pays.
[20] Charles Rabemananajara est l'ancien directeurde cabinet de Marc Ravalomanana, nommé 1er Ministre et Ministre de l'Intérieur en janvier 2007.
[21] Albert Zafy fut Président de Madagascar de 1993 à 1997. Il est aujourd'hui le leader d'une plate forme d'opposition, le CRN.
[22] Devenu Président, Marc Ravalomanana supprima les provinces afin de mieux contrôler le territoire.
[23] La Haute Cour Constitutionnelle affirmait que Marc Ravalomanana n'avait pas la majorité absolue lui permettant d'être élu Président au 1er tour de l'élection présidentielle. Didier Ratsiraka était donc encore Président au sortir du premier tour.
[24] Il avait alors déclaré que cette mesure était transitoire, le temps de réorganiser de nouvelles élections.
[25] Le TIM est le parti crée par Marc Ravalomanana
[26] Monja Roindefo est un chef d'entreprise côtier disposant d'une faible visibilité politique, en dépit de sa candidature aux élections présidentielles de 2006. Il est le fils d'une figure nationaliste des années 1980 et appartient au même mouvement politique que son père, le MONIMA.
[27] Michèle Ratsikalava était Secrétaire Général de la Communauté Urbaine d'Agglomération de Tananarive lorsque Andry Rajoelina était Maire. C'est une fidèle de ce dernier.
[28] Benja Razafimahaleo est le fils d'Herizo Razafimahaleo, ancien chef du partir politique Leader Fanilo et figure de l'opposition, décédé en 2008.
[29] Ny Hasina Andriamanjato est le fils du Pasteur Richard Andriamanjato, leader de l'AKFM.
[30] Elya Ravelomanantsoa est une femme d'affaires influente à Antananarivo. Elle s'était présentée aux élections présidentielles de 2006.
[31] Alain Ramaroson est le leader du parti MASTERS. Il est le frère d'André Ramaroson, Président du CONECS et également proche d'Andry Rajoelina.
[32] Roland Ratsiraka a été maire de Toamasina. Il a réalisé 10% des suffrages lors des élections présidentielles de 2006 avant d'être emprisonné pour une affaire de corruption.
[33] Jean Lahiniriko, dirigeant du PSDUM fut Président de l'Assemblée Nationale durant le premier mandat de Marc Ravalomanana (2002-2006). Il a réalisé 11% des suffrages lors des élections présidentielles de 2006.
[34] Pascal Rakotomavo a été Premier Ministre de Didier Ratsiraka et est depuis une figure de l'opposition au régime de Marc Ravalomanana.
[35] La Mérénisation consiste à placer aux postes à responsabilité des personnalités de l'ethnie majoritaire des Hauts Plateaux, à savoir les Merina.
[36] Les côtes sont majoritairement catholiques et la capitale malgache majoritairement protestante. Cette dichotomie se superpose plus ou moins sur celle distinguant les ethnies côtières des Merina.
[37] Jacques Sylla a été Premier Ministre de 2002 à 2007 et est aujourd'hui Président de l'Assemblée Nationale.
[38] Depuis que Gildas le Lidec est parti, l'Ambassade de France n'a pas d'Ambassadeur et elle est dirigée par la chargé d'affaires Marie-Claire Gérardin.
[39] L'année 1947 restera comme l'une des plus sanglantes de l'Histoire de Madagascar, après qu'un mouvement indépendantiste de l'île fut maté pendant plusieurs mois.
[40] Voir à cet égard http://users.cwnet.com/zaikabe/merina/valy_1.htm. Il est né suite à l'incendie du Palais de la Reine en 1995, symbole de la monarchie Merina.
[41] www.lequotidien.mg
[42] Le PSDUM de Jean Lahiniriko, le CRN d'Albert Zafy, l'AREMA de Pierre Houlder, ou le DHD d'Harinaivo Rasamoelina.
[43] L'AREMA est le parti fondé à l'origine par Didier Ratsiraka. Il est aujourd'hui dirigé à Madagascar par Pierre Houlder et son secrétaire Général est Pierrot Rajaonarivelo, ancien Vice-Premier Ministre de Ratsiraka.
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